Suite de notre sondage exclusif Polimonitor, dont le 2e volet s'intéresse aux principales inquiétudes des Luxembourgeois et à leur évaluation du travail effectué par le gouvernement.

Les années se suivent et une partie des problèmes restent. En 2024, les Luxembourgeois sont formels: le logement reste leur principale inquiétude.

Selon le dernier sondage Politmonitor réalisé par Ilres, pour RTL et le Luxemburger Wort, la question de l'accessibilité au logement représente le problème le plus insoluble du Luxembourg. C'est d'ailleurs un des seuls dont l'importance n'a pas beaucoup diminué.

Aujourd'hui, trois personnes sur quatre (73% des personnes sondées) en font leur inquiétude n°1. C'est à peine moins que lors de l'étude précédente, en novembre 2022 (75%).

La crise du logement constitue justement un problème aux formes changeantes. Tantôt inaccessible car devenu trop cher, le marché ferme maintenant ses portes au plus grand nombre... car il est trop cher et infinançable. Avec la hausse des taux, les revenus nécessaires pour financer un achat au Luxembourg crèvent le plafond: il faut des revenus hors norme pour s'offrir une maison à 1,5 million d'euros. Et la baisse des prix constatée en 2023 n'y a pas changé grand-chose, tant les taux sont élevés.

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© Maxime Gonzales / Archives RTL

Revenus et inégalités, la crainte est toujours là

Le logement masque une réalité contrastée pour la population, dont les autres inquiétudes sont les inégalités sociales (56%), la mobilité (51%) et la hausse des prix (50%).

S'il y a du mieux sur le pouvoir d'achat, c'est en partie dû à la détente des prix. L'inflation au Luxembourg est une des plus faibles d'Europe. Grâce, entre autres, à la réaction du gouvernement lors des tripartites des années 2022 et 2023.

Le nouveau gouvernement doit lui justement s'occuper des inégalités entre riches et pauvres. Au-delà du coût de la vie, l'imposition des particuliers et les aides promises pour le logement font partie des réformes les plus attendues.

La mobilité, le problème de fond

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© Kevin Reitz / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

La mobilité reste un souci du quotidien, pour les Luxembourgeois comme les frontaliers. Entre leur travail et leurs trajets, les résidents consacrent à leur emploi près de 49h chaque semaine. Contre un peu plus de 53h pour les frontaliers.

Le temps perdu dans les déplacements est justement source d'inquiétude pour les travailleurs... et leurs patrons: les trajets pourraient faire fuir les employés du Luxembourg. Sans parler de l'inconfort (routes saturées, transports en commun bondés) et du stress qui en découlent.

Évidemment, Rome ne s'est pas construite en un jour, pourra-t-on rappeler. Le Luxembourg a lancé de grands chantiers (tram à Luxembourg-ville, élargissement de l'autoroute A3, couloir multimodal sur l'A4, doublement de la ligne ferroviaire Bettembourg-Luxembourg, nouveaux parkings et rames CFL...).

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Les inquiétudes à ne pas négliger

Bien que mentionnés par moins de la moitié des personnes interrogées, plusieurs sujets restent importants. Dont deux notamment, qui ont dégringolé: l'envolée des prix de l'énergie (47%, -19 points de pourcentage) et les conséquences du changement climatique (45%, -12). Les prix de l'énergie ont été maîtrisés par la tripartite tandis que les prix des carburants sont (en partie) retombés après leur envolée de 2022. Le moindre intérêt pour l'écologie s'est lui traduit dans les urnes en octobre 2023, avec la défaite des Verts aux élections législatives.

Le vivre-ensemble (47%) reste également un sujet délicat au Luxembourg. La récente interdiction de la mendicité dans la capitale en étant le débat le plus parlant.

La montée des mouvements d'extrême droite (46%), visible dans plusieurs pays européens, reste un sujet de préoccupation pour les Luxembourgeois. Comme la pérennité du système des retraites, sujet de plus en plus évoqué et que le gouvernement a intégré à ses pistes de travail. Car les projections sont peu réjouissantes: à partir de 2027, le Luxembourg dépensera plus d'argent pour les pensions qu'il n'en récolte grâce aux cotisations.

Pêle-mêle, citons encore l'équité fiscale (41%), la sécurité, l'équité du système scolaire et le recul de la langue luxembourgeoise (39%). Ainsi que la progression des maladies mentales dans la société, les conséquences de l'intelligence artificielle (c'est une nouveauté dans le Politmonitor), la sécurité au travail, la situation économique et l'approvisionnement énergétique du pays (en régression).

Le gouvernement fait-il du bon travail?

En place depuis un peu plus de cinq mois, le gouvernement semble avoir pris un bon départ. À ce stade, 56% des sondés considèrent que la coalition CSV-DP fait du bon travail. Contre 28% d'avis négatifs et 16% des personnes interrogées qui ne se prononcent pas. C'est tout de même moins que el score récolté par la précédente coalition (68% en juillet 2023).

Politmonitor, volet 1 - Sondage exclusif: Voici les politiciens préférés des Luxembourgeois

* Le sondage Politmonitor a été réalisé au Luxembourg par Ilres, pour RTL et le Luxemburger Wort, auprès de 1.007 Luxembourgeois, entre le 4 et le 14 mars.