Après le débatLe budget pour l'an prochain a été adopté par la Chambre

RTL Lëtzebuerg
traduit pour RTL Infos
Le projet de budget pour 2026 a été adopté avec 34 voix pour et 25 contre mercredi en fin d'après-midi, après avoir été débattu par les députés.
© Flickr / Chambre des Députés

“Matenee Wuessen”, “Croître ensemble” : telle est la devise du budget 2026, qui a été débattu mercredi matin à la Chambre. Un budget avec des “investissements records”, tant pour la stabilité, que la durabilité et les perspectives, selon le ministre des Finances, Gilles Roth. L’inflation s’est stabilisée depuis cette année et le chômage est en légère baisse. Même si les indicateurs pointent une croissance économique, il faut continuer à investir pour la maintenir.

Le projet de loi sur la réforme fiscale envisagée n’a pas encore été déposé, mais selon le ministre des Finances, l’impact brut de cette réforme sur l’Administration centrale est estimé à environ 800 millions d’euros pour 2028. D’autres dépenses concernent les mesures de soutien pour compenser le coût de l’énergie (environ 150 millions d’euros) ou des investissements de modernisation (500 millions d’euros). Un poste budgétaire majeur reste le logement : 42 % des dépenses fiscales sont consacrés à la construction de logements, notamment via le programme d’acquisition VEFA, les subventions de loyers et d’intérêts, ainsi que du “Bëllegen Akt”, pour lesquels 353 millions d’euros sont prévus. Les autres postes budgétaires importants sont les mesures sociales, la défense, la santé et l’éducation.

Il ne s’agit pas seulement d’investir davantage, mais aussi de poursuivre les allègements fiscaux : “Plus de net par rapport au brut” reste une priorité, a expliqué Gilles Roth. Cela concerne les particuliers, par exemple via des déductions fiscales pour ceux qui souhaitent travailler plus longtemps. Mais aussi la place financière, qui sera renforcée par une fiscalité réduite : par exemple, la taxe d’abonnement sur les ETF gérés activement a été supprimée cette année, et une imposition plus attractive est prévue pour la participation des gestionnaires de fonds à une bonne performance des fonds. En 2027, l’impôt sur les sociétés devrait encore être abaissé.

Davantage d’investissements, mais aussi des allègements fiscaux pour la place financière : la question se pose de savoir si l’équation tiendra. Même si un déficit de 1,2 milliard d’euros est prévu pour 2025 et de 1,49 milliard pour 2026, ces déficits seraient nettement plus faibles que ce qui avait été anticipé en 2023. La règle du déficit maximal de 3 % pourra également continuer à être respectée confortablement. Le gouvernement s’attend à des recettes supplémentaires grâce à une bonne dynamique de la TVA, ainsi qu’à l’impôt sur les salaires et les revenus. En 2027, le Luxembourg devrait afficher la dette publique la plus basse de la zone euro. Avec 27 %, le pays resterait en dessous du seuil de 30 %. Le ministère des Finances estime donc avoir la dette sous contrôle.

Les réactions des partis de la coalition au budget 2026

Pour le CSV, le budget tient compte de la situation actuelle

Après le discours du ministre des Finances, Gilles Roth, le nouveau président du groupe parlementaire CSV, Laurent Zeimet, a pris la parole. Pour Laurent Zeimet, le projet de budget “tient compte de la situation économique et sociale du pays et de son environnement” et renforce la cohésion sociale. Le gouvernement investit dans l’avenir tout en maintenant la dette publique à un niveau raisonnable. Et cela à une époque “où les inégalités sociales, le changement climatique, les prix de l’énergie et les crises internationales sont de plus en plus étroitement liés”. Le budget est aussi “le reflet de notre responsabilité, non seulement envers les citoyens d’aujourd’hui, mais aussi envers les générations qui nous succéderont”. Avec ce budget, l’accord de coalition entre le CSV et le DP “continue d’être appliqué”.

Pour le CSV, le budget 2026 donne une orientation claire : il protège “les plus faibles de notre société” grâce à “des mesures sociales ciblées et plus efficaces”. Il “renforce la pérennité du pays par des investissements élevés dans les infrastructures, l’éducation, l’environnement, la numérisation et l’innovation”. Et il “associe responsabilité sociale, économique et écologique”, a ajouté Laurent Zeimet. En outre, le budget “maintient la dette publique stable par rapport à notre puissance économique” et, comme déjà mentionné, agit “pour les générations futures”.

Le groupe CSV votera donc en faveur du budget 2026.

Pour le DP, l’humain est au centre du budget 2026

Gilles Baum, président du groupe parlementaire DP, a souligné la responsabilité que le gouvernement porte avec le budget pour les citoyens. L’humain est au cœur des préoccupations. Le budget porte une signature sociale-libérale.

Le député DP est surtout revenu sur le premier Plan national de lutte contre la pauvreté. Ce plan prévoit plus d’un milliard d’euros et 106 mesures. Ainsi les allocations familiales augmenteront en 2027, de 45 euros pour les plus jeunes enfants et de 60 euros pour les enfants de plus de 12 ans. Une revendication majeure était de faire en sorte que l’aide parvienne aux personnes qui en ont besoin et d’automatiser davantage son versement.

Le budget 2026 ne prévoit pas non plus d’économies sur le logement. D’après Gilles Baum, diverses mesures seront prises simultanément pour redresser la situation dans ce secteur.

Un autre point important du discours du chef du groupe libéral concernait la défense. Des investissements sont réalisés sur de nombreux plans, ce qui représente un changement de paradigme. L’Europe doit désormais assumer ses responsabilités et investir dans sa propre défense.

Les réactions de l’opposition au budget 2026

Le LSAP met en avant d’autres priorités politiques

Le LSAP et sa chef de fraction Taina Bofferding ne partagent pas l’analyse du gouvernement.

Les socialistes ont d’autres priorités politiques. “Nous mettons l’accent sur le social, la justice, la durabilité et le progrès”, a déclaré Taina Bofferding.

Le LSAP ne s’accroche pas, comme le gouvernement CSV-DP, à l’ancien modèle de croissance, au “mantra de la croissance”. La croissance est importante, mais elle ne doit pas être la seule boussole ni la “panacée”. Leur parti garde l’humain au centre. L’argent seul ne suffit pas, il faut aussi bien l’utiliser.

Taina Bofferding regrette l’absence de propositions pour le contre-financement : “D’où viendra l’argent ?”, a demandé la présidente du groupe socialiste. Où ira-t-on chercher de nouvelles recettes ? Là-dessus, il n’y a pas de réponses de la part du gouvernement.

Le LSAP ne votera pas le budget.

Pour l’ADR, les problèmes ne sont que repoussés

L’ADR et Fred Keup ne sont pas non plus d’accord avec le budget CSV-DP, car les problèmes ne seront pas résolus, mais reportés sur la prochaine génération.

Qui paiera tout cela et où est l’influence du CSV ?”, a demandé le chef de fraction ADR, Fred Keup. Car la dette va augmenter et cela ne correspond pas à une politique typique du CSV. Il manque également un plan pour réduire la dette. C’est un budget de l’instabilité et des extrêmes, en l’occurrence des “dettes extrêmes”.

Pour Fred Keup, le problème majeur est la croissance de la population, la “croissance turbo”. Il faudrait absolument empêcher que nous continuions à croître ainsi. Il faudrait rendre les systèmes sociaux indépendants de la croissance. La croissance démographique et les problèmes qui en découlent ne doivent pas être minimisés, a souligné le président de la fraction ADR.

Les Verts : le budget ne fera que sauver le Luxembourg jusqu’aux prochaines élections

Dans son discours, la députée écologiste Sam Tanson a reproché au ministre des Finances un manque de transparence. Avec ce budget et le plan pluriannuel, on ne peut exclure que le Grand-Duché connaisse dans quelques années de graves problèmes financiers. Cela tient surtout au fait que des postes budgétaires importants, comme la réforme fiscale, ne figurent pas dans le plan pluriannuel. Même des dépenses comme celles de défense n’y sont pas inscrites : on ne regarde que les deux à trois prochaines années. Ce n’est pas une projection honnête vers l’avenir. Selon Sam Tanson, avec un horizon aussi court, on ne peut pas renforcer le Luxembourg pour l’avenir. Avec ce budget, le gouvernement se contente de sauver le pays jusqu’aux prochaines élections. Les Verts attendaient plus de rigueur de la part du ministre des Finances, Gilles Roth.

Concernant les recettes et les contre-financements, les Verts ont également critiqué le gouvernement. Ils reprochent au ministre des Finances de ne pas proposer les solutions durables nécessaires pour sécuriser les finances à long terme et éviter le déficit structurel.

Pour le Parti pirate, les dépenses ne sont pas basées sur des prévisions réalistes

L’intervenant suivant dans le débat budgétaire, Sven Clement des Piraten, n’a pas ménagé ses critiques envers le gouvernement. Selon lui, le budget ne présente aucune vision pour le Luxembourg : les dépenses ne sont pas basées sur des prévisions réalistes, ce qui met en danger la santé des finances publiques.

Même si le gouvernement a récemment présenté son plan contre la pauvreté, Sven Clement estime que des mesures concrètes manquent dans ce budget, car la plupart des mesures contre la pauvreté ne sont prévues que pour le prochain budget. La lutte contre la pauvreté n’est donc pas une véritable priorité pour le gouvernement. Les prestations sociales devraient également être rendues plus accessibles et efficaces. Sven Clement critique aussi la hausse prévue de la taxe CO2 : bien qu’il soit important d’introduire des mesures contre le changement climatique, celles-ci ne doivent pas frapper uniquement les plus vulnérables.

Selon déi Lénk, le gouvernement n’est pas tout à fait honnête concernant la part consacrée aux mesures sociales

Les temps n’ont jamais été calmes et le monde n’était pas meilleur avant qu’aujourd’hui, mais la situation internationale est malgré tout toujours utilisée comme prétexte pour justifier des décisions”, a déclaré David Wagner, élu de déi Lénk mercredi après-midi dans le cadre du débat budgétaire à la Chambre.
Le budget pour l’année prochaine n’est en tout cas pas une grande avancée, mais cimente le statu quo. Le gouvernement CSV-DP ment en affirmant que près de la moitié du budget est consacrée à des mesures sociales, alors qu’en réalité il ne s’agit “que” de 36 %. Cette différence s’explique notamment par le fait que le gouvernement considère, par exemple, des fonds destinés à l’Ukraine comme une mesure sociale.

Le potentiel du Luxembourg ne réside pas dans le gouvernement, mais dans la population. Et ce avant tout parce que 56,8 % des habitants ont moins de 30 ans. Mais les capacités de ces jeunes ne sont pas suffisamment prises en compte sur le marché du travail, et ils ont beaucoup de difficultés à s’imposer sur le marché du logement. L’époque où l’on pouvait louer un logement avec son premier CDD après l’école est révolue, car les propriétaires exigent de plus en plus de garanties.

David Wagner a également critiqué le fait que le marché privé, non seulement, ne résout pas la situation, mais l’aggrave encore. C’est pourquoi c’est une erreur que l’État soutienne les promoteurs privés. Il faudrait plutôt aller vers l’achat massif de VEFA.

Concernant la mobilité, le député de la Gauche a demandé de poursuivre le développement des transports publics. Pour la garde des enfants, il faut des crèches publiques, au lieu de soutenir des crèches privées avec des chèques-services. Il est évident que les riches doivent être davantage imposés et que les failles fiscales doivent être fermées. Enfin, sans surprise, il a annoncé que déi Lénk voterait contre le budget.

Le budget a été adopté mercredi en fin d’après-midi avec 34 voix pour et 25 contre

À la fin du débat, le budget pour l’année 2026 a été adopté avec 34 voix pour et 25 contre. Actuellement, la Chambre ne compte que 59 députés, car Georges Mischo n’a pas encore remplacé Marc Spautz.

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