En 2042, les réserves de la caisse des pensions ne suffiront plus à couvrir les dépenses. La nouvelle ministre de la Sécurité sociale Martine Deprez est revenue sur la situation alarmante au Luxembourg lors d'une interview accordée à RTL ce lundi matin.

"Je ne sais pas encore ce que nous allons entreprendre, mais nous en discutons d'abord", a expliqué Martine Deprez, tout en précisant que cela se fera en accord avec les différents partenaires avant de rassembler tout le monde autour de la table.

Comment fonctionne notre système de pensions ?

En résumé, la garantie des pensions repose sur trois piliers. Pour le secteur du privé, le premier pilier provient des cotisations à la CNAP, la Caisse Nationale d'Assurance Pension, soit 24% du salaire brut. Le régime général prévoit un paiement maximal de cinq fois le salaire minimum: 8% de la part du patron, 8% de l'employé et 8% de l'État.

Le deuxième pilier représente les pensions complémentaires pouvant être proposées par l'employeur.

Enfin, le troisième pilier est complété par des assurances complémentaires privées pour lesquelles le particulier peut opter individuellement. Le patron couvre les trois piliers dans le secteur public.

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De nos jours, les 210.000 pensions payées représentent 5,7 milliards d'euros alors que 6,7 milliards d'euros de cotisations sont prélevés chaque année, ce qui représente un surplus d'un milliard. "Mais cela peut très vite basculer", explique la ministre, "et on peut se retrouver rapidement avec un milliard de déficit".

Fait est que, dans quatre ans, les recettes des caisses de pension ne suffiront plus à couvrir les dépenses. Une réforme des pensions a d'ailleurs été mise en place en 2012, mais depuis lors, plus rien n'a été entrepris dans ce sens, "comme si tout allait bien", regrette Martine Deprez.

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Martine Deprez vient de prendre ses fonctions de ministre de la Santé et de la Sécurité sociale. / © René Pfeiffer / RTL

Quelle réforme prévoit le gouvernement ?

Les pensions sont divisées en deux parties: une plus petite (24% environ du montant en question) qui est la même pour tous les bénéficiaires. Ensuite une deuxième qui dépend de ce que les pensionnés ont gagné pendant leur vie. Plus le salaire était élevé, plus le montant de la pension sera élevé. C'est là que les autorités veulent agir, en se basant sur certaines décisions de 2012. La petite partie sera augmentée graduellement de 24 à 28% et la grande partie, qui dépend donc du salaire du bénéficiaire, devra légèrement baisser. La partie commune à tout le monde sera ainsi renforcée. "Nous allons poursuivre nos réflexions dans cette logique", assure la ministre.

L'opposition parle d'une diminution des droits sociaux, mais la ministre n'accepte pas cette critique qui "ne reflète pas la complexité du problème". L'accord de coalition prévoit bien que l'assurance obligatoire reste le pilier central du paiement des pensions, "qui ne représente aucune réduction. Le gouvernement renforce même le premier pilier. Et quoi qu'il arrive, nous prendrons en considération l'évolution des besoins des 2e et 3e piliers", souligne Martine Deprez.

Pas d'augmentation des cotisations ?

"Cela serait une arme à double tranchant" relativise la ministre, "ceux qui paient les cotisations sont ceux qui travaillent. À partir de 2027, nous allons plus dépenser que ce que nous gagnons, ce qui va faire baisser les réserves, qui se videraient en à peine 15 ans, donc en 2042. La réforme de 2012 est axée sur 2052, il faut donc réagir et il serait irresponsable d'attendre davantage".

Martine Deprez n'était cependant pas en mesure d'annoncer quand un nouveau plan pourrait voir le jour, cela dépendra de la vitesse à laquelle les discussions avec les différents acteurs se dérouleront. Une chose est certaine, le système devra pouvoir agir bien plus tôt que 2052: "dans le meilleur des cas soit 2030 ou 2035" conclut la ministre.