
Journée importante ce jeudi 18 décembre à la Chambre. Après les débats prévus le matin sur les horaires d’ouverture des commerces et sur le travail du dimanche, les députés s’attaquent à la réforme des retraites. Les deux textes de loi qui la composent auront été évacués en à peine deux mois. Une performance compte tenu du caractère historique de la réforme, qui va , entre autres, allonger la durée d’une carrière complète et augmenter les cotisations au système de pension. Quelques mesures plus avantages, dont l’amélioration de l’abattement fiscal pour la prévoyance-vieillesse, la flexibilisation des années complémentaires liées aux études, les mécanismes de retraite progressive et d’avantage fiscal liée au maintien dans l’emploi ne faisant pas oublier l’allongement des cotisations à 40 ans et huit mois.
Le parcours de la loi au sein de la Chambre a surtout reflété les désaccords entrevus tout au long de l’année écoulée. Le gouvernement ayant décidé de mener une réforme qui ne satisfait ni les représentants des salariés, ni ceux proches des patrons. La Chambre des salariés répétant sa “déception” face à une loi construite sans “véritables négociations”. Les Chambres de commerce et des métiers évoquant, de leur côté, une réforme “coûteuse” et “insuffisante” pour faire durer un système voué au déséquilibre.
Qu’importe donc le mécontentement des chambres professionnelles et des partenaires sociaux, le gouvernement a pris ses responsabilités et a respecté sa conviction profonde : ne pas rester inactif face au mur des pensions, que l’on annonçait pour 2026. Même si son volontarisme s’est heurté à une porte close au printemps dernier : les cinq années de cotisations supplémentaires un temps annoncées par Luc Frieden ont été abandonnées face à la grogne syndicale et populaire.
La coalition CSV-DP, consciente du caractère politiquement explosif de la réforme, a donc privilégié la stratégie des petits pas : financièrement parlant, la réforme suffira tout juste à tenir jusqu’au début des années 2030. Ce qui implique de négocier une nouvelle réforme dans à peine cinq ans.
Les retraites deviendront, logiquement, un des thèmes majeurs des élections législatives de 2028. Lors desquelles le CSV et le DP devront à la fois mettre en avant et assumer leur responsabilité dans la réforme votée ce jeudi. Responsabilité en tant que coalition gouvernementale, car il était inacceptable pour eux de laisser le système entrer en déficit. Et responsabilité face aux électeurs, qui garderont peut-être en mémoire quels partis les ont obligés à travailler plus longtemps pour obtenir leurs droits à la retraite.