
En allongeant de trois à cinq ans le temps de travail pour toucher sa retraite à taux plein, demain au Luxembourg, lors de son discours sur l’état de la Nation, “le Premier ministre a annoncé la semaine dernière une attaque frontale contre notre système de pensions”, s’insurgent ce lundi l’OGBL et le LCGB dont la réaction se faisait attendre.
En appuyant sur le bouton rouge de la réforme des pensions et en annonçant plus clairement la couleur des intentions de son gouvernement CSV-DP, Luc Frieden, a déclenché l’ire des syndicats, déjà dans un certain état d’énervement depuis l’automne. Depuis que le gouvernement les a déstabilisés en les titillant sur leur prérogative de négocier les conventions collectives de travail, leur “cœur de métier”, comme lancé par Nora Back, présidente du premier syndicat du pays, lors de son discours du 1er mai.
L’allongement significatif de la durée de cotisation annoncé “va non seulement à l’encontre des pistes de réforme élaborées par les syndicats, mais aussi des résultats d’un récent sondage qui montre qu’une majorité soutiendrait plutôt une augmentation du taux de cotisations”, soulignent les syndicats, en référence au récent sondage ILRES axé sur la réforme des pensions. Ce dernier montre effectivement que 55% des contribuables s’opposent à l’idée de travailler plus longtemps.
Non seulement “la très grande majorité des salariés et des fonctionnaires et employés publics actuels et futurs devront travailler plus longtemps pour avoir droit à une pension complète”, mais le “poids principal de cette réforme injuste repose sur les épaules des jeunes”, écrivent les syndicats. Avant d’ajouter, que ces jeunes “subissent déjà de fortes pressions en matière d’emploi, de logement et de pouvoir d’achat et que la réforme de 2012 les pénalisait déjà fortement.”
Pour les syndicats c’est un “projet antisocial” qui pénalise les jeunes générations. C’est “une attaque en règle contre toute notion de solidarité intergénérationnelle, pilier fondamental de notre régime public et solidaire de pensions”.
Le Front syndical appelle “tous les jeunes”, “toutes les personnes solidaires de leurs enfants et petits-enfants” et “les salariés du secteur privé et les agents de la fonction publique” à se mobiliser massivement et à participer à la grande manifestation nationale le 28 juin à Luxembourg.
Pendant que la durée des cotisations doit être progressivement augmentée, “la pension minimale n’est, elle, pas revalorisée. La pension minimale, qui touche majoritairement les femmes, ne suffit pas à garantir une vie décente au Luxembourg. Cela ne semble pas importuner le gouvernement Frieden”, notent les syndicat au passage.
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