
Le Grand Est fait partie des “rares régions de France métropolitaine où la population active recule entre 2008 et 2018" : elle a perdu près de 9.000 actifs. C’est le constat établi par l’Insee ce début avril.
Outre les déménagements, défavorables pour la région, l’Insee a constaté une baisse du nombre d’actifs (les travailleurs et les chômeurs) par rapport à la population totale.
Seul le secteur de Thionville sort du lot : le nombre d’actifs a atteint 172.124 personnes en 2018 (+6%), alors qu’il a baissé partout ailleurs, y compris à Metz (-0,8%) et Nancy (-1,4%).

Pour l’Insee, pas de doute, c’est la proximité du Luxembourg qui a permis au secteur nord-lorrain de résister. La zone thionvilloise (qui inclut le nord de la Meurthe-et-Moselle et le nord de la Moselle, dans cette étude) est même la seule à être qualifiée de “zone frontalière avec une très forte attractivité résidentielle”. Plus que Strasbourg. L’Agape (l’Agence de développement du nord-lorrain) avait justement constaté que les frontaliers y représentent parfois plus de la moitié de la main-d’œuvre.
“La zone d’emploi de Thionville est la seule où, à la fois, l’effet démographique, l’effet des taux d’activité et les migrations résidentielles contribuent à l’augmentation de la population active” écrit le statisticien français.
Thionville a gagné des travailleurs chez les plus de 55 ans. Et encore davantage chez les 25-54 ans. “En 2018, 40% des actifs s’installant dans la zone de Thionville sont originaires de la zone d’emploi de Metz et 10% de celle de Nancy.”
https://infos.rtl.lu/actu/frontieres/a/2242675.html
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La dynamique n’est toutefois pas parfaite : Thionville gagne des actifs... mais perd des emplois : -7.500 en 10 ans. Transformant doucement le secteur nord-lorrain en dortoir : la zone d’emploi de Thionville compte “seulement 55 emplois pour 100 actifs occupés”. Signe que les travailleurs s’affairent... sur un autre territoire. “En raison de cette baisse du nombre d’emplois, Thionville devient de plus en plus une zone résidentielle” ajoute l’Insee.
Une autre manière de constater que la région frontalière est un peu victime de son succès et devient dépendante de son voisin luxembourgeois. Exactement ce que le maire Pierre Cuny veut éviter en créant de nouveaux quartiers, notamment autour de la Gare et du centre-ville, et en soutenant les projets de services publics. La prochaine étape sera justement de fusionner les agglomérations de Thionville et du Val de Fensch, pour créer un immense ensemble voisin du Luxembourg et à même de se développer face au géant luxembourgeois.