Entre le Luxembourg, Metz et l'Allemagne, Thionville travaille à se faire une place au carrefour de l'Europe. La ville a lancé de grands projets de logements, de mobilité et de services qui seront soutenus par la transformation de l'agglomération en un plus grand ensemble.

Deuxième ville de Moselle et de Lorraine, mais principal lieu de vie des frontaliers, Thionville est en train d'opérer une mue spectaculaire autour de la Moselle.

Côté ville et côté gare, les deux berges voient d'anciennes friches industrielles être remplacées par de nouveaux quartiers. Pierre Cuny, maire de la ville, a reçu RTL Infos pour nous faire découvrir ces changements.

Rive Droite et Rive Gauche, les nouveaux quartiers de Thionville

"Depuis que j'ai débuté mes mandats de maire, il était évident que je voulais à la fois recentrer l'habitat sur le centre-ville et autour de la Moselle tout en évitant d'étendre la ville, notamment à l'ouest le long de l'autoroute" explique Pierre Cuny.

Pour limiter l'étalement urbain, c'est donc les terrains à proximité de la Moselle qui ont été choisis. Sur sa Rive Gauche (côté ville) et sa Rive Droite (côté gare), Thionville veut construire la "ville de demain". D'ici 2030, plus de 2.000 logements, des commerces, une école et des espaces verts vont remodeler profondément les abords de la Moselle. Le tout relié par un nouveau réseau de bus à haut niveau de service et un pont enjambant le fleuve.

Sur la Rive Gauche, Pierre Cuny annonce la création de plus de 900 logements dans un tout nouvel écoquartier construit durant les dix prochains années près des voies ferrées, à la limite de Manom.

Sur la Rive Droite, la passerelle de l'Europe n'était que le premier jalon d'un plus grand changement. Un autre pont est en construction à quelques centaines de mètres du pont des Alliés. Il desservira le secteur nord de l'île de la gare, devenu quartier d'habitations. 

À l'horizon 2032, les friches autour de la gare seront remplacées par un peu plus de 1.000 logements
, une école et un grand parking en silo à destination des usagers de la gare. Le tout englobant un grand quartier qui mise sur la mobilité douce. De quoi "replacer la Moselle au cœur de la ville" se réjouit le maire, alors que cet espace n'est pour l'instant qu'une immense friche, témoin du passé de la ville.

La gare sera le cœur du nouveau bus à haut niveau de service de Thionville, le Citézen. Un bus 100% électrique qui desservira deux lignes et trois P+R en 2026: Hayange-Thionville-Basse-Ham et Yutz-Metzange. Et se muera même en pôle d'échanges avec la création d'un réseau express métropolitain de trains entre Nancy, Metz et Luxembourg.

La gare fait aussi office de premier pas vers la ville voisine avant le développement de la zac du Couronné, de l'autre côté du canal des Écluses, entre 2030 et 2040"C'est très symbolique puisque on s'étendant vers l'est, on se rapproche de la ville de Yutz."

C'est aussi une manière de répondre à la forte demande en logements sur le territoire, où les prix se sont envolés "de 14%" ces dernières années. En plus du manque global d'offres, Thionville a connu une forte "gentrification" due au Luxembourg: "on a un taux de cadre supérieur qui est très élevé, je crois qu'il est de l'ordre de 30-38%".

Thionville est un peu victime de son succès et de sa proximité avec le Grand-Duché. Avec l'ensemble des services d'une grande ville, c'est une place de choix pour les frontaliers. "On voit bien que Thionville fait partie aujourd'hui de la première couronne luxembourgeoise" reconnaît le maire.

Cette position géographique de "banlieue" du Luxembourg pousse même des habitants à quitter le pays voisin pour s'installer dans la commune. Au risque de tirer un peu plus les prix vers le haut. "Tous programmes immobiliers confondus, on est aujourd'hui au minimum à 4.000 euros le mètre carré" grimace Pierre Cuny. "C'est le grand danger et c'est la raison pour laquelle dans tous les programmes immobiliers que nous développons, je demande à ce que l'on reste entre 25 et 27% de logements à loyers modérés, sociaux."

Une grande agglomération Thionville-Val de Fensch

Situé entre la métropole messine et le Luxembourg, le secteur thionvillois veut se transformer. En 2026, les agglomérations Portes de France et Val de Fensch devraient fusionner pour former une plus grande communauté. "Thionville se renforce très lourdement" se réjouit Pierre Cuny en évoquant cette grande agglomération de 160.000 habitants.

"Thionville va apporter la lumière dont elle bénéficie à ce territoire, et le territoire va apporter la masse" nécessaire pour exister. De quoi mieux s'organiser sur les questions d'urbanisme, de transports, de loisirs et de services indispensables aux habitants. "J'ai toujours dit que je voulais qu'au moins un travailleur sur deux habitant à Thionville travaille sur le territoire. C'est le cas. Et c'est une des raisons de la fusion avec le Val de Fensch, c'est tout le développement économique offert là." 

RTL

Pierre Cuny, maire de Thionville. / © Thomas Toussaint / Archives RTL


Économiquement, c'est aussi pour exister et mieux s'organiser pour grandir avec le Luxembourg. Les discussions sont désormais approfondies, avec plusieurs commissions intergouvernementales déjà menées. Elles ont d'ailleurs débouchées sur le financement de projets importants en Lorraine: le P+R de Metzange, l'allongement des quais de la ligne ferroviaire, le parking en silo de la gare de Thionville... "Il y a eu une transformation incroyable des rapports franco-luxembourgeois" sourit Pierre Cuny en évoquant les "rapports fusionnels permanents" avec le pays voisin.

Le maire a d'ailleurs déjà une idée de la suite à donner à cette dynamique de codéveloppement. Ce que nous évoquerons demain sur RTL Infos.