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Un rapport de l'Agape, l'agence d'urbanisme et de développement durable de Lorraine Nord, dévoile une augmentation incroyable du nombre de frontaliers autour de la frontière luxembourgeoise.
Le phénomène s'étend un peu plus chaque année. L'agence d'urbanisme et de développement durable de Lorraine Nord a dévoilé fin septembre un rapport sur la croissance du nombre de frontaliers. Une hausse étroitement liée à celle du Luxembourg.
Son marché du travail a ralenti depuis la crise du Covid, selon l'Agape : le pays a créé 48.380 emplois au cours des cinq dernières années, contre 69.650 postes de 2014 à 2019. Ce qui ne l'empêche pas d'être encore très, très forte.
Si le pays grandit aussi vite, c'est notamment grâce à l'arrivée de nouveaux résidents et de la main d'œuvre frontalière : "Au 1er trimestre 2024, le Luxembourg comptait 522.650 emplois, dont 231.290 frontaliers." Dix ans plus tôt, ils étaient "seulement" 162.000 frontaliers.
Des communes françaises avec plus de 50% de frontaliers
En lien avec le nombre d'emplois créés moins important qu'auparavant, le nombre de frontaliers français est également un peu moins élevé qu'attendu : l'Agape pensait en compter 125.930 début 2024, ils étaient finalement 124.160.
Un ralentissement qu'il ne faut pas confondre avec un déclin. Car la tendance est justement très forte.. pour les Français. Ils représentent plus de la moitié de la main d'œuvre frontalière du pays. Et même 70% des quelque 26.000 frontaliers embauchés entre 2020 et 2024.
Des frontaliers qui, d'abord installés près de la frontière, vivent de plus en plus loin. Alors que 62.280 frontaliers résident dans le Nord Mosellan, leur nombre progresse dans des communes plus éloignées :
- dans l'agglomération Coeur du Pays-Haut (entre Villerupt et Briey), le taux de frontaliers est passé de 42,9 à à 48,5% entre 2020 et 2024,
- à Bouzonville - Trois Frontières, les frontaliers ont augmenté de 33,3 à 37,4%
- à Damvillers - Spincourt (en Meuse), on progresse de 12,5 à 14,4%
"À l’échelle de la Lorraine Nord, les territoires les plus éloignés de la frontière (Orne Lorraine Confluences, Cœur du Pays-Haut, Damvillers Spincourt) affichent les plus fortes progressions du flux de frontaliers (>+20%)" note l'Agape.
Et la tendance ne devrait pas s'infléchir : dans un scénario imaginé par l’Agape en juin 2022, le Luxembourg compterait 285.000 frontaliers en 2030 puis 327.000 en 2040. Dont 172.000 frontaliers installés dans le territoire nord-lorrain.
Un défi pour les communes. Comme le montrent les efforts de Thionville pour accompagner et non pas subir cette évolution. Car certains territoires connaissent déjà une vraie dépendance au Grand-Duché. Comme le Pays-Haut Val-d’Alzette, dont 80,5% des actifs sont frontaliers. Ou la communauté de communes de Cattenom et Environs et ses 71% de frontaliers.
De quoi donner du corps à cette vision proposée par la Fondation Idea en 2019 : nous ne vivons pas dans la Grande Région, nous vivons au "Grand Luxembourg".