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Ce mardi 1er octobre 340 employés de Caritas sont appelés à prendre leur fonction chez HUT, la nouvelle structure mise en place pour reprendre les activités nationales de Caritas, suite à la crise provoquée par une fraude de près de 61 millions d'euros. Deux salariés témoignent sur les conditions de travail et de transfert.
Plus de 300 collaborateurs de Caritas étaient invités lundi à aller signer avant 18 heures leur contrat de travail dans le cadre du transfert de personnel de Caritas vers la nouvelle ASBL "HUT Hellef um Terrain". Une bonne douzaine avaient déjà été convoqués vendredi dernier. Ils sont tous censés travailler pour la nouvelle entité dès mardi.
340 anciens contrats à résilier, 340 nouveaux contrats à signer. L'agitation était à son comble lundi dans les locaux de Caritas du quartier Gare à Luxembourg. C'était le défilé dans les trois bureaux où les concernés devaient se présenter. La pression sur le personnel était énorme. Il a été question de "chaos".
D'après le syndicat OGBL, il aurait été interdit aux employés de prendre les contrats en photo ou d'emmener une copie de leur nouveau contrat.
"Le problème c’est que le personnel n’a pas le temps de réfléchir. Ils ne sont pas autorisés à emmener le contrat à la maison. Ils ne sont pas autorisés à se faire conseiller correctement. Ils ne sont pas autorisés à prendre le contrat en photo pour l'envoyer à un juriste ou à un syndicat. C'est une pression énorme. Nous ne comprenons pas la dureté et la froideur qui s'exercent ici envers ces employés", a indiqué la présidente de l'OGBL, Nora Back.
Dans le contrat - RTL dispose d'un exemplaire - le futur salarié signe pourtant qu'il a bénéficié du délai de réflexion nécessaire et de la possibilité de se faire conseiller. C'est l'employeur qui décide unilatéralement du lieu et des horaires auxquels le salarié travaille. L'employé s’engage également à une confidentialité absolue, et cela vis-à-vis de la presse, mais également sur les réseaux sociaux. Même entre collègues de travail, il n'est pas permis de discuter de son salaire.
Parmi les 340 salariés de Caritas concernés, combien ont signé le nouveau contrat avec HUT, on l'ignore encore. Interrogée, l'association HUT indique que ses responsables communiqueront mardi. De son côté, l'OGBL confirme que la majorité des employés ont signé le contrat.
Deux collaborateurs témoignent anonymement
Certains employés de Caritas ont déclaré à RTL qu'ils refusent de signer avec HUT, dans l'espoir que Caritas puisse continuer à les payer. Un certain nombre d'employés ont témoigné anonymement.
"Nous nous sommes engagés auprès de Caritas pour aider les personnes socialement vulnérables. Pour être très proches des gens. Mais aujourd’hui, nous avons le sentiment de devoir faire partie d’une entreprise. Une entreprise qui nous bloque, veut nous faire taire et nous empêche de faire ce que nous voudrions faire."
Cette grande incertitude a également un impact sur la santé mentale des salariés.
"Nous nous sommes sentis victimes du management. Et c'était déjà parfois traumatisant ces deux dernières années. De nombreux salariés sont en burn-out. La situation s'est juste aggravée, mais quel choix laisse-t-on aux gens ici.“
Il est frustrant de savoir qu'en tant qu'employé, on a été expressément laissé complètement dans l'ignorance quant à son propre avenir ces derniers mois, déclare un autre employé de Caritas, qui a souhaité rester anonyme.
"Il n’y a eu absolument aucune communication. Rien n'a été fait. On a tenté d'éliminer complètement la communication, pour que nous ne sachions rien. Et cela va si loin que nous devons désormais signer quelque chose alors que nous ne savons même pas vraiment ce que nous signons. Nous ne connaissons pas les valeurs de HUT". En tant que salariés, ils n'ont absolument aucune relation avec la nouvelle entité.
Le droit du travail doit être respecté
Certains salariés et le syndicat OGBL avaient déjà dénoncé une approche scandaleuse de HUT vendredi lors d'une manifestation devant la Chambre des députés. Et cela à cause du manque de communication et surtout parce que des dispositions relatives au droit du travail ne seraient pas respectées.
La présidente de l'OGBL, Nora Back, vendredi dernier lors de la manifestation:
"Les gens sont mis sous pression, on leur dit: 'Tu signes aujourd'hui ou plus jamais'. Cela veut dire que tu n'as plus d'emploi, tu ne reçois plus de salaire. Cela veut dire que les gens ont peur et on leur dit encore qu'ils ne sont pas autorisés à s'exprimer publiquement et on leur dit aussi qu'ils ne sont pas autorisés à venir à notre manifestation OGBL vendredi devant la Chambre, parce que s'ils y sont vus, alors ils n'obtiendront probablement pas de contrat. Nous sommes donc vraiment, et il faut le dire aux gens, un peu dans un régime terroriste."
En outre, les collaborateurs de Caritas qui se préparaient à la manifestation au siège de la rue Michel Welter, se seraient entendu dire que s'ils y participaient, ils risquaient de ne pas obtenir de contrat avec HUT.
Par ailleurs, l'OGBL a annoncé lundi matin que les personnes titulaires d'un CDD chez Caritas ne seront pas transférées chez HUT. On ne sait pas encore exactement combien de personnes sont concernées. Même si le CDD courait jusqu’à l’année prochaine, il sera résilié chez Caritas. Au début, HUT avait laissé entendre que les CDD devraient également être repris.

Les syndicats avaient appelé à une grève vendredi devant les locaux de Caritas.
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