Pourquoi les militaires défilent-ils dans la capitale? Pourquoi d'autres pays sont associés à la parade? Quelle est l'ambition de l'Armée luxembourgeoise? Le Général Steve Thull, Chef d'État-Major, décrypte ce que démontrent les soldats en ce jour de Fête nationale.
- RTL Infos: Des véhicules légers et blindés, des avions, un drone tactique… l’armée luxembourgeoise est de mieux en mieux équipée et va considérablement s’étoffer encore dans les années qui viennent. Quel(s) message(s) veut-elle faire passer à travers la parade militaire 2024 ?
"La parade militaire à l’occasion de la fête nationale rend hommage à Son Altesse Royale le Grand-Duc. Elle nous permet de nous présenter au grand public et de montrer les capacités déployées dans le cadre des contributions internationales et aussi les nouvelles capacités. Le défilé militaire à l’occasion de la fête nationale est une opportunité pour l’Armée de se présenter à la Nation, de rencontrer les citoyens. C’est aussi l’occasion d'honorer les femmes et les hommes au service de l’Armée, dont la mission principale est d’assurer la sécurité de la Nation. C'est l’occasion de présenter au public nos capacités militaires, dont les véhicules et aéronefs.
Étant un acteur responsable et solidaire et vu le contexte géopolitique actuel, l'Armée est appelée à devenir plus robuste afin de contribuer efficacement aux efforts de dissuasion de l’OTAN. La parade militaire offre une opportunité unique à faire passer ce type de messages auprès du grand public et de présenter ses nouvelles capacités: la capacité Sniper, la capacité Tactical Air Control Party (TACP) et la capacité Missile Moyenne Portée (MMP)".
- Des militaires français, belges, roumains et néerlandais seront en tête de défilé. Expliquez-nous quel rôle l’armée luxembourgeoise veut tenir au sein de l’OTAN dans un avenir proche et avec quels moyens?
"Les drapeaux roumains, belges, français et néerlandais avec leurs escortes ont été invités à participer au défilé militaire de la fête nationale 2024. En effet, dans le cadre du Groupement tactique multinational des Forward Land Forces de l’OTAN en Roumaine, des soldats luxembourgeois sont intégrés dans une compagnie belge (initialement une compagnie néerlandaise) se trouvant sous commandement français.
© RTL
La solidarité et l’interopérabilité entre les différents membres de l’OTAN constituent la base du succès de l’Alliance. L'Armée luxembourgeoise ne manque pas d’y apporter sa juste contribution aujourd’hui et demain. Des investissements dans les capacités aérienne, spatiale et dans la cyber, que nous pourrons déployer concrètement sur le terrain, seront réalisés.
Le bataillon belgo-luxembourgeois de reconnaissance de combat y joue un rôle central. En effet, la dimension 'combat' est une dimension supplémentaire qui n'existait pas auparavant en tant que tel dans l'Armée luxembourgeoise".
- Comment doit-on s’imaginer l’Armée luxembourgeoise à l’horizon 2035 ?
"Le contexte géopolitique actuel et les succès du passé feront en sorte que les coopérations actuelles se développeront davantage dans les années à venir avec, à la clé, un renforcement des capacités de défense belgo-luxembourgeoises. La Belgique étant un partenaire privilégié du Luxembourg dans le domaine de la Défense, la coopération militaire entre ces deux pays est intense et diverse. Ceci est souligné notamment par l’opérationnalisation de capacités communes au sein d’unités binationales, à savoir l’unité binationale A400M et le bataillon de reconnaissance binational à l’horizon 2030.
La mise en œuvre du bataillon binational de reconnaissance de combat de type médian requiert une transformation de l’Armée avec un passage d’actuellement deux compagnies légères de reconnaissance vers un demi-bataillon de reconnaissance de combat de type médian et un passage de missions ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance), métier traditionnel de l’Armée luxembourgeoise, vers des missions ISTAR (Intelligence, Surveillance, Target Acquisition, Reconnaissance) et de combat. Cette transformation de l’Armée va de pair avec l’acquisition de nouveaux véhicules de combat et d'appui au combat plus lourds et plus armés.
Ces dernières années, nous nous sommes spécialisées dans de nouveaux domaines (l'aérien, le spatial et la cyber) des spécialisations seront renforcées et développées davantage au cours des années à venir.
Nous devons faire preuve de courage et d’anticipation et moderniser nos capacités, en vue d’une interopérabilité, d’une réactivité, d’une robustesse et d’une disponibilité opérationnelle à la hauteur des défis actuels et futurs et afin d’être capables d’agir dans un environnement devenu beaucoup plus dangereux. Une transformation ambitieuse, mais nécessaire pour contribuer activement à la défense de notre liberté".
À lire également:
L'armée luxembourgeoise veut pouvoir passer en mode "combat"
Le Luxembourg ne veut plus être le mauvais élève de l'Otan
Dépenses militaires: Le Luxembourg, plus mauvais élève de l'OTAN
La "montée en puissance" de l'armée luxembourgeoise
Le Grand-Duc en visite officielle dans un camp militaire près d'Arlon
