La plus petite armée de l'Otan recrute et investit massivement, et prépare aussi la mise en place d'un bataillon conjoint avec la Belgique qui pourra engager le feu avec l'ennemi. Une dimension "combat" qui n'existait pas auparavant, explique un responsable militaire dans un reportage d'Arte.
"L'OTAN se modernise pour être en mesure de répondre aux nouveaux dangers qui se présentent. Il faut que l'on renforce les moyens pour se défendre collectivement et le Luxembourg doit également apporter sa pierre à l'édifice" déclarait récemment la ministre de la Défense, Yuricko Backes.
Alors que les conflits se multiplient dans le monde, le Grand-Duché se voit contraint de suivre le mouvement. Même s'il part de loin, rappelle Arte dans un reportage diffusé récemment (voir la vidéo ci-dessus). Reportage qui débute dans la caserne militaire de Diekirch, la seule du Luxembourg, où est regroupée l'essentiel des 1.200 soldats du Grand-Duché. Un nain en comparaison de l'Allemagne (180.000 militaires) et de la France (200.000). "Mais la plus petite armée de l'Otan veut étoffer ses rangs et recrute activement" rapporte le journaliste.
160 postes par an sont à pourvoir recherchés dans tous les domaines : cyberdéfense, drones, satellites, forces combattantes, logistique... "Comme toutes les armées, on a besoin de jeunes, on recherche tous les profils" explique le capitaine Patrick S.
Il est temps pour le Luxembourg de "contribuer activement à la défense de notre liberté"
Un effort important - à l'échelle du Grand-Duché -, afin de préparer le pays à une la création à l'horizon 2028 d'un bataillon conjoint avec la Belgique. L'accord a été signé en juin 2023 et vise à la mise en place d'un bataillon binational de reconnaissance de combat, qui sera fort de plus de 700 personnes.
Une force belgo-luxembourgeoise qui pourra donc engager le feu avec l'ennemi. "La dimension 'combat' est une dimension supplémentaire qui n'existait pas auparavant en tant que tel dans l'armée luxembourgeoise. [...] L'important est de fournir du personnel et du matériel. Le Luxembourg a tellement profité du temps de paix qu'il est vraiment important pour nous de contribuer activement à la défense de notre liberté" témoigne le général Steve Thull, chef d'état-major de l'armée luxembourgeoise.
Liberté dont le Grand Duché a été privé au cours de son histoire, rappelle le journaliste. Le Grand-Duché a été occupé par l'Allemagne durant la première et seconde guerre mondiale, et sa neutralité ne l'avait alors pas du tout protégé. D'où son adhésion à l'Otan dès sa création en 1949.

Le cargo A400M. / © Archives RL
Comme le rappelle encore le journaliste d'Arte, la paix n'a pas de prix, mais elle a un coût. Le Luxembourg multiplie les investissements militaires, comme avec l'achat d'un avion cargo A400M et de blindés adaptés au théâtre de guerre. "Nous avons besoin de développer la reconnaissance légère et la reconnaissance de combat de type médians. Pour ce faire, il faut que nos engins montent en gamme. Jusqu'à maintenant, ils pesaient au maximum 10 tonnes. On va faire l'acquisition de véhicules qui iront jusqu'à 25 tonnes" disait récemment Yuricko Backes.
Ce qui s'ajoute au soutien à l'Ukraine, qui représente 16% du budget militaire. "Chaque char russe éliminé est un char de moins qui tue en Ukraine et aussi un char de moins qui pourrait être une menace pour nous en Europe" prévient la ministre dans la vidéo d'Arte. Un ton martial qui décidément détonne dans le paisible Luxembourg.