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Les Luxembourgeois, et une faible proportion de non-Luxembourgeois, élisent ce dimanche leurs représentants au Parlement européen. 13 listes sont en lice, six sièges d'eurodéputés à pourvoir. Voici les grands enjeux.
Pour les élections européennes de ce 9 juin, 359 millions d'Européens sont sollicités pour élire dans leurs pays, les députés qui les représenteront au Parlement européen pour les cinq ans à venir. Au Luxembourg, 488.000 électeurs se rendront aux urnes dans leur commune ce dimanche entre 8h00 et 14h00. Sans oublier un document d'identité valable.
"Dans un monde de plus en plus complexe, instable et interconnecté, l’Union européenne fait face à des défis globaux qu’aucun pays de l’UE ne peut relever seul avec succès. Répondre à ces nombreux défis n’est pas une mince affaire, et voter vous permet d’influencer le cap à suivre", interpelle le parlement européen. Avant de rappeler que la démocratie est une "somme d'efforts collectifs" et qu'elle n'est jamais à considérer comme acquise.
Quel est le poids du vote des électeurs résidents au Luxembourg? Quels choix se posent à eux? Quelle mobilisation est attendue. Voici les six grands enjeux de ces élections.

Six députés pour le Luxembourg
720 députés siègent au Parlement européen et sont élus ces jours-ci dans les 27 états membres de l'UE. Si le voisin allemand compte le plus gros contingent (96 députés) et le voisin français en élit 81 ce dimanche, le Luxembourg dispose de seulement six députés au Parlement européen. Un petit nombre de sièges proportionnel à la population du pays. À Chypre, en Estonie et à Malte, autres petits pays, seront également élus six députés.
Environnement, changement climatique, mobilité, migration, droit de la consommation, sécurité alimentaire, éducation, santé... L'eurodéputé participe à la résolution des grands enjeux et influe directement sur la vie quotidienne des résidents luxembourgeois. Il travaille au sein de commissions, examine et adopte les nouvelles lois européennes et surveille les activités de la Commission. Il partage son temps entre Bruxelles, Strasbourg et sa circonscription, le Luxembourg.
Au cours des cinq années passées, le Luxembourg était représenté par quatre femmes et deux hommes, une exception au Parlement européen: Isabel Wiseler-Lima et Martine Kemp (CSV), Charles Goerens (DP), Marc Angel (LSAP), Tilly Metz (Les Verts) et Monica Semedo, élue sous l'étiquette du DP, elle représente Fokus depuis février. Elle avait écopé de plusieurs sanctions suite à des plaintes de harcèlement moral. Ces six députés européens sortants se représentent.
13 listes, dont deux nouvelles venues
Concrètement, une fois dans l'isoloir, l'électeur dispose de six suffrages. S'il vote une liste sur laquelle figure six candidats au moins, il ne peut exprimer aucun autre vote. Il peut aussi choisir six candidats sur des listes différentes.
Pour la première fois, 78 candidats, répartis sur 13 listes, se présentent aux élections européennes au Luxembourg. Il n'y en a jamais eu autant. Hormis le parti communiste (KPL) et les Conservateurs, toutes les listes présentent un duo paritaire.
Les quatre groupes politiques (CSV, DP, LSAP et ADR) et les trois sensibilités politiques (déi gréng, Piraten et déi Lénk) qui siègent à la Chambre des députés présentent une liste complète.
Mais l'éventail des opinions politiques luxembourgeoises est bien plus élargi pour ce scrutin. Quatre partis connus, déjà dans la course des législatives en octobre, présentent aussi une liste complète: Fokus, Volt, KPL et déi Konservativ - d'Fräiheetspartei.
Deux nouveaux mouvements citoyens se lancent pour la première fois dans cette bataille des européennes: Zesummen d'Bréck (Traduisez: "Ensemble, le Pont") et Mir d'Vollek (Traduisez: "Nous le peuple").

© Maurice Fick / RTL
Le scénario des élections nationales se répètera-t-il ou pas?
Les élections législatives de ce dimanche arrivent huit mois à peine après les élections législatives du 8 octobre 2023. Même si les thématiques et les enjeux sont différents, ces élections ont valeur de nouveau test pour les partis politiques luxembourgeois en lice. Les résultats des partis formant le gouvernement (CSV et DP) comme les partis de l'opposition (LSAP, déi Gréng, ADR, Piraten, etc.) seront vécus comme une confirmation ou, au contraire, comme une sanction de l'électorat.
La question qui se pose est de savoir si le scénario national d'octobre se répètera ou pas à l'issue de ces élections européennes? C'est vers le CSV que les projecteurs sont braqués. Après dix années dans l'opposition, le parti du Premier ministre Luc Frieden a repris le pouvoir en octobre.
Même chose pour le DP de Xavier Bettel qui a su se maintenir au gouvernement pour la troisième législature consécutive. Aux élections européennes de 2019, le CSV avait obtenu deux sièges (avec 21,1% des voix), pareil pour le DP (avec 21,44% des voix). Mais entretemps le DP y a laissé des plumes. Il a perdu le siège de Monica Semedo qui avait tout de même été élue avec 50.890 voix. Le DP reconquérira-t-il ce siège? Et le CSV est-il en mesure d'en remporter un 3e?
En embuscade, le "refoulé" des élections législatives, le LSAP, espère évidemment prendre une revanche sur le terrain européen et vise un second siège. En 2019, les socialistes avaient rassemblés 12,2% des suffrages. Autre parti en embuscade, l'ADR. Sorti renforcé des législatives (cinq élus pour la première fois), le parti réformiste d'alternative démocratique, pourrait créer la surprise et entrer au Parlement européen. Il n'était pas passé loin il y a cinq ans avec 10,04% des voix.
Les Verts avaient fait un bond de près de 4% et rassemblé 18,91% des votes aux européennes il y a cinq ans. Leur lourde défaite d'octobre (-5 sièges à la Chambre) se reflètera-t-elle ou non dans les résultats de ce dimanche soir?
Le taux de participation
Au-delà du choix des candidats, l'un des enjeux majeur de ces élections européennes au Luxembourg, est le taux de participation des électeurs. Dans ce pays fondateur de l'Europe qui a vu naître Robert Schuman (premier président du Parlement européen) et abrite plusieurs institutions européennes (Cour de justice européenne, secrétariat général du Parlement européen, Conseil de l'UE, Cour des comptes, etc.), l'exercice de la démocratie sera scruté de très près en ces temps de crises et d'euroscepticisme qui peuvent distiller le doute.
Le taux de participation est traditionnellement le plus faible au Luxembourg lors des élections européennes. Il était de 50,6 % en 2019. C'était le taux le plus élevé observé au cours des 20 dernières années. La situation, plus tendue au Luxembourg du fait de l'inflation et de la pression immobilière notamment, et nettement plus inquiétante dans le monde (changement climatique, conflits, montée des extrêmes) poussera-t-elle les électeurs à se mobiliser davantage encore?
La mobilisation des jeunes sera aussi scrutée de près. Potentiellement 21 millions de primo-votants se rendront aux urnes, selon Eurostat, l'office statistique de l'Union européenne. À la mi-mai une enquête Eurobaromètre avait révélé que c'est au Luxembourg que les jeunes sont les moins enclins à aller voter ce 9 juin. Seuls 41% des jeunes comptent aller voter.
50% des résidents sont étrangers, mais seuls 15% votent
Les résidents Luxembourgeois n'ont d'autre choix que de se rendre aux urnes pour participer à ces élections européennes. Le vote étant obligatoire pour les Luxembourgeois. Comme pour leurs voisins belges.
En revanche, il ne l'est pas pour les 202.000 résidents non-Luxembourgeois. L'un des grands challenges du gouvernement pro-européen CSV-DP du Premier ministre Luc Frieden était de mobiliser ces électeurs potentiels dans un pays composé pour moitié d'étrangers. Un record au sein de l'Union européenne.
Le ministère de la Famille et des Solidarités, le bureau de liaison du Parlement européen, certaines communes et d'autres acteurs ont mis le paquet entre janvier et mi-avril pour sensibiliser les résidents non-luxembourgeois à leur droit de vote pour ces élections européennes.
Au final 30.605 résidents non-luxembourgeois originaires d'un autre Etat membre de l'UE se sont inscrits sur les listes et votent ce dimanche pour les six représentants du Luxembourg ou pour les représentants de leur pays d'origine au Parlement européen. Le taux moyen d'inscription des non-résidents est de 15,1%. C'est maigre, mais deux fois plus qu'il y a 30 ans (7,4% en 1994).
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