Le Luxembourg va changer de gouvernement. Grand vainqueur des élections législatives dimanche, le CSV doit désormais choisir son futur partenaire de coalition: le DP de Xavier Bettel ou le LSAP de Paulette Lenert.

Les élections législatives de ce dimanche 8 octobre 2023 étaient "très ouvertes" et le résultat imprévisible. La soirée électorale a tenu toutes ses promesses! Le verdict est simple: avec 21 sièges sur 60 conservés au sein du parlement, le CSV est le vainqueur de la soirée et la coalition gouvernementale actuelle (DP-LSAP-Les Verts) n'est pas reconductible une troisième fois, car l'addition des sièges ne tient plus (29 sièges).

Grands vainqueurs des élections législatives de 2018 (+3 sièges), les Verts sont les grands perdants cette fois. L'équipe de Sam Tanson a perdu cinq sièges! Une bérézina électorale, rare au Luxembourg, qui renvoie les Verts dans un passé lointain et qui a comme conséquence première de mettre fin à la coalition à trois qui a dirigé le pays au cours des dix dernières années.

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Si le miracle ne s'est pas produit dans les petits partis (Déi Lénk, KPL) et jeunes partis (Fokus, Volt, Liberté-Fräiheet) du paysage politique luxembourgeois, deux partis sortent renforcés de ces élections. Le parti souverainiste de l'ADR qui pèse désormais 5 sièges (+1 siège) devient un groupe parlementaire à la Chambre. Et les Pirates qui "transforment l'essai" de 2018. Ils étaient entrés au parlement avec deux sièges. Et en comptent désormais trois.

Le CSV tient les clefs du futur gouvernement

Le parti chrétien-social tient sa revanche. Écarté du pouvoir durant dix ans par l'entente DP-LSAP-Les Verts alors qu'il représentait la première force électorale du pays, le CSV est de retour aux affaires.

Luc Frieden, le candidat du renouveau -étiquette décriée par ses détracteurs- a réussi son pari. Remettre le CSV en ordre de bataille pour remporter les élections et redevenir incontournable pour la formation d'un nouveau gouvernement. Idéalement à deux.

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"C’est un résultat inattendu à certains égards. Les électeurs ont clairement dit que le CSV a un rôle important dans notre pays", a résumé Luc Frieden au terme de la soirée électorale. Et pour cause: "On a plus d’un tiers des sièges au parlement", a bien souligné celui qui a été ministre des Finances et du Budget du gouvernement Juncker jusqu'en 2013 avant de quitter le monde politique pendant une dizaines d'années et y revenir de manière inattendue en février 2023.

"Les électeurs se sont exprimés pour une autre politique", retient Luc Frieden en reprenant le slogan de sa campagne. Et "c'est le message principal de ces élections", de son avis.

Il déguste sa revanche et enfonce le clou: "C’est aussi un grand succès personnel puisque beaucoup disaient que le CSV était un parti qui n’avait pas d’avenir. Or, avec les résultats d’aujourd’hui, le peuple indique qu’il veut que le CSV soit au gouvernement."

DP et LSAP, deux partenaires potentiels de coalition

Le CSV peut arithmétiquement former une nouvelle coalition de gouvernement avec un des deux autres grands partis: le DP ou le LSAP. Le parti libéral emmené par Xavier Bettel sort renforcé de dix années au pouvoir et de ces élections législatives (+2 sièges) et cumule désormais 14 sièges. C'est clairement le second parti le plus fort du pays. Le parti socialiste de Paulette Lenert gagne aussi un siège supplémentaire mais n'en pèse que 11 à la Chambre.

"Avec les résultats qu'on a ce soir, je pense que mon parti a une légitimité pour avoir des responsabilités dans un futur gouvernement", a estimé Xavier Bettel, tête de liste du DP, très vite après l'affichage du résultat final dimanche soir. Un appel du pied très clair en direction du CSV.

Car le Premier ministre sortant le sait bien: "La suite des élections se passera dans les prochaines heures, les prochains jours". L'avenir gouvernemental de son parti se joue maintenant.

Clairvoyante, Paulette Lenert a très vite analysé en fin de soirée la situation: "Le résultat veut qu'il y ait deux solutions possibles". Décrypter: un gouvernement CSV-LSAP -tandem qui a fonctionné à plusieurs reprises par le passé- ou un gouvernement CSV-DP.
Au cours de sa première intervention de la longue soirée électorale au Mélusina, QG du LSAP, Paulette Lenert a annoncé devant sa famille politique: "Nous sommes dans le coup et sommes évidemment ouverts à des discussions avec le CSV."

"Je ne peux qu'être satisfaite. Nous avons réussi à convaincre", a lancé Paulette Lenert à la foule conquise par sa spontanéité . La n°1 du parti socialiste a aussi dit être "contente de son score dans l"Est", obtenu "avec une toute jeune équipe dont je suis très fière". Son regret resteront les deux sièges non conquis dans les circonscriptions de l'Est et du Nord qui aurait mis son parti "à égalité" de force avec le DP.