
Un gynécologue comparaît depuis mardi dernier devant la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg pour viols et attentats à la pudeur sur quatre femmes. Il lui est reproché d’avoir eu un comportement inapropprié lors des consultations. Ce mardi, au cinquième jour d’audience, deux anciens collègues de travail de l’accusé au CHL ainsi que celui qui fut brièvement son associé, ont été entendus.
Un événement remontant à 2013 environ est resté en mémoire de deux médecins du CHL. Une femme avait un jour demandé s’il était normal d’être massée dans la zone intime lors d’un examen gynécologique. L’un d’eux était encore en formation à l’époque et avait transmis l’information à son supérieur. La question était tellement inhabituelle qu’il s’en souvient encore aujourd’hui, a-t-il déclaré. On en avait parlé à l’hôpital, mais pas des suites éventuelles. L’homme à qui ces faits étaient reprochés, est l’accusé.
Le médecin se souvenait également d’une des victimes présumées. Elle lui avait aussi parlé d’attouchements et de commentaires déplacés de la part du gynécologue, mais sans entrer dans les détails et à un moment où une plainte avait déjà été déposée.
Un autre médecin se rappelle aussi que l’on avait parlé de l’accusé à l’hôpital dans le cadre des faits reprochés à l’époque. Mais lui non plus ne savait rien des suites. Il s’était toujours bien entendu avec l’accusé, mais on pouvait déduire de ses propos que celui-ci n’était pas toujours satisfait de son travail. Le praticien a ensuite souligné qu’il est difficile pour un gynécologue de se protéger contre de telles accusations. C’est pourquoi il demande toujours à ne pas être seul avec les patientes qui lui paraissent fragiles ou instables.
Lors de la dernière heure d’audience, l’ancien associé de l’accusé a témoigné. Pendant trois mois, les deux hommes ont partagé un cabinet. Ils s’étaient rencontrés au début des années 1990 lors d’un congrès en Argentine. Le témoin est originaire d’Amérique du Sud, mais il avait habité en France avant de venir au Luxembourg. Après s’être revus en Europe lors d’un congrès, l’accusé lui avait proposé de devenir associés. Mais assez rapidement, un conflit est survenu à propos de la manière dont l’accusé gérait la comptabilité du cabinet. Ce différend a conduit à leur séparation après seulement trois mois, et l’homme a porté plainte contre l’accusé.
Après le départ de ce dernier, d’anciennes patientes à lui sont restées en traitement chez l’ex-associé. L’une d’elles lui avait demandé si un massage de son intimité pendant une consultation était normal. La présidente du tribunal lui a demandé s’il lui avait conseillé de porter plainte. “Non, je n’ai pas dit qu’elle devait porter plainte, mais que cela devait être signalé. Aux autorités compétentes”, a souligné l’ancien associé. Peu après, la juge lui a demandé s’il avait rédigé l’une des plaintes des victimes présumées. Les avocats de l’accusé le supposent en raison du style d’écriture. L’ancien associé a toutefois affirmé que ce n’était pas le cas.
Les avocats de l’accusé, Maîtres Lydie Lorang et Frank Rollinger, ont également déposé mardi une plainte pour fausse déclaration contre l’une des victimes présumées. Ils ne croient pas la femme lorsqu’elle affirme ne plus savoir qui a rédigé sa plainte. Maître Rollinger espère que le parquet engagera désormais une procédure pénale. Concernant le témoignage de l’ancien associé, il estime également que des fausses déclarations ont été faites. C’est pourquoi il envisage de déposer une deuxième plainte.