LuxembourgLa CGFP veut combattre toute "privatisation" des services publics

Jeannot Ries
Michèle Sinner
traduit pour RTL Infos
S'engageant à résister "par tous les moyens" à la privatisation, la CGFP a profité de sa conférence annuelle pour accuser le gouvernement de "malhonnêteté politique" concernant sa réforme des retraites et pour avertir que ses politiques risquaient de créer un "système de santé à deux vitesses".

Lors de sa conférence annuelle des comités, la Confédération générale de la fonction publique (CGFP) a fait le bilan de l’année écoulée, critiquant vivement la réforme des retraites du gouvernement et la détérioration du dialogue social.

Le secrétaire général de la CGFP, Steve Heiliger, a ouvert son discours en déclarant l’opposition du syndicat à “toute tentative de privatisation des services publics”. Il a souligné que les fonctionnaires sont “fiers” de leur statut et prêts à le défendre “par tous les moyens”.

Réforme des retraites

M. Heiliger a réitéré la position de longue date de la CGFP selon laquelle les retraites n’ont pas fait l’objet d’un débat suffisant lors de la dernière campagne électorale. Il a qualifié l’accent mis par le gouvernement sur la réforme des retraites d’acte de “malhonnêteté politique”. Le secrétaire général a en outre critiqué la conduite des récentes négociations sociales, soulignant que certaines propositions avaient été rejetées d’emblée. Il a notamment mentionné l’idée rejetée de supprimer le plafond des cotisations sociales pour le secteur privé.

N’est-il pas temps d’exiger que les grandes entreprises assument également leurs responsabilités ?”, a-t-il demandé. Steve Heiliger a fait valoir qu’il existe des propositions viables pour garantir la viabilité du système de retraite, mais qu’il faut du courage politique pour les examiner. La CGFP s’oppose également à l’augmentation du rôle des régimes de retraite complémentaires privés.

Réforme fiscale

Si la CGFP a salué l’approche collaborative du ministre des Finances Gilles Roth dans la préparation de la réforme fiscale, en particulier par rapport aux récentes discussions sociales, le syndicat a critiqué la période de transition de 25 ans proposée pour les couples actuellement dans la classe d’imposition 2, la jugeant insuffisante.

La principale revendication fiscale de la CGFP reste l’ajustement des tranches d’imposition à l’inflation. M. Heiliger a souligné le risque de “glissement des tranches” (qui se produit lorsque l’inflation et la croissance des salaires poussent les contribuables dans des tranches d’imposition plus élevées, même si leur pouvoir d’achat réel reste le même ou diminue), réitérant l’appel du syndicat en faveur d’ajustements automatiques et permanents liés à l’indexation des salaires. Selon la CGFP, cette mesure est essentielle pour la protection à long terme du pouvoir d’achat. “Toute autre mesure équivaudrait à une hausse cachée des impôts, ce qui est inacceptable”, a déclaré M. Heiliger.

Vers un système de santé à deux vitesses ?

Le secrétaire général de la CGFP a également vivement critiqué la ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, Martine Deprez, étendant son désaccord au-delà des pensions à sa politique en matière de soins de santé. Le syndicat a notamment déploré la création de l’Agence des médicaments au sein du Centre logistique et d’achat, qui doit recourir à un processus de recrutement de droit privé afin d’offrir des salaires plus élevés pour attirer du personnel hautement qualifié. La CGFP considère cela comme une privatisation “inacceptable” des fonctions essentielles de l’État. “Ne nous leurrons pas : cette privatisation progressive conduira à long terme à un système de santé à deux vitesses”, a averti M. Heiliger. Il a souligné que la CGFP a toujours plaidé en faveur d’un accès universel aux “meilleurs soins médicaux possibles”.

Les critiques du syndicat ne se sont pas limitées à M. Deprez et au Premier ministre Luc Frieden. Elles ont également visé le ministre de l’Éducation, Claude Meisch, arguant qu’il aurait dû tenir compte des préoccupations du personnel concernant les pénuries logistiques et de personnel liées au projet d’alphabétisation en français Alpha.

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