Les simplifications administratives se font attendreLes agriculteurs s'impatientent face à l'absence de mesures concrètes

Marc Hoscheid
Les agriculteurs attendent surtout du ministère de l’Environnement qu'il prenne maintenant les devants et présente enfin des amendements à la loi sur la protection de la nature.
© Marc Hoscheid

Qu’il s’agisse des questions de succession, d’agrandissement des exploitations ou du soutien financier de l’Union européenne, il existe plusieurs points sur lesquels les agriculteurs luxembourgeois estiment qu’il faut agir. Globalement, ils se montrent satisfaits de l’approche du gouvernement CSV-DP, mais au final, ils jugeront la politique gouvernementale sur des résultats concrets. Et le secteur attend ces résultats avec une impatience croissante.

Les agriculteurs sont presque aussi impatients que le bétail de la ferme Hahn à Roodt près d’Ell attendant sa nourriture le matin. La ferme se situe au centre du village, mais il existe désormais de nombreuses exploitations plus éloignées du centre. Comme les activités de construction en zone verte sont soumises à des contraintes strictes pour la protection de l’environnement, beaucoup d’agriculteurs se sentent freinés dans leur développement.

Mais les amendements à la loi sur la protection de la nature se font toujours attendre. La seule petite avancée en matière de simplification administrative jusqu’à présent est la modification de la réglementation concernant les appareils de levage à l’ITM, l’Inspection du Travail et des Mines. Il reste encore des progrès à faire dans plusieurs domaines, souligne Christian Hahn, président de la Chambre d’agriculture :

“Nous sommes ici dans un bâtiment agricole, il y a du bois tout autour jusqu’à une certaine hauteur de la cloison à l’extérieur, mais cela n’apporte absolument aucune valeur ajoutée écologique. Nous avons demandé cent fois quel est l’avantage écologique de cela, mais la seule réponse est que cela permet de voir que c’est un bâtiment agricole. Et là, je dois dire que c’est utopique d’imposer autant de coûts supplémentaires aux exploitations sans aucune logique écologique, juste pour dire : ‘C’est une exploitation agricole’.”

Une réduction de la charge administrative est aussi importante dans l’optique de la relève. Car on ne motive pas seulement un jeune à reprendre une exploitation agricole avec plus d’argent :

“Si je peux passer du temps avec ma famille le dimanche, les enfants voient bien que c’est un beau métier. Pendant la semaine, ils voient à quel point c’est agréable de travailler dans la nature, avec les animaux, etc. Mais si, le dimanche, c’est le contraire et que nous passons la journée assis à un bureau à faire de la paperasse parce qu’on n’a pas pu terminer avec tout le travail de la semaine, tellement il y en a, cela ne montre pas aux enfants que c’est un beau métier.”

Un autre sujet qui préoccupe les agriculteurs est la politique agricole commune européenne. À partir de 2028, les fonds de l’UE vont diminuer de 20 %, pour atteindre environ 300 milliards d’euros :

“La politique agricole de l’UE existe avant tout pour maintenir des prix bas pour les consommateurs, c’est donc en réalité une mesure sociale en faveur du consommateur. Mais ces dernières décennies, nous avons commencé à y joindre des mesures environnementales. Et quand je réalise une prestation environnementale en tant qu’agriculteur, je ne reçois pas d’argent pour cette prestation, je reçois seulement une compensation pour la perte de rendement par rapport à une production normale.”

Dans ce contexte, il est suggéré au ministre des Finances, Gilles Roth, d’exonérer d’impôt ces fonds européens, par exemple pour les éco-régimes ou les programmes agro-environnementaux. Une prestation environnementale est en effet un service rendu à la collectivité. Mais reste à savoir si Gilles Roth adoptera cette proposition.

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