Les syndicats manifestent contre la politique du gouvernement ce samedi 28 juin à Luxembourg-ville. Parmi leurs revendications, un changement de direction pour la réforme des retraites. Voici ce qu'il faut retenir de ce dossier sensible qui agite le pays... et pourrait bouleverser votre retraite.

Pourquoi une réforme des retraites au Luxembourg ?

Depuis octobre 2024, le gouvernement planche sur une grande réforme des pensions. D'abord organisé en consultation publique, le débat doit déboucher sur une réforme qui sera présentée cet automne.

Le système des pensions luxembourgeois, un des plus avantageux en Europe, est à l'équilibre financier aujourd'hui. Mais les dernières projections de l'IGSS, l'Inspection générale de la sécurité sociale, sont catégoriques : dès 2026, le système coûtera plus d'argent qu'il n'en rapporte. Et ce déséquilibre va s'aggraver avec les années. La raison ? Une hausse continue du nombre de retraités.

La bascule vers un régime déficitaire obligera l'État à prélever dans les 27 milliards d'euros mis en réserve pour les retraites. Pour protéger cet argent, et les finances de l'État, le gouvernement souhaite donc revoir les conditions de financement des retraites.

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Le système est-il condamné ?

Le système luxembourgeois, qui impose aujourd'hui de cotiser durant 40 ans, a tenu bon jusqu'ici. Notamment grâce au marché du travail, qui a grandi très vite. Les cotisations ont ainsi pu couvrir les dépenses pour payer les retraites.

Dès 2026, l'IGSS estime que les cotisations prélevées sur les salaires, chez l'employeur et versées par l'État ne suffiront plus pour payer les pensions des retraités actuels. Une ligne rouge serait alors franchie pour le gouvernement, qui souhaite garder le système dans le vert.

Les opposants à la réforme estiment eux que les prévisions sont trop pessimistes et que le système a encore une marge de financement. Ce fut le cas pendant de nombreuses années.

L'IGSS a toutefois revu très récemment ses prévisions à la baisse, avec 2026 en première date butoir, signe que le système est peut-être en bout de course en l'état. "Ne rien faire n'est pas une solution" a répété la ministre de la Santé, Martine Deprez. Car le gouvernement souhaite garantir le bon financement des retraites et ne surtout pas toucher à la réserve.

Quelles sont les solutions ?

Pour assurer la "durabilité" des retraites, comprenez leur équilibre financier à long terme, le gouvernement étudie plusieurs pistes. Dont la principale a été annoncée par Luc Frieden lui-même : une réforme qui reposerait sur les travailleurs, dont les carrières seraient progressivement allongées de plusieurs années. Vraisemblablement, jusqu'à 45 années de cotisations pour les moins chanceux, contre 40 années aujourd'hui.

Les contours de la réforme ne sont toutefois pas clairement définis, impossible donc à ce stade de déterminer si le montant des retraites va baisser. En revanche, le gouvernement a fait deux promesses : ne pas toucher aux retraités actuels et conserver l'âge légal de départ à 65 ans.

Pour évaluer les effets d'une réforme sur le financement des retraites, l'IGSS a répondu aux interrogations de plusieurs partis. Prises individuellement, aucune des idées avancées ne suffira à financer le système à long terme (relever les cotisations de 8 à 9%, relever ou abaisser le plafond de cotisations, repousser de cinq ans le départ réel en retraite...). Il faudra donc trouver une formule composée de plusieurs mesures pour équilibrer le système luxembourgeois.

Quelles sont les prochaines dates à retenir ?

Martine Deprez, ministre de la Santé, doit conclure le long débat ouvert en octobre durant le mois de juillet, avec la publication d'un bilan. Les partenaires sociaux sont d'ailleurs attendus pour une rencontre le 9 juillet. Elle présentera ensuite un avant-projet de loi à l'automne.

Retenez toutefois qu'à cet instant, la réforme n'a officiellement pas de date d'entrée en vigueur. Le Premier ministre a toutefois présenté quelques exemples de ses effets, en tablant sur une application (hypothétique) à partir de 2030.