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La réforme des retraites prévue au Luxembourg est toujours en chantier. En témoignent les orientations données ce mercredi par la ministre de la Sécurité sociale.
À quelle sauce vais-je être mangé ? C'est sûrement la question que beaucoup de travailleurs se posent depuis l'annonce par Luc Frieden d'un allongement des carrières au Luxembourg.
Ce mercredi, la ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez, a pris la suite du chef de gouvernement sans toutefois dévoiler le menu qui attend les travailleurs.
Comme annoncé, l'allongement de la durée de cotisation va s'appliquer à raison de trois mois de travail supplémentaires par an, certainement à partir de l'horizon 2030. Sans préciser qui serait touché par la réforme. La ministre a toutefois estimé qu'aucune carrière ne durerait plus de 45 ans. Ce que le Premier ministre avait évoqué plus tôt, prédisant un allongement des carrières de trois à cinq ans pour une grande majorité des travailleurs.

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Le gouvernement CSV-DP a surtout un objectif : retarder les départs anticipés. Notamment en décalant l'âge moyen de départ en pension, estimé à 61 ans. Mais il compte le faire "petit à petit" pour"ne pas appliquer une réforme abrupte". Martine Deprez a toutefois reconnu que la réforme de 2012, qui a réduit les pensions, n'avait pas atteint son but. Les Luxembourgeois ayant aujourd'hui la possibilité de partir tôt en retraite, alors que l'espérance de vie et les dépenses que cela représente pour la Caisse des pensions s'allongent.
La ministre a implicitement appelé à relativiser cette réforme, qui ne change pas l'âge légal de départ, maintenu à 65 ans. Un point sur lequel la ministre a insisté, rappelant que le Luxembourg se démarquait de ses voisins. Les années complémentaires, celles consacrées aux études (dont le décompte sera plus flexible, sans plafond d'âge strict) et à l'éducation des enfants, sont également épargnées.
La continuité affichée sur l'âge légal n'efface pas le fait que de nombreux travailleurs devront fournir un effort plus long pour obtenir leurs droits et financer le système. La hausse des cotisations étant écartée. La réforme doit encore déterminer si certains jeunes se retrouveront à 65 ans avec une carrière incomplète, et donc, une pension moins généreuse. Pour les retraités actuels et ceux qui partiront en pension juste avant l'application de la réforme, c'est plutôt un "ouf" de soulagement, ils ne seront pas mis à contribution.
À ce stade, la réforme des retraites est, de fait, toujours en développement. De nombreuses mesures sont ainsi "envisagées" mais pas arrêtées. Les discussions avec les partenaires sociaux vont d'ailleurs se poursuivre, avant la publication d'un rapport final en juillet. Et l'avant-projet de loi sera pas présenté à l'automne.
La ministre en a profité pour défendre sa méthode de consultation : "tout le monde a pu participer" a-t-elle fait comprendre. Avant de répéter sa volonté de ne pas rester "sans rien faire" face au mur des pensions qui arrive. Une "durabilité" nécessaire pour le système à laquelle de nombreux lecteurs se montrent résignés.