De nombreuses agences se mobilisent depuis quelques semaines pour répondre à la dernière augmentation des tarifs du portail immobilier, atHome. Deux réunions ont eu lieu et de nombreuses pistes sont étudiées.

"Je n'avais jamais vu mes confrères aussi remontés", nous a confié un professionnel du secteur immobilier en marge d'une réunion qui a eu lieu à Luxembourg au mois d'octobre. D'après lui, cela fait longtemps que les tarifs d'atHome font polémique dans le milieu des agences immobilières. Et la goutte qui a fait déborder le vase, c'est la dernière augmentation annoncée par la plateforme à ses clients.

Elle serait "de l'ordre de 30%" et intervient dans un contexte assez tendu, après deux années très compliquées sur le marché de la vente. Près de 600 professionnels du secteur se sont mobilisés, d'abord par message puis par l'intermédiaire de rassemblements où plusieurs pistes ont été étudiées afin de répondre "collectivement" au groupe récemment racheté par les fonds Apax Digital.

À ce stade, une lettre et la création d'une nouvelle fédération immobilière (FIL) sont les pistes privilégiées par les agences à l'origine du mouvement de contestation. Mais l'idée d'une nouvelle fédération couplée à une plateforme censée centraliser toutes les annonces immobilières du pays ne plaît pas à tout le monde. "On a l'impression que vous êtes venus nous vendre le prochain atHome", avaient protesté des agents présents à une des deux réunions organisées depuis le mois d'octobre.

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© FIL/ Fabio Caiano

L'espoir de beaucoup d'agences était de s'accorder sur une initiative commune afin de "faire pression" sur atHome. En ce mois de novembre, une centaine de représentants d'agence se sont à nouveau réunis afin de trouver un terrain d'entente. Pour l'heure, une lettre officielle signée par "120 agences" du pays va être envoyée à atHome demandant un "rééquilibrage de la politique tarifaire" du groupe ainsi que des explications concernant les différences de tarification constatées entre agences.

La Chambre immobilière "a pris les devants"

Contactée par nos soins, la direction d'atHome n'a pas souhaité commenter, expliquant qu'elle n'avait encore reçu aucune lettre de la part de ce collectif. Nous avons également sollicité Jean-Paul Scheuren, vice-président de la Chambre Immobilière qui nous a confirmé "être au courant du dossier". Il a précisé que l'organisme avait "pris les devants" et fixé des rendez-vous avec les plateformes, dont atHome, dès la semaine prochaine. "Le sujet est réel, c'est normal que les agences veuillent des réponses", a-t-il ajouté.

Il était d'ailleurs surpris que la Chambre immobilière, forte de ses 300 membres, n'ait pas été contactée. "On ne nous a rien dit, on ne nous a rien demandé et ils n'ont rien demandé aux plateformes non plus. Mettre le sujet sur la table c'est une bonne chose mais la manière... On est en plein 'trumpisme'. Pour notre part, on défend l'intérêt de nos membres. On prépare d'ailleurs quelque chose de concret pour les aider (les agences)."

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Jean-Paul Scheuren, vice-président de la Chambre Immobilière / © Archives RTL

Interrogé au sujet de la nouvelle fédération créée dans le contexte de cette hausse des tarifs, il a soulevé la question de sa finalité. "Ce qui me gêne (avec la FIL), c'est le conflit d'intérêt. Elle a été créée par trois agences dont une qui est représentée deux fois (dans le conseil d'administration). C'est interdit par nos statuts à la Chambre Immobilière. S'agit-il d'une opération purement commerciale?" Une question soulevée lors de la première réunion de ce collectif d'agences.

Les représentants de la FIL avaient d'ailleurs passé un bon quart d'heure à rassurer les potentiels membres. "Signer cette lettre ou devenir membre ne vous engage à rien", a-t-on entendu à plusieurs reprises. Serge Uchkalov, ex-CEO d'Immotop et à la tête du projet, assurait pour sa part que la nouvelle plateforme baptisée "FILIA" ne favoriserait personne et coûterait "une fraction" de ce que demandent aujourd'hui les portails immobiliers.

Affaire à suivre.