Le Grand-Duché va-t-il perdre sa réputation de “paradis social” ? Le Premier ministre a esquissé les grandes lignes d’une réforme des retraites qui obligera à travailler plus longtemps. Réactions en vidéo.

Vu d’ailleurs en Europe, le Luxembourg est un pays enviable à bien des égards. Les salaires bien sûr, mais l’âge de départ à la retraite peut également faire des jaloux. Car si l’âge légal est fixé à 65 ans, en moyenne, les Luxembourgeois partent à la retraite autour de 61 ans du fait que 40 années de cotisations suffisent à partir à taux plein.

Mais lors de son discours du mardi 13 mai à la Chambre des députés, le Premier ministre Luc Frieden a dévoilé les points principaux d'une réforme qui laisse entendre qu’on va devoir travailler plus longtemps au Luxembourg, réforme qui oppose fermement syndicats et patrons.

Dans les rues de la capitale ce mardi, les avis étaient très divers. Du côté des résidents étrangers et des frontaliers, on a pu constater une certaine résignation lorsque nous avons tendu notre micro : “La durée de vie s'allonge et donc on ne peut pas faire autrement”, “Il ne faut pas non plus mettre toute la charge sur les nouvelles générations. Moi je suis d'accord, s’il faut, il faut. Il faudra bien si on m'oblige”, “C'est un peu comme ça partout en Europe. On se doutait bien que ça allait tendre vers cette décision. Donc au final, ce n'est pas une réelle surprise”...

En effet, comparativement à leurs pays d’origine, le plus souvent la France ou la Belgique, pour ces personnes la situation reste très correcte au Luxembourg, même si la durée de cotisations passe à 41 ou 42 ans, comme l’a fait remarquer ce salarié belge : “Maintenant, en Belgique, on s'oriente vers 67 ans déjà. Ici, l’âge légal, c’est 65 ans mais la majorité des gens partent à 60. Donc bon, il y a quand même un gros fossé entre les deux.”

On était plus grinçant du côté des travailleurs luxembourgeois ou de ceux qui n’ont connu que le monde du travail grand-ducal : “On n'est jamais content de travailler plus longtemps en fait”, “C'est vraiment la solution de facilité. Je ne suis pas au gouvernement, mais il y a forcément d'autres moyens qui existent plutôt que de toujours tirer entre guillemets sur les gens qui travaillent”.

Les 40 années de cotisations pour boucler une carrière complète au Luxembourg ne seront bientôt plus qu’un souvenir. Luc Frieden a évoqué un allongement progressif de trois mois par an sur plusieurs années.

Amères, compréhensives ou résignées, les personnes interviewées semblaient toutes conscientes de ce constat final partagé par une employée du pays : “Je crois qu'on est privilégié sur beaucoup de choses au Luxembourg.”

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