
Le dossier est sensible. En juillet, l'association Caritas, qui vient en aide aux plus démunis au Luxembourg, a confirmé avoir été la cible d'un détournement de fonds pour un montant de plus de 61 millions d'euros.
Des virements ont été effectués par deux banques, la BGL et la BCEE, sur des comptes dans une banque en Espagne. Il est inévitable de s'interroger sur le rôle des banques dans cette affaire.
Si ce qui se raconte dans le secteur est exact, que Caritas a obtenu de l'argent des deux banques susmentionnées via des lignes de crédit, mais qu'auprès d'une troisième banque, l'accord pour une ligne de crédit lui a été refusé, alors il est Il est clair qu'il faut s'interroger sur le rôle de ces deux banques. C'est ce que font actuellement la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF) et la Banque centrale européenne (BCE).
La BCEE, la Banque et Caisse d'Épargne de l'Etat, est l'une des 113 banques importantes en Europe. C'est le niveau de son bilan qui détermine ce fait. Elle se trouve donc sous la supervision directe de Francfort. Et il est clair que la BCE et la CSSF veulent comprendre ce qui s’est exactement passé et s’il y a eu des failles dans les contrôles internes.
Il n'y a pas seulement des failles chez Caritas
Les enquêtes de la BCE et de la CSSF le préciseront également dans les semaines et les mois à venir. Mais il faudrait voir aussi du côté de la banque espagnole, car il nous semble que tout ne s'y est pas passé correctement tant au niveau du processus KYC (Know your customer), soit la surveillance client, qu'au niveau du processus AML (Anti-Money Laundering) de lutte contre le blanchiment.
Pour expliquer brièvement les procédures KYC et AML, il faut rappeler que les banques ont l'obligation de connaître leurs clients et de comprendre leurs activités. Cela vaut aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises, les fonds et également des structures. Mais encore plus pour des fondations, même si elles se nomment Caritas.
Plusieurs virements sur un même compte en Espagne, mais pas au nom d'un même bénéficiaire. Cela doit se remarquer et être vérifié, là-bas comme ici. D'importantes sommes d'argent déplacées dans un bref laps de temps: ces transferts doivent être vérifiés là-bas comme ici. Et cela doit évidemment être documenté.
Et pourquoi l'argent d'une ligne de crédit d'environ 10 millions doit être transféré, en plus vers une banque en Espagne, cela aussi doit être vérifié et documenté. Les banques luxembourgeoises, mais aussi en Espagne, doivent effectivement demander un document expliquant d'où vient l'importante somme d'argent. Si le document n'est pas produit, le compte doit être bloqué. Des transferts vers d’autres comptes et banques doivent être évités. Parce que les transactions dites "in/out" constituent clairement un signal d’alarme et doivent faire l’objet d’une vérification.
Dans l'affaire Caritas, pour l'expert financier Claude Arendt, il est clair que les banques sont co-responsables. "Pour moi, elles ont très clairement tiré la mauvaise carte et elle ne parviendront pas à s'en débarrasser aussi rapidement."
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