Nouveau rebondissement dans l'affaire Caritas : l'association aurait été victime de ce qu'on appelle une arnaque au président, a annoncé ce mardi le Parquet Luxembourgeois.

C'est par voie de communiqué que le parquet luxembourgeois a annoncé ce mardi de nouveaux éléments sur l'affaire "Caritas". Il est apparu au cours de l’instruction ouverte dans le cadre du détournement de fonds au préjudice de la Caritas "que les virements frauduleux ont, selon toute vraisemblance, un lien avec le procédé communément appelé « fraude/arnaque au président »" annonce le parquet.

Qui explique en quoi cela consiste : "En général, la fraude au président consiste à piéger un collaborateur habilité à effectuer les paiements d’une structure, le but étant qu'il paie une fausse facture ou réalise un transfert d'argent non autorisé. Le fraudeur se fait passer, par téléphone ou courriel, pour un dirigeant ou un représentant du dirigeant de l’entité et réclame un paiement international urgent, le plus souvent vers des comptes bancaires d’établissements situés dans d’autres pays, mais en tout cas vers des comptes gérés par l’arnaqueur."

Le collaborateur dupé "peut aussi être invité à ne pas respecter les procédures ordinaires d'autorisation prévues dans l’entité, dans le but de permettre une prétendue opération hors du commun, ou une prétendue mission secrète, tel un contrôle fiscal, une fusion ou une acquisition imaginaire."L'instruction suit son cours, conclut le parquet.

Qu’en est-il des responsabilités?

Les principaux auteurs du détournement sont certes ces personnes malhonnêtes. Mais retrouver l’argent volé sera difficile voire impossible, considère l’avocat Jean-Jacques Schonckert, entre autres. Selon lui, Caritas pourrait dès lors tenter de récupérer de l’argent auprès d’autres. Une part de responsabilité pourrait incomber à la direction de Caritas. Même si la fraude au président peut arriver à n’importe qui.

"Mais cela ne protège pas ces personnes d’un éventuel placement en détention. Cela peut éventuellement aussi leur coûter leur place, parce qu’il s’agit d’une faute grave. Mais il faudra voir ensuite si cela entraînera des conséquences en matière de droit civil. Je pense qu’en tout cas, ce ne sont pas eux qui portent la plus grande responsabilité, mais ils y ont aussi contribué. Et ici, tout le monde doit être remis en question."
 
Selon Jean-Jacques Schonckert, les banques devraient en particulier faire l’objet d’une remise en question.
 
" Avec toutes les structures de conformité, qu’elles ont, qu’elles prétendent avoir, comment est-ce possible? Et c’est là la question qu’il faut se poser: qu’un tel virement ait pu être réalisé dans des intervalles aussi courts, dans un but incompréhensible. Et je pense que c’est aussi une des tactiques de ces gens de bien cibler cela, mais comme je l’ai dit, seuls, ils n’y seraient pas parvenus."

Sur la question de la responsabilité des banques, notre collègue de RTL, Jean-Marc Sturm a interrogé l’ABBL, l’Association des banques luxembourgeoises. Retrouvez la réaction de son directeur, Jerry Grbic, ici.

L'ONG est sous le feu des projecteurs depuis la nouvelle d'un détournement de fonds de plus de 60 millions d'eurosLundi, une réunion ministérielle a eu lieu. Le Premier ministre, Luc Frieden aurait requis la présence de plusieurs de ses ministres dont Xavier Bettel, Claude Meisch, Max Hahn, Gilles Roth et Martine Deprez.  Le but: discuter des suites à donner à l'affaire Caritas. Rappelons que le Premier ministre avait déclaré à la fin du mois de juillet que "plus un seul euro" ne serait versé à l'association. Il a également fait savoir qu'il ne considérait pas la survie de Caritas comme une des responsabilités du nouveau gouvernement.

Caritas a pour sa part annoncé mardi matin dans un communiqué que le comité de crise mis en place sous la direction de Christian Billon, a décidé de créer deux nouvelles entités au sein de l’ONG. L’une sera consacrée à l’ensemble des activités nationales et l’autre à tout ce qui concerne la coopération internationale. Les modalités précises seront définies dans les prochains jours. De cette manière, les activités de Caritas pourraient reprendre normalement à partir de septembre, pendant que les enquêtes internes se poursuivent. L’association précise encore qu’elle reste en contact avec le gouvernement et que le paiement des salaires des employés de Caritas est assuré pour le mois d’août.

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