
© RTL Grafik
Pas de miracle sur le marché du neuf en ce début d'année 2024. Malgré les aides gouvernementales, très peu de transactions ont été réalisées ces quatre derniers mois. La faute à des prix trop élevés et à une incertitude qui persiste dans le domaine de la VEFA.
Rien ne va plus sur le marché du neuf depuis la hausse des taux d'intérêt. À tel point que le gouvernement a décrété au mois de janvier l'état d'urgence pour plusieurs branches du secteur de la construction. Cela dans le but d'éviter que la main d'oeuvre quitte le pays alors que la construction était au point mort.
La mauvaise nouvelle, c'est que les choses n'ont pas beaucoup évolué depuis. Les faillites sont en hausse et l'activité est toujours en berne sur le marché de la VEFA (vente en état de futur achèvement). Dans "La Bulle Immo", Julien Licheron, expert de l'Observatoire de l'habitat, va jusqu'à dire qu'il "n'existe quasiment plus".
Et la situation ne s'est pas arrangée en ce début d'année 2024, malgré les aides annoncées par le gouvernement luxembourgeois au mois de février. "Le marché (du neuf) reste encore très limité aujourd'hui", affirme le chercheur qui a un œil sur le nombre de transactions réalisées chaque mois au Grand-Duché.
-> À lire aussi: "Tout le monde s'est gavé": Les origines de la crise du logement au Luxembourg
Une reprise "se profile" sur l'existant
Heureusement, toutes les nouvelles ne sont pas mauvaises sur le marché de l'immobilier. Après un ajustement des prix "conséquent" en 2023, le marché de l'existant commence à reprendre des couleurs. "On revient à une situation plus normalisée (...) les prix semblent se stabiliser", explique Pierre Clément, directeur de Nexvia.
Il s'attend d'ailleurs à une activité "plus soutenue" dans les mois à venir. "On peut penser que 2024 sera le point d'inflexion sur l'existant (...) j'en suis quasiment sûr", ajoute-t-il avec conviction. Le directeur de Nexvia nous confirme par ailleurs que le nombre de transactions sur le neuf est resté extrêmement faible au premier trimestre 2024.
Pourquoi ce contraste entre les deux marchés d'acquisition? "L'activité persiste grâce à l'ajustement par les prix" des biens anciens explique Julien Licheron. Il rappelle que la valeur des maisons existantes a baissé de 21% par rapport au pic au mois de septembre 2022. "Les attentes des vendeurs et des acheteurs se sont rapprochées", commente-t-il.
Du côté de la VEFA, c'est une toute autre histoire. Les prix et les incertitudes liées à la date d'achèvement découragent toujours les acheteurs et les investisseurs. Rappelons qu'en 2023, les prix du neuf n'ont baissé "que" de 7.7%. À titre de comparaison, les prix ont baissé de 14,5% sur les appartements anciens et de 18,8% pour les maisons existantes.
-> À lire aussi: Luxembourg: les prix de l'immobilier ont fortement chuté en 2023
Le neuf toujours trop cher

© Maxime Gonzales/ RTL Luxembourg
Julien Licheron et Pierre Clément s'accordent à dire qu'il est actuellement plus intéressant de se positionner sur un bien récent, "bien localisé" précise le directeur de Nexvia. "Vous aurez un écart de prix significatif", affirme le chercheur du Liser. "C'est la fin d'un cycle", commente pour sa part le PDG du groupe atHome, Soufiane Saadi.
Si une reprise "se profile" sur l'existant, elle semble encore lointaine sur le neuf malgré la promesse de l'entrée en vigueur des aides gouvernementales au mois de mai. "Vu l'écart de prix (...) je ne vois pas comment il est possible qu'on n'ait pas un ajustement plus significatif sur les prix du neuf", lâche Julien Licheron.
Et les chiffres dévoilés par le PDG du groupe atHome dans La Bulle Immo semblent confirmer ses dires. En effet, Soufiane Saadi a annoncé une baisse notable des prix annoncés du neuf sur son portail immobilier au premier trimestre 2024. Est-ce qu'elle suffira à relancer le marché ou faudra-t-il attendre la baisse des taux annoncée cet été?
Pour nos experts, il faut agir vite. Après des années de "surchauffe", "il est nécessaire que l'on revienne à une vraie offre sur le neuf", indique Julien Licheron. De son côté, Pierre Clément suggère à tous les acteurs "d'y mettre du sien". "Les promoteurs doivent faire leur part et rendre l'investissement intéressant", conclut-il.
Une éventuelle bulle sur le foncier, la trajectoire des taux d'intérêt, perspectives d'avenir: les détails de ces discussions sont à consulter dans le nouvel épisode de "La Bulle Immo" au début de cet article ou sur RTL Play en cliquant ci-dessous. Vous pouvez également retrouver cette émission sur Apple Podcast et Spotify.