
Image d'illustration / © Maxime Gonzales/ RTL Luxembourg
L'année 2023 a été marquée par la première baisse de prix sur le marché de l'immobilier en près de 15 ans. Une baisse qui n'a manifestement pas suffi à relancer la construction de logements. Un constat partagé par de plus en plus d'experts du secteur.
Le marché de l'immobilier a connu un "changement de paradigme complet" en 2023. Un bouleversement dont il ne s'est pas encore remis. En témoignent les faillites dans le secteur de la construction ou encore le paquet d'aides annoncé par le nouveau gouvernement en début d'année.
Cette semaine, la fondation Idea a dévoilé les résultats de son "consensus économique". Une consultation regroupant l'avis de 119 décideurs économiques, politiques, partenaires sociaux et d'économistes. Ils ont été consultés au sujet des grands défis politiques luxembourgeois.
La problématique du logement a bien évidemment été abordée. Et le résultat de cette consultation a de quoi en surprendre plus d'un. En effet, les panélistes se sont prononcés à 58% en faveur d'une baisse des prix immobiliers d'au moins 10% en 2024. Ils ont été 25% à botter en touche à ce sujet ("neutre").
Seuls 6% des panélistes consultés se sont fermement prononcés contre une telle baisse des prix. Les 11% restants ont indiqué être "plutôt en désaccord" avec cette affirmation. Si ce "consensus économique" n'a pas d'incidence sur le marché de l'immobilier, il confirme un changement de mentalité à ce sujet.
Julien Licheron, chercheur au Liser, l'affirmait d'ailleurs déjà au mois de juin dernier. "Un ajustement des prix est nécessaire. La demande est là, mais pas au niveau de prix actuel", déclarait-il dans "La Bulle Immo". Force est de constater que la situation n'a pas beaucoup évolué depuis.
La reprise est encore loin et le paquet de mesures logement, bien que rétroactif, ne semble pas avoir l'effet escompté. Les panélistes ont d'ailleurs été interrogés à ce sujet par la fondation Idea. "Les panélistes doutent de l'efficacité du paquet logement pour donner un nouvel élan au secteur de la construction", peut-on lire dans ce rapport, graphique à l'appui.
Il convient de rappeler que ces mesures sont limitées dans le temps. Elles doivent prendre fin, pour la plupart, à la fin de l'année. Ce qui laisse peu de temps aux investisseurs et acheteurs potentiels pour prendre une décision. Et avec une politique monétaire incertaine, il se peut qu'il faille attendre des mois avant de voir les taux d'intérêt fléchir.
Si ce levier n'est pas actionné par la BCE dans un avenir plus ou moins proche, les promoteurs pourraient ne plus avoir d'autre choix que de baisser leur prix de commercialisation ou de vendre des projets au plus offrant. Ce qui pourrait créer une nouvelle fenêtre d'opportunité à l'Etat luxembourgeois pour élargir son parc de logement abordable.