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Plus de 513.000 personnes travaillent au Luxembourg, dont plus de 222.000 frontaliers. Un demi-million de personnes généralement occupées 40 heures par semaine et qui attendent beaucoup des élections. Du salaire au temps de travail, en passant par les conventions collectives et les congés payés, RTL Infos décortique les promesses des candidats qui pourront changer votre quotidien... et votre retraite.
Salaire: devra-t-on travailler plus pour gagner plus?
Point de rencontre des partis, l'index fait figure d'intouchable pour ces élections. Il sera "maintenu", "défendu", "protégé" par toutes et tous pour garantir la hausse des salaires et des retraites face à l'inflation. Avec quelques variations chez certains, qui l'imaginent dégressif à partir d'un certain revenu. Nous avons déjà évoqué le sujet dans cet article.
Comment faire augmenter les salaires luxembourgeois? À chacun sa méthode. Les récentes mesures d'adaptation du barème fiscal et de crédits d'impôt y ont contribué. Et pour les cinq prochaines années, chaque parti promet d'autres avancées.
Aura-t-on droit à une hausse de 100€ net sur le salaire minimum comme en 2019? Le LSAP, par exemple, est pour. Et promet cette augmentation pour le 1er juillet 2024. Déi Lénk veut même y ajouter 300€ environ pour le rehausser à 60% du salaire médian.

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Le DP propose plutôt une formule bien connue: travailler plus pour gagner plus. Il souhaite "exonérer les heures supplémentaires complètement des cotisations sociales pour laisser davantage de revenus nets aux travailleurs par rapport à leur salaire brut". Et compte transposer l'exonération fiscale des heures supplémentaires du secteur privé vers le service public.
C'est tout l'inverse de déi Lénk qui veut limiter le recours aux heures supplémentaires "en les rendant pleinement cotisables et imposables". Mais compte bien créer une indemnité d'attente pour les personnes en fin de droit au chômage, qui aura été préalablement rallongé à 24 mois. Et veut surtout instaurer un revenu minimum équivalent au seuil de pauvreté, soit 2.200€ net, en remplacement du Revis. Il sera "étendu individuellement à toute personne âgée de 18 ans ou plus dans le besoin".
L'ADR se contente de dire qu'une personne qui travaille au Luxembourg doit pouvoir vivre au Luxembourg de ce travail. Et se prononce contre toute idée de revenu de base inconditionnel.
La question des revenus dépasse toutefois largement le cadre du travail. De nombreux partis (CSV, LSAP, Pirates, déi gréng...) proposent des changements fiscaux divers pour les faire progresser de manière générale ou ciblée. Voici notre article complet sur ces promesses électorales.
Congés payés ou congés extraordinaires?
Le LSAP et déi Lénk sont les plus ambitieux en la matière: ils offriront six semaines de congés payés. Soit 30 jours, contre 26 aujourd'hui (le 26e avait été voté en 2019 par la coalition sortante). Le travailleurs au Luxembourg seraient au niveau de la France (30 jours par an) et nettement avantagés par rapport à l'Allemagne et la Belgique.

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Les autres partis n'envisagent pas de jours de congés supplémentaires mais ont développé des congés extraordinaires spécifiques. C'est le cas du DP (en cas de fausse couche par exemple, ou de décès après une naissance prématurée). Même s'il compte tout de même "vérifier la cohérence de tous les congés spéciaux existants" et les harmonisera si besoin. Les Verts ont également plusieurs congés ciblés dans le programme: congé bénévolat d'une heure par semaine, congé culturel, congé payé accordé au partenaire dans un couple pour accompagner lors d'un rendez-vous médical, augmentation du congé extraordinaire en cas de décès d'un proche...
En plus de la 6e semaine de congés, déi Lénk va largement rallonger le congé paternité: renommer "congé de naissance", il ne durera pas dix jours mais bien trois mois, sans perte de salaire. Et pourra être pris simultanément avec le congé de maternité.
Les Pirates veulent ouvrir les congés extraordinaires existants aux personnes bénéficiant d'une mesure pour l'emploi.
Cette question des congés touche également aux congés familiaux. RTL s'est penché sur la question dans cet article: Garde d'enfants, allocations, seniors: Que promettent les candidats pour aider les familles?
Des primes plus avantageuses pour les travailleurs?

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Le parti démocrate prévoit la création d'une "prime de location" que les entreprises pourront verser pour "récompenser leurs jeunes recrues". Défiscalisée, elle s'adressera "spécialement aux jeunes locataires âgés de 18 à 35 ans".
Née pendant cette législature, la prime participative que les employeurs peuvent verser à leurs salariés pourra évoluer. Le DP promet de la rendre "encore plus attractive". Le CSV également, grâce à une incitation fiscale. Le LSAP veut lui la réformer pour qu'elles soient payées à tous les salariés d'une entreprise ou qu'elle soit négociée en convention collective.
Les Pirates vont eux favoriser les revenus du travail, en proposant qu'un bonus accordé par une entreprise soit exempté d'impôt (jusqu'à 5.000€). Traitement qui serait également accordé au 13e mois.
Temps de travail: la baisse contre la flexibilisation
L'attente sur le temps de travail est palpable, mais tous les partis en lice ne l'abordent pas sous le même angle. Quatre partis (LSAP, déi lénk, KPL et Volt) sont clairement pour une réduction du temps de travail. Les autres sont contre une généralisation du temps de travail (DP, CSV, Piraten, ADR), mais voient la flexibilisation accrue du travail comme une solution. Ce que rejette en bloc l'OGBL, comme vient de le marteler sa présidente, Nora Back, sur RTL Radio.
D'autres encore sont moins formels (déi gréng et Fokus) et proposent des solutions originales. Seuls Liberté-Fräiheet et Déi Konservativ n'évoquent pas le sujet dans leur programme.
Voici notre article complet sur ce thème.
Le compte-épargne temps pour tous
Déjà existant dans la Fonction publique et ouvert au secteur privé (dans le cadre d'une convention collective ou d'un accord interprofessionnel) grâce à la loi de 2019, le compte-épargne temps pourrait devenir obligatoire. Le DP et déi Lénk militent pour.
"Les heures accumulées lors de périodes de travail intenses pourront par exemple être utilisées pour passer du temps en famille, faire un long voyage, prendre un congé sabbatique ou participer à une formation continue" lit-on dans le programme porté par Xavier Bettel et les Libéraux. Et les salariés en seront les "gestionnaires souverains" surenchérit "la Gauche".
Convention collective, un "outil essentiel"
Le LSAP voit la convention collective comme un "outil essentiel pour garantir des conditions de négociation équitables". À ce titre, le parti compte lier certaines aides publiques à la conclusion d'un contrat collectif d'établissement ou sectoriel. Et encouragera les entreprises qui en concluent une pour la première fois en accordant des avantages fiscaux temporaires.
Sans détailler son projet, déi gréng assure que le système des conventions collectives et du dialogue social sera "renforcé". Les Pirates veulent également les favoriser car avec 53% de salariés sous convention collective, le Luxembourg est "loin des 80" visés par l'UE". Déi Lénk va dans le même sens avec une réforme qui doit "promouvoir des accords sectoriels" et "renforcer le droit de grève".
L'ADR va dans le même sens en voulant faire de la convention collective une priorité. KPL, le parti communiste, veut la rendre obligatoire à partir de 100 salariés.
Télétravail: une habitude déjà bien ancrée

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Généralisé à marche forcée en 2020, avec la pandémie, le télétravail est rapidement entré dans les habitudes. Celles des salariés, ravis d'effectuer moins de déplacements et de trouver un équilibre vie privée/vie professionnelle. Et celles des patrons, qui en ont fait un avantage pour mieux recruter. Ni un droit, ni une obligation, le télétravail est évoqué comme mais un avantage au bénéfice de tous.
Les partis l'ont compris et ne vont pas remettre en question le télétravail. Mais vont bien tenter de le promouvoir auprès des entreprises... et des pays voisins, avec lesquels ils doivent négocier concernant les frontaliers.
Un article complet sur les promesses concernant le télétravail paraîtra ce mercredi 4 octobre sur RTL Infos.
Bientôt une grande réforme des retraites au Luxembourg?
Jusqu'ici, tout va bien, mais un accident est vite arrivé. C'est ce qui résume le mieux la situation du Luxembourg concernant les retraites. Les réserves de la Caisse nationale d'assurance pension sont bien remplies, et les cotisations obligatoires fixées à 40 années. Mais toutes les projections à long terme indiquent que les dépenses vont exploser. Ce qui conduira à l'épuisement des réserves avant 2050.
Tous les partis en ont conscience, mais une réforme des retraites fait peur. Car les solutions manquent. Faut-il rallonger la durée de cotisation (comme en France) ou bien augmenter les cotisations de chacun.

Faudra-t-il son départ vers une retraite plus ensoleillée? La question de la réforme ne pourra pas être évitée éternellement. / © Max Harlynking / Unsplash
Le DP promet de continuer à analyser les dépenses et les recettes. Et n'engagera des adaptations que "si nécessaire". Comme le LSAP, qui compte étudier des modèles de financement alternatifs à l'actuel système. Pour maintenir les prestations existantes, ils agiront "au niveau des recettes". Le montant minimum de la retraite sera revalorisé.
Les Pirates promettent d'orienter le Fonds de pension vers des investissements durables et rentables. Il participera aussi à l'investissement dans le problème du logement.
L'ADR veut tout faire pour garantir le système, sans retarder l'âge de départ à la retraite, en lançant une réforme dans les cinq prochaines années. Réforme qui encadrerait l'utilisation du fonds de compensation et l'augmentation progressive de la pension "à partir d'un certain montant". Son dernier recours pour solidifier le système serait finalement d'augmenter les cotisations de 8 à 9% pour l'employé, l'employeur et l'État. Le parti propose également d'"inciter les gens à travailler plus longtemps volontairement" grâce à des avantages fiscaux ou une flexibilité du travail.
Le parti KPL se distingue en demandant à abaisser l'âge de la retraite à 60 ans, contre 65 aujourd'hui. Le taux plein anticipé serait même accessible après 35 ans de cotisations dès 57 ans.
Une fois la retraite entamée, dès 65 ans, Fokus propose de mettre en place un revenu de base "Seniors" de 1.000 à 2.000€. "Ainsi, toutes les pensions pourront être portées à un niveau suffisant pour payer les contributions dans les maisons de retraite sans l'aide des bureaux sociaux."