Améliorer la garde d'enfants, élargir les congés parentaux, soutenir financièrement les familles depuis la crèche jusqu'à la maison de retraite... De nombreux défis attendent le futur gouvernement luxembourgeois. Voici les principales promesses des partis politiques.

Il faut bien le reconnaître, le Luxembourg est un pays qui cajole les familles. Il propose notamment des congés parentaux parmi les plus longs d'Europe (et très bien rémunérés), des pauses d'allaitement, ou encore de généreuses allocations.

Mais il reste encore de nombreux défis à relever, constate la plupart des partis politiques, pointant les difficultés en matière de garde d'enfants, la galère financière pour les familles monoparentales, sans oublier la question sensible du troisième âge.

Vous trouverez ci-dessous les principales propositions des différents partis politiques. À noter que le parti Déi Konservativ n'apparait pas dans cet article car il n'avait toujours pas publié son programme sur son site internet à l'heure où nous écrivons ces lignes.

Le casse-tête de la garde d'enfants

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Le LSAP veut recruter davantage de personnel dans les structures de garde et d’accueil pour enfants.

Déi Gréng veulent des contrôles plus rigoureux pour les crèches et les garderies, que les éducateurs s’occupent de moins d’enfants.

Le CSV veut rendre plus attractif les métiers de la petite enfance, créer un label "Employeur de qualité" et introduire des contrôles inopinés dans les structures concernées.

Déi Lénk veut élargir l'offre des structures de garde et d’accueil pour enfants, et s'oppose à la privatisation dans ce domaine.
L'ADR veut mettre en place une allocation parentale ("ADR-Elteregeld") pour permettre à l'un des parents de rester à la maison avec la famille, à temps plein ou à mi-temps, jusqu'à la 12e année de l'enfant. Ils veulent aussi permettre aux parents qui décident de continuer à travailler à temps plein de pouvoir continuer à envoyer leurs enfants dans les structures gratuites comme les crèches et les maisons relais.

Les Pirates exigent le versement d’un chèque service d’accueil, afin que chacun puisse décider librement s’il souhaite faire garder ses enfants dans une structure d'accueil ou s’il préfère rester à la maison avec ses enfants.

Fokus propose la création d'un congé parental étendu: une réduction du temps de travail pour les deux parents avec une compensation salariale et une réduction simultanée du droit aux services de garde gratuits. Fokus veut mettre en place un modèle dans lequel les deux parents travaillent à 80 % sans perte de revenu.

Volt déplore le manque de place dans certaines garderies et crèches et veut garantir à chaque enfant une place en crèche, mais aussi des congés mieux payés et plus long pour les parents et les familles monoparentales.

Liberté – Fräiheet! veut défendre le libre choix des parents, qui soit décident d'envoyer leur enfant dans une structure de garde, soit de s'en occuper à la maison, avec l'Etat qui soutient financièrement les familles qui s'occupent de leurs enfants dans le domicile familial, de la même manière que si un enfant allait dans des structures de garde d’enfants, ce qui représente selon le parti environ 2.000 euros par mois et par enfant.

De l'argent et du temps pour les parents

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Le LSAP veut mettre en place une offre d’accompagnement, de conseil et d’aide aux familles en difficultés. Il soutien par ailleurs le droit au congé parental fractionné pour chaque parent détenteur d’un contrat de travail afin d'offrir une meilleure balance entre vie professionnelle et privée.

Le DP s'engage pour l’extension du congé parental jusqu’à trois mois, et pour faire passer le congé de paternité de dix à quinze jours. Les couples homosexuels doivent évidemment également pouvoir recourir à ce congé. À l’avenir, le DP indexera régulièrement l’allocation familiale.

Déi Gréng prennent de nombreux engagements, dont le fait d'introduire un temps de travail familial qui permet aux jeunes parents de réduire leur temps de travail pendant une période limitée; l’extension du congé parental pour les parents travaillant à temps partiel; développer le "congé pour raisons familiales"  pour les familles monoparentales et permettre aux parents d’enfants gravement malades de bénéficier de ce congé à deux; rallonger le "congé extraordinaire" de 3 à 5 jours pour des raisons personnelles, en cas de décès d’un enfant, d’un partenaire ou d’un parent; ou encore d'accorder les cinq jours de congé d’aidant par an à tous les soignants reconnus. Le CSV veut améliorer l'équilibre travail-famille en accordant aux parents d'enfants en âge de scolarité fondamentale le droit à quatre heures parentales non rémunérées par semaine. Le CSV apportera également un soutien financier aux parents qui élèvent leurs enfants à la maison jusqu'à la scolarité obligatoire, en doublant l'allocation familiale pour chaque enfant concerné. Le CSV introduira davantage de flexibilité en ce qui concerne le calendrier et la durée du congé parental.

Déi Lenk veut revaloriser les prestations familiales de 10% et les indexer automatiquement sur l’évolution du coût de la vie. Les conditions d’accès au congé parental doivent être facilitées pour les personnes en travail intérimaire et les personnes qui bénéficient de plusieurs contrats à durée indéterminée dans le cadre de leur activité professionnelle. La Gauche veut remplacer le "congé de paternité" de 10 jours par un congé de naissance de trois mois sans perte de salaire.

L'ADR plaide pour un forfait d'éducation ("Mammerent") qui soit à nouveau versé à partir de 60 ans (et pas, comme c'est actuellement le cas, à partir de 65 ans) pour les mères qui n'ont pas d'autres droits de pension. Le forfait d'éducation ne devrait pas être imposé.

Les Pirates s'engagent à soutenir le congé parental et à l'améliorer, en offrant davantage de droits et de jours de congés. Ils veulent également étendre le congé pour raison familial pour que les personnes concernées aient plus de temps pour prendre soin de proches malades. Ils veulent également étendre le congé extraordinaire de 3 à 5 jours en cas de décès d'un proche.

Fokus veut plus de temps pour les parents qui aiment s’occuper de leurs enfants, et propose donc que les deux parents aient la possibilité de travailler moins d'heures pendant une certaine période et d'avoir plus de temps pour la famille - sans perte de revenu. En échange, l'offre de garde d'enfants gratuite sera étendue. Une égalité des salaires doit enfin être garantie de manière exhaustive, notamment dans le secteur privé.

Volt veut un accès égal au congé de maternité pour les familles homoparentales; avoir la possibilité, en tant que parent isolé, de prendre les 12 mois complets de congé parental auxquels a droit un enfant qui vient de naître; remplacer le "congé de paternité" de 10 jours par un congé de naissance de 3 mois, entièrement payé et ouvert à tous; donner aux parents isolés le droit à 12 mois de congé parental.

Le KPL plaide pour une augmentation et une adaptation automatique des prestations familiales à l'évolution des salaires et du coût de la vie; l’augmentation du congé paternité de 10 jours à 3 mois.

Liberté – Fräiheet! veut revenir au système où les allocations familiales étaient échelonnées et ne représentaient pas le même montant pour chaque enfant sous prétexte que "chaque enfant est également important", et il veut que les allocations familiales doivent être indexées. En matière de fiscalité, il veut prendre en compte le nombre d'enfants, avec un taux d´imposition dégressif pour chaque enfant de la famille. Il veut abolir abolir la différenciation fiscale entre statuts de célibataire, pacsé, ou marié.

En finir avec la punition des familles monoparentales

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Le LSAP est d’avis qu’une augmentation supplémentaire du crédit d’impôt monoparental (CIM) pourra être étudiée au cours de la prochaine période de législature. Le nombre d’enfants à charge est à prendre en considération pour la détermination du montant alloué. De même, il faut porter le seuil annuel à partir duquel le versement d’une pension alimentaire affecte le CIM de 2.424 € à 4 560 € (équivalent du nouveau plafond en matière d’abattement pour enfants à charge ne faisant pas partie du ménage).

Le DP s’engage pour la parité de traitement fiscal de tous les modèles de vie. Personne ne devrait être fiscalement désavantagé en raison de sa situation familiale (marié, pacsé, veuf etc.). Il s'engage donc pour l’introduction d’une seule classe d’impôt.

Déi Gréng veulent augmenter le montant maximal du crédit d’impôt monoparental afin d’apporter un soutien supplémentaire à ces familles.

Le CSV veut augmenter le seuil d’entrée d’imposition pour les familles monoparentales.

Pour l'ADR, les personnes monoparentales doivent entrer dans la classe fiscale 2, avec des sous- classifications fiscales en fonction du nombre d'enfants.

Déi Lénk propose d’abandonner l’approche des trois classes d’impôt (1, 1A et 2) et d’introduire un seul barème d’imposition pondéré suivant la composition du ménage à l’aide d’unités de consommation. 

Le KPL plaide pour la suppression de la classe d'imposition 1A et le reclassement des parents isolés et des veuves dans la classe d'imposition 2, afin qu'ils paient nettement moins d'impôts.

Ne pas oublier le troisième âge

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Le LSAP veillera à améliorer la qualité des structures d’hébergement pour personnes âgées, en accordant une attention particulière à la dignité, au confort et à la sécurité des résidents.

Le DP veut veiller à ce que toute personne, indépendamment de ses moyens financiers, puisse accéder à une chambre en maison de retraite ou de soins. Il veut aussi garantir la disponibilité de soins médicaux dans les foyers senior et les maisons de soins, rendre les professions soignantes plus attractives.

Déi Gréng veulent encourager le développement à l’échelle nationale de projets et d’offres de soutien visant à prévenir et à réduire la solitude des personnes âgées, créer des lieux de cohésion et de rencontre, soutenir les maisons intergénérationnelles, créer des communautés de personnes âgées et favoriser ainsi la vie sociale et les contacts sociaux.

Le CSV veut élargir l'offre de maisons de retraite et de soins, augmenter le nombre de lits, introduire un contrôle qualité régulier, et rendre la profession dans ce secteur plus attractive.

L'ADR veut que les personnes âgées puissent rester le plus longtemps possible dans leur appartement ou leur maison sans risquer l'isolement social. Dans le domaine des structures de soins, l'ADR adaptera l'agrandissement des structures existantes et la construction de nouvelles structures à la situation réelle. Les tarifs des prestations individuelles pourraient recevoir une clé de calcul fixe pour contrer la hausse des prix de ces structures. La pauvreté des personnes âgées augmentant au Luxembourg, les appartements situés au rez-de-chaussée devraient, par exemple, être réservés prioritairement aux personnes âgées.

Déi Lénk veut développer un réseau national de maisons de retraite publiques, communales ou coopératives sans but lucratif et à taille humaine. Elle s'oppose à la marchandisation des services du "care" (maisons des soins et accueil des personnes âgées) et notamment à l’implantation de grands groupes multinationaux du « care » au Luxembourg

Fokus propose un revenu de base "seniors " de 1.000 à 2.000 euros à partir de l’âge de 65 ans. Ainsi, toutes les pensions pourront être portées à un niveau suffisant pour payer les contributions dans les maisons de retraite sans l'aide des bureaux sociaux.

Volt plaide pour renforcer les investissements dans les maisons de retraite, et pour la construction de cités intergénérationnelles publiques et la promotion de cités privées.