Le ministre du Logement est revenu sur la crise que traverse actuellement le secteur de l'immobilier. "Une crise conjoncturelle" qui ne le détournera pas de ses priorités: le logement abordable et l'encadrement du marché privé.

Le PDG du groupe atHome, Soufiane Saadi, demandait il y a quelques semaines une vision claire pour répondre à la crise immobilière que le Luxembourg traverse. Ce mercredi, le ministre du Logement, Henri Kox lui a répondu dans un numéro spécial de La Bulle Immo: "Je crois avoir réussi à mettre en place une place stratégie du logement, en ce qui concerne mon ressort, le logement abordable public."

La tête de liste des Verts rappelle que les difficultés auxquelles se confrontent actuellement les secteurs de l'immobilier et de la construction sont liées à un concours de circonstances. Guerre en Ukraine, inflation galopante, salaires qui n'ont pas suivi. "C'est une crise conjoncturelle", souligne le ministre qui rappelle que le problème s'étend à "toute l'Europe". Ce qui a changé la donne au Grand-Duché, c'est la hausse "inédite" des taux d'intérêt.

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Le ministre du Logement, Henri Kox, photographié lors d'une conférence de presse / © Archives RTL

Car si l'on pouvait encore investir dans la pierre au Luxembourg ces dernières années, c'est grâce à la politique monétaire à taux zéro. "On a voulu inciter à l'investissement (...) c'est ce qui a mené à une augmentation énorme des prix du foncier et de l'immobilier" sur le territoire luxembourgeois d'après Henri Kox. Le politicien est d'avis que l'on revient désormais à "un équilibre" sur le marché. 

Un point de vue que ne partageront probablement pas les 104 entreprises de construction qui ont fait faillite au premier semestre 2023. Dont l'entreprise Manuel Cardoso, spécialisée dans la construction résidentielle. Mais est-ce le rôle du gouvernement de voler au secours d'un secteur qui a connu de nombreuses années de prospérité? Henri Kox ne le voit pas de cet œil. Pour lui, l'État se doit de mieux "encadrer le marché" privé mais il doit surtout pallier au manque de logements publics.

Au Luxembourg, "on a un déficit énorme" reconnaît le ministre. "L'État doit faire plus et ce qu'il construit doit rester dans les mains publiques", insiste-t-il. Pour rétablir un équilibre entre marché privé et logement public, il estime qu'il faut atteindre 20% du parc immobilier. Actuellement, la part de logement abordable est estimée entre 2 et 3% au Grand-Duché. La faute à une législation vieillissante et au "tabou" qui règne toujours autour de la propriété et du foncier.

"Tout ce qui concerne la propriété, le foncier ou l'immobilier, c'est un tabou (au Luxembourg)", affirme le ministre. C'est pourquoi, à ses yeux, il était important de s'attaquer à la législation pour avancer. Dans ce contexte, il s'est satisfait de l'adoption par la Chambre des députés de deux nouvelles lois pour encadrer le logement abordable et simplifier les aides individuelles pour l'accès au logement. "J'ai réussi à passer mes lois" a-t-il commenté, le sourire aux lèvres.

Malgré cette récente victoire, il n'a pas réussi à cacher sa déception concernant la réforme décriée du bail à loyer. "Je suis déçu que la loi n'ait pas pu être votée la semaine dernière, je n'ai pas eu de soutien", a-t-il admis. C'était pourtant le moment d'après le ministre. Il estime que cette loi aurait pu limiter la casse sur le marché de la location, alors même que les loyers explosent aux quatre coins du pays.

L'État prêt à soutenir les projets à l'arrêt

Une déconvenue qui ne l'empêchera pas de développer sa philosophie jusqu'aux élections législatives. Le ministre est revenu, à notre demande, sur le rachat par l'État de projets immobiliers à l'arrêt faute de demande. "Ça avance doucement" a-t-il confirmé en évoquant deux grands projets qui devraient créer près de 180 logements et mettre à contribution plusieurs entreprises de construction par la même occasion. "On est en train de finaliser les contrats de réservation" a-t-il précisé.

À ce jour, une soixantaine de projets ont été envisagés dont un certain nombre qui ont été écartés car ils ne remplissaient pas les critères du logement abordable. Henri Kox a tenu à se montrer rassurant en affirmant que plusieurs autres projets immobiliers pourraient être rachetés avant la fin de l'année. À ce stade, l'État luxembourgeois a dédié 110 millions d'euros au développement de cette initiative mais cela ne suffira pas d'après le ministre.

Pour réussir à établir un parc de logement abordable solide, il estime que le Luxembourg a besoin d'une enveloppe annuelle d'un demi-milliard d'euros "au moins". Mais l'argent ne fait pas tout, Henri Kox le confirme. "L'État doit accélérer ses projets, les communes doivent s'engager, de même pour les promoteurs publics et les ASBL" impliqués dans la construction de logements publics.

Plus de détails sur nos échanges avec le ministre du Logement dans ce numéro spécial de La Bulle Immo accessible en un simple clic ci-dessous.

23. Le logement abordable avant tout

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