À quelques jours du congé collectif, le temps est compté pour accompagner les salariés de Manuel Cardoso, sur le point de demander sa mise en faillite.

Branle-bas de combat pour accompagner les salariés de Manuel Cardoso avant le congé collectif. Ce mardi matin, l'OGBL et le LCGB étaient présents pour une réunion d'information avec les 110 salariés sur le point de perdre leur emploi. Car Manuel Cardoso, 42 ans d'existence et spécialisée dans la construction résidentielle, va demander sa mise en faillite.

Chantiers non aboutis, paiements non effectués, marché au ralenti... L'entreprise a dû faire face à une accumulation de problèmes ces derniers mois. Au point de perdre des dizaines de salariés à cause de difficultés pour les paiements des salaires. Au 1er janvier, l'entreprise comptait encore 150 employés.

La priorité est désormais le soutien des salariés qui vont perdre leur emploi."Pratiquement tout le personnel était présent à la réunion de ce mardi matin" explique Jean-Luc De Matteis, secrétaire central de l'OGBL pour le bâtiment, l'artisanat et les constructions métalliques. "Tous étaient très dignes, très attentifs et très calmes" malgré une situation stressante. Pour l'heure, ils ont été dispensés de travail.

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© Didier Weber / RTL

Les salariés sur le point de partir en vacances

Non seulement des emplois sont en jeu, mais avec le début du congé collectif ce vendredi 28 juillet, la fermeture de l'entreprise tombe au plus mauvais moment. "C'est une situation difficile avec les congés. Les salariés ont leurs billets pour les vacances, ils seront partis" regrette Jean-Luc De Matteis.

Il y a donc urgence pour accomplir les démarches à réaliser. D'où cette réunion d'information. Avec l'entreprise, l'OGBL et le LCGB disent avoir rassemblé de nombreux documents, fiches de salaires et autres papiers nécessaires pour que les salariés aient accès à des aides accordées avec la mise en faillite. La demande doit intervenir au mieux cette semaine, sinon la semaine prochaine, pendant le congé collectif.

Une réunion aura lieu ce mercredi avec l'Adem pour leur permettre de s'inscrire avant leur départ en vacances. "Les personnes concernées y recevront des informations détaillées concernant l’inscription en tant que demandeur d’emploi résident, l’inscription en tant que non-résident, la garantie de créance du salarié en cas de faillite, les avances sur les arriérés de salaire et les démarches à suivre pour demander des indemnités de chômage en tant que salarié" précise l'Adem.

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Jean-Luc De Matteis, secrétaire central de l'OGBL pour le bâtiment, l'artisanat et les constructions métalliques. / © Didier Weber / RTL

"Que l'entreprise ait l'argent ou non, les gens ont droit à cet argent" a déclaré le secrétaire général adjoint du LCGB, Christophe Knebeler, ce matin sur RTL.

Reste un espoir: la reprise de certains salariés par d'autres entreprises du secteur. "Certains employeurs nous ont contacté pour reprendre du personnel" affirme Jean-Luc De Matteis. C'est une période d'incertitude mais "tout le monde n'est pas en crise." Car effectivement, une certaine demande de main-d'œuvre persiste au Luxembourg, où le chômage est très bas et les employés qualifiés se font rares.

Une partie du secteur est quand même menacée

Avec le ralentissement des commandes et des chantiers dans le secteur de la construction résidentielle, Manuel Cardoso n'est pas la seule entreprise en difficulté. Le secteur tirait la sonnette d'alarme au printemps.

En plus de petites sociétés qui ont déjà mis la clé sous la porte, le LCGB affirme qu'une autre de plus de 100 employés est dans une situation très tendue. Ce mardi matin sur RTL, le secrétaire général adjoint du LCGB s'est prononcé en faveur d'un plan de maintien de l'emploi pour les entreprises de construction en difficulté.

Du côté de l'OGBL, on admet également qu'il y a des risques pour certaines entreprises. Mais pour l'heure, il n'y aurait "pas d'autre faillite imminente".

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Christophe Knebeler, secrétaire général au syndicat LCGB. / © RTL

Hormis le contexte difficile dans la construction, les syndicats évoquent surtout des négociations difficiles pour une nouvelle convention collective de travail. Difficultés que les syndicats disaient rencontrer même lors de périodes économiques plus favorables. Les syndicats espèrent par exemple un meilleur accord pour favoriser la formation des ouvriers.

Christophe Knebeler rejette toutefois les soupçons de l'Autorité de la concurrence sur une entente entre les entreprises afin de maintenir les salaires bas. Des rumeurs qu'il qualifie de "honte" et d'"absurde théorie du complot".

Le secteur de la construction restera, quoiqu'il arrive, soumis aux politiques monétaires et foncières. D'un côté, la hausse des taux limite l'accès au crédit. De l'autre, le patrimoine foncier du Luxembourg est limité et trop concentré. De quoi alimenter l'inquiétude pour leur accès au logement, problème n°1 des résidents.

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