Elle n'a plus le choixL'administration Trump sur le point de publier le dossier Epstein

AFP
C'était le cri de ralliement de la base de Donald Trump: "Publiez le dossier Epstein". Vendredi au plus tard, après des mois de tactiques dilatoires, l'administration républicaine devra tenir cette promesse, sous la contrainte du Congrès.
This undated photo from the personal collection of Jeffrey Epstein provided by the Democrats on the House Oversight Committee on December 12, 2025, shows US President Donald Trump (L), flanked by Epstein (C), talking to an unknown woman.
 Cette photo non datée, provenant de la collection personnelle de Jeffrey Epstein et fournie par les démocrates du comité de surveillance de la Chambre le 12 décembre 2025, montre le président américain Donald Trump (à gauche), encadré par Epstein (au centre), en train de parler à une femme non identifiée.
© House Oversight Democrats/AFP

La mort de Jeffrey Epstein, retrouvé pendu dans sa cellule à New York le 10 août 2019 avant son procès pour crimes sexuels, a alimenté d’innombrables théories du complot selon lesquelles il aurait été assassiné pour étouffer un scandale éclaboussant des personnalités de premier plan.

Après avoir fait campagne sur la promesse de révélations fracassantes, le président républicain a pris à contrepied ses partisans en les sommant de tourner la page, qualifiant désormais l’affaire de “canular” instrumentalisé par ses adversaires démocrates.

Mais, faute d’avoir pu empêcher le Congrès d’adopter une loi visant à apporter la plus grande transparence dans ce dossier, Donald Trump a dû la promulguer le 19 novembre. La loi donne 30 jours au gouvernement pour s’exécuter, soit jusqu’au 19 décembre au plus tard.

Elle fait obligation au ministère de la Justice de publier l’intégralité des documents non classifiés en sa possession sur le défunt financier new-yorkais, sa complice Ghislaine Maxwell, qui purge une peine de vingt ans de prison, et toutes les personnes impliquées dans les procédures judiciaires.

Il s’agit notamment des pièces issues des procédures ayant conduit à la condamnation de Jeffrey Epstein à un peu plus d’un an de prison en 2008 en Floride (sud-est), après un accord avec l’accusation particulièrement clément, ainsi qu’à son inculpation fédérale à New York en 2019 pour des charges plus graves d’exploitation sexuelle de mineures.

Sont également concernées toutes les entités, privées ou publiques, liées aux activités de Jeffrey Epstein, y compris non criminelles, ainsi que les plans de vol, listes de passagers, etc. de tous les véhicules lui ayant appartenu.

Ni “liste de clients” ni chantage

L’inconnue persiste sur la portée des révélations à attendre de cette publication.

D’autant plus qu’en juillet, le ministère de la Justice et le FBI, la police fédérale, avaient annoncé dans un memorandum, après examen de plus de 300 gigas de données, n’avoir découvert aucun élément nouveau qui justifierait la publication de documents supplémentaires.

En rendant ces conclusions qui avaient mis le feu aux poudres au sein du camp trumpiste Maga, les autorités judiciaires avaient confirmé le suicide de Jeffrey Epstein et affirmé n’avoir retrouvé ni “liste de clients” de son réseau d’exploitation sexuelle, ni “preuves crédibles qu’il aurait fait chanter des personnes puissantes”.

Mais même sans prêter à conséquences juridiques, les documents attendus pourraient embarrasser nombre de personnalités, notamment du monde des affaires, de la politique, ou du spectacle, qui gravitaient dans l’orbite du financier. Y compris Donald Trump, longtemps proche de Jeffrey Epstein, jusqu’à leur brouille dans les années 2000.

Le milliardaire, qui était alors lui aussi une figure de la jet-set new-yorkaise, a toujours démenti avoir eu connaissance de son comportement criminel et assure avoir rompu avec lui bien avant qu’il ne soit inquiété par la justice. Une chronologie que ces documents pourraient remettre en question.

A une semaine de l’échéance, des élus démocrates ont publié vendredi une nouvelle série de photos sur lesquelles on voit notamment Jeffrey Epstein en compagnie de l’ex-président démocrate Bill Clinton, d’entrepreneurs à succès comme Bill Gates ou Richard Branson, ou encore du cinéaste Woody Allen.

Donald Trump y apparaît également, en compagnie de femmes au visage occulté.

L’administration Trump a fait plus pour les victimes d’Epstein que les démocrates n’ont jamais fait, en publiant des milliers de pages de documents et en appelant à de nouvelles enquêtes sur les amis démocrates d’Epstein”, a réagi une porte-parole de la Maison Blanche.

Les démocrates s’inquiètent pour leur part d’une possible manipulation du dossier avant sa publication.

Deux sénateurs démocrates ont ainsi réclamé dans une lettre ouverte à l’inspecteur général du ministère de la Justice un “audit indépendant” d’ici un mois, pour garantir que rien n’ait été “ni manipulé, ni dissimulé”.

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