
Patronat et syndicats ont avoué mardi leur difficulté à trouver les 400 millions d’économies supplémentaires que le gouvernement attend sur l’assurance chômage dès 2025, lors de leur deuxième journée de négociation sur le sujet.
Pour parvenir à un accord dès la mi-novembre, les partenaires sociaux vont se baser, à la demande de la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet, sur l’accord négocié en novembre 2023.
Mais après avoir entendu une présentation de l’Unédic, l’organisme qui gère l’assurance chômage, ils ont constaté la difficulté de dégager autant d’économies supplémentaires aussi rapidement.
Contrairement à ce qui se fait d’habitude, il faut trouver des mesures qui produisent “un effet massif” dès la première année, a expliqué le négociateur du Medef Hubert Mongon.

Il a avancé deux pistes pour y arriver. “La question des transfrontaliers” travaillant notamment en Suisse et au Luxembourg, en redéfinissant les critères de l’offre raisonnable d’emploi. Ainsi, ils pourraient être contraints d’accepter un poste moins avantageux pour ne pas perdre leur allocation.
Aujourd’hui, cette offre est définie uniquement en fonction de l’emploi précédemment occupé. Les postes en Suisse et au Luxembourg étant beaucoup mieux rémunérés, les frontaliers ne sont pas tenus d’accepter des offres sur des postes équivalents en France, moins bien payés, ce qui pourrait changer.
Mieux indemnisés, les frontaliers pourraient aussi se voir appliquer un coefficient réducteur en fonction de la différence de niveau de vie entre le pays où ils ont travaillé et la France. Donc des indemnités de chômage moins élevées. Car l’Unédic a bien remarqué que les anciens frontaliers ont un chômage plus élevés que les autres : en 2023, ce chômage s’élevait, en moyenne, à 1.781€ par mois. Bien plus que les 1.265€ par mois que touche un chômeur qui a travaillé uniquement en France.
Le Medef a également demandé à l’Unédic “d’explorer d’autres leviers potentiels d’économies” sans préciser lesquels. Dans son rapport d’octobre, le gestionnaire de l’assurance chômage en France avait également pointé du doigt la contribution du Luxembourg : limité à trois mois de chômage, ce remboursement au bénéfice de la France est plus faible que celui des autres pays. Et participe à rendre le système aujourd’hui très onéreux pour la France.
En 2023, le chômage des 77.000 anciens frontaliers avait coûté environ 800 millions d’euros par an à la France. Dont 137,1 millions d’euros pour ceux ayant travaillé au Luxembourg. Mais pour corriger ce phénomène, la France n’a pas la main : elle devrait négocier un accord avec les pays voisins, notamment la Suisse et le Luxembourg.
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Pour la CFDT, il faut se focaliser sur les frontaliers, mais il y a “une forte probabilité qu’on atteigne pas les chiffres demandés par le gouvernement”, a estimé son négociateur Olivier Guivarch.
La CGT juge de son côté, par la voix de Denis Gravouil, que les frontaliers sont “une cible un peu trop facile” et s’oppose, tout comme la CFTC, à l’idée d’amputer leurs allocations de chômage par un cofficient réducteur.
Sur un plan plus politique, Olivier Guivarch estime que même si les économies ne sont pas réalisées, on pourra “sérieusement démontrer qu’on a exploré des solutions” pour y parvenir.
Il remarque aussi que la demande du gouvernement résulte d’un simple courrier aux partenaires sociaux, à la différence de la lettre de cadrage, plus formelle, reçue à l’été 2023.
Denis Gravouil juge pour sa part que le gouvernement actuel “est beaucoup plus faible” que ne l’était celui d’Elisabeth Borne il y a un an. Il ne croit pas au retour “de la menace du décret Attal” par lequel l’ancien Premier ministre entendait durcir les conditions d’indemnisation des chômeurs.
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