Des économies sur les dépenses courantes, de gros investissements pour l'avenir, des accises sur le tabac qui augmentent... Ce qu'il faut retenir du budget 2024 présenté ce mercredi par le ministre des Finances devant le parlement.

Malgré un contexte géopolitique difficile, "au Luxembourg, nous avons des bases solides", a lancé ce mercredi matin le ministre des Finances (CSV), Gilles Roth, aux députés réunis à la Chambre pour la présentation du budget 2024 durant pile une heure. Un projet composé d'une série de mesures d'économies et au caractère exceptionnel puisqu'il couvre uniquement la période allant de mai à décembre 2024.

"Avec ce budget de relance (le fameux: "Neie Schwong fir eist Land") nous redonnons confiance aux entreprises et à nos concitoyens. Il est de notre devoir de ne pas hypothéquer l’avenir des générations futures", a lancé à la tribune Gilles Roth.

Pour donner confiance aux citoyens, le gouvernement CSV-DP veut "continuer à augmenter le pouvoir d'achat des ménages" et continuera à "neutraliser d'autres tranches indiciaires dans le barème d'imposition", sans oublier les monoparentaux et veufs de la classe d'impôt 1a. Le budget prend en compte l'ajustement du barème fiscal à quatre tranches indiciaires.

Ce budget "solide et solidaire" doit permettre de "préparer le terrain pour sortir la tête des crises de ces dernières années" et surtout de "construire un pays moderne et attractif". En investissant prioritairement dans des domaines porteurs, comme les infrastructures, le digital et la transition climatique.

L'État investira notamment 4,3 milliards d'euros dans le rail et les routes (élargissement de l'A3 et de l'A6, contournement de Dippach et Hosigne, Ban de Gasperich, etc.) dans les quatre années à venir. Mais qu'on ne s'y trompe pas, les transports publics deviendront le "cheval de trait" de la mobilité de demain au Luxembourg.

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Outre le pouvoir d'achat, les "priorités budgétaires" affichées du gouvernement sont de "renforcer la compétitivité de son tissu économique" (L'impôt sur les sociétés sera réduit de 1% en 2025), l'investissement dans l'attractivité du pays et la cohésion sociale, mais aussi de "contrer la crise dans le secteur du logement", sans oublier celui de la construction dans lequel ça va très mal depuis des mois.

Le logement prioritaire, le tabac taxé

Les mesures déjà annoncées par le gouvernement pour relancer la construction et l'investissement dans le logement, figurent dans le nouveau budget. "Avant le problème était surtout du côté de l'offre. Aujourd'hui on voit un très fort recul de la demande", résume Gilles Roth. Reconnaissant que la construction de logements "est actuellement le plus grand défi dans notre pays".

Toutes les mesures annoncées coûtent cher puisqu'elles représentent un manque à gagner de 130 millions d'euros pour les recettes de l'État et que les crédits pour les aides individuelles du ministère du Logement passeront de 48 millions d'euros en 2023 à 95 millions en 2027. Pour racheter des projets de construction, l'État va aussi "massivement" investir. Au lieu des 110 millions d'euros investis aujourd'hui, il compte mettre 480 millions sur la table entre 2024 et 2027.

Gilles Roth a annoncé ce mercredi l'augmentation des accises sur le tabac. Il s'agira d'une hausse de 2,7%, qui ne devrait pas porter préjudice à la compétitivité de l'industrie dans ce secteur. De nouvelles accises taxeront bientôt aussi les cigarettes électroniques ou les sachets de nicotine.

De meilleures recettes en 2025

Alors que l'Inspection générale des finances avait prédit en octobre un déficit budgétaire de 3,6 milliards d'euros pour l'État central (donc sans les communes, ni les caisses sociales), le déficit est finalement de 1,9 milliard d'euros.

Gilles Roth a confirmé ce qu'il avait déjà annoncé sur RTL il y a deux semaines: les efforts d'économie seront réalisés au niveau des dépenses courantes et des coûts de fonctionnement.

De manière générale, la progression des dépenses se tasse et se rapprochera de la progression des recettes en 2024. Le gouvernement s'attend à un renversement de l'"effet ciseaux" négatif "avec une progression plus rapide des recettes que celle des dépenses en 2025".

Entre 2018 et 2023, sous la houlette du gouvernement DP-LSAP-Les Verts, la dette publique a continuellement progressé. Elle passera de 22,2 milliards d’euros (26,5% du PIB) en 2024 à 26,5 milliards d’euros (27,3% du PIB) en 2027, "donc un aplatissement de la dette publique en termes de PIB en cours de législature".

Le nombre de nouvelles embauches auprès de l’État restera élevé, mais augmentera moins vite que par le passé. "Les recrutements les plus importants se feront dans la police, l'Éducation nationale et l'Armée", explique le ministre des Finances. Mais ce ne sera pas facile.

Comme l'explique Gilles Roth, "on ne trouve pas toujours les gens", pour faire fonctionner l'appareil étatique. Au total, 6.555 postes ont été créés entre 2020 et 2023 au Luxembourg. Près de 1.800 postes étaient encore vacants fin 2023. Le budget consacré au personnel de l'État est passé de 4,2 milliards en 2018 à "désormais plus de 7 milliards".