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Le ministre des Finances Gilles Roth déposera ce mercredi à 9 heures le budget 2024 -c'est le premier projet de budget du gouvernement CSV-DP- à la Chambre des députés.
Le changement de gouvernement explique que le projet de budget 2024 ne soit que déposé ce mercredi 6 mars et qu'il ne couvre que huit mois, c'est-à-dire de mai à décembre 2024. C'est une situation exceptionnelle qui fait suite aux élections législatives d'octobre. Un budget provisoire couvre la période allant jusqu'au 30 avril.
Le budget de l'État 2024 qui doit entrer en vigueur à partir du 1er mai est à voir comme un "budget de transition", comme l'a qualifié Gilles Roth, ministre des Finances (SCV) qui déposera son projet ce mercredi matin au parlement, avant de fournir des explications aux députés.
Ce "budget de transition" arrive dans un contexte difficile. Outre l'incertitude géopolitique et une croissance faible, les finances publiques luxembourgeoises sont déjà dans le rouge. À la fin décembre, les recettes de l'année dernière avaient augmenté de 7%, mais dans le même laps de temps, les dépenses avaient doublé! L'écart est toujours là et si la politique reste inchangée, le déficit budgétaire de l'État central (c'est-à-dire sans les communes et les caisses sociales) passerait de 2,7% l'an dernier à 3,8% cette année, selon les chiffres de l'Inspection générale des finances.
Dans ce contexte, le Premier ministre Luc Frieden avait déjà annoncé le 22 février qu'il faudrait réduire le déficit dès cette année. Gilles Roth avait révélé dans la foulée, et pour la première fois sur RTL que des "mesures d'austérité" seraient nécessaires.
La dette publique dans le collimateur
Mais pas de mesures qui puissent nuire au pouvoir d’achat ou à la compétitivité des entreprises. Les investissements doivent également rester élevés. Gilles Roth a identifié des potentiels d'économies ou d'" optimisation des dépenses", comme il dit, au niveau du fonctionnement de l'État: dans la numérisation, la politique de l'emploi et les bâtiments que l'État loue et achète par exemple.
Selon ses propres termes: "Tout ne doit pas nécessairement être cuit comme un jambon dans le lait". Gilles Roth, lorsqu'il était encore sur les bancs de l'opposition, a toujours regretté que le gouvernement ne garde pas une "pomme pour la soif". L'objectif du gouvernement Frieden-Bettel est de maintenir le Triple A dans des conditions de refinancement favorables. La dette publique devrait donc avoir une trajectoire inférieure à 30 % du PIB. Mais selon les chiffres du Trésor, ce seuil serait franchi en... 2026.
Pour rééquilibrer le budget, il faudrait que tous ces efforts d'économies soient considérables, car le budget de cette année comportera un certain nombre de nouvelles dépenses ou des valeurs négatives comme déjà déjà annoncé par le nouveau gouvernement CSV-DP. Comme par exemple, le coût de l'ajustement du barème d'imposition à 4 tranches d'indice (480 millions d'euros de recettes en moins) ou le "neie Schwong" (traduisez: " nouvel élan") pour le secteur de la construction et les investisseurs (480 millions d'euros rien que pour l'achat de logements sur le marché privé). Sans oublier les dépenses militaires qui devraient, elles aussi, grimper progressivement.
"Serrer la vis"
Dans le budget de cette année, apparaîtront encore des mesures du gouvernement DP-LSAP-Les Verts précédent. Comme le coup de frein de la hausse des prix de l'énergie et d'autres mesures de compensation issues du "Paquet solidarité", qui avaient été décidés au niveau tripartite et pour lesquels une enveloppe de 4 milliards d'euros était prévue. Le gouvernement va maintenant examiner comment ces mesures seront réduites ou remplacées l’année prochaine.
Le projet de budget 2024 continuera donc d'être déficitaire, mais Gilles Roth avait déjà annoncé fin janvier que dans les années 2025, 2026 et 2027 "il faudra serrer un peu la vis". Tout cela ne constitue pas de bonnes conditions en vue d'une réforme fiscale majeure, que le gouvernement veut préparée au moins d’ici la fin de la législature.
Mais des réductions d’impôts pour les entreprises devraient déjà entrer en vigueur l'année prochaine. L'approche du gouvernement CSV-DP constitue à stimuler l'économie afin de générer plus de revenus pour faire face aux dépenses. Depuis le changement de gouvernement, le LSAP et les Verts regrettent que le gouvernement mise trop sur la seule croissance et qu'il n'ait pas de "Plan B". Ils exigent également davantage d’impôts sur les grosses fortunes et sur les bénéfices.
Le rapporteur du budget 2024 est la députée CSV, Diane Adehm. Le vote sur le projet de budget 2024 doit avoir lieu le 25 avril.
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