Rétrospective2025, l’année où une nouvelle ère a commencé pour notre défense

Jeannot Ries
traduit pour RTL Infos
Avec la Russie perçue comme une menace et les États-Unis considérés comme un partenaire moins fiable qu’auparavant, les États européens doivent désormais investir eux-mêmes dans leur défense.
2025: D'Joer wou eng nei Epoque fir eis Defense ugefaange huet
Och d’Defense an d’Diskussiounen dorëmmer dierfen an engem Joresréckbléck net feelen.

« Notre défense nationale et collective dépend plus que jamais de l’engagement volontaire des femmes et des hommes au sein de notre armée », a déclaré la ministre Yuriko Backes, après que le gouvernement a décidé cette semaine d’un paquet de mesures visant à rendre l’armée plus attractive.

L’ampleur des défis a été soulignée par le général Steve Thull lors de la cérémonie de Noël au Härebierg. « Les exigences sont tout simplement énormes, si bien que nous avons impérativement besoin de nombreuses femmes et de nombreux hommes motivés pour pouvoir faire face à toutes les tâches qui nous attendent. »

L’année 2025 entrera dans l’histoire comme celle où une nouvelle époque a commencé pour notre défense. La pression est forte : l’Europe doit se redresser et se tenir sur ses propres jambes, face aux menaces russes. Mais aussi en tenant compte de l’allié historique, les États-Unis, sur lesquels on peut désormais moins compter. Des défis qui ne passent pas à côté du Luxembourg.

« Au sein de l’OTAN, une analyse a été menée pour déterminer quelles capacités sont nécessaires afin de pouvoir se défendre en tant qu’alliance. Le Luxembourg doit assumer sa part du gâteau. Cela signifie des changements très importants pour notre défense, pour notre armée », déclarait la ministre de la Défense Yuriko Backes début juin, en amont d’un sommet de l’OTAN appelé à entrer dans l’histoire.

Le sommet de l’OTAN à La Haye s’est transformé en opération de charme pour éviter un affrontement avec les États-Unis. Et pourtant.

Dans les mois qui ont suivi, les choses sont devenues encore plus claires. L’administration Trump a à plusieurs reprises attaqué et remis en question le partenariat transatlantique tel qu’il s’était construit depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

L’Europe n’a d’autre choix que de se tenir sur ses propres jambes. Pas seulement en matière de défense, mais aussi précisément dans ce domaine. À la fin de cette année, le Luxembourg consacrera 2 % de son revenu national brut à la défense, soit près de 1,2 milliard d’euros. Un objectif qui aurait dû être atteint cinq ans plus tôt que prévu. Un budget qui, pour répondre aux objectifs de l’OTAN, devrait être multiplié par quatre d’ici 2035.

« Il ne faut pas se focaliser sur les pourcentages, mais sur une trajectoire. Et cette trajectoire signifie que nous devrons tous, y compris le Luxembourg, faire progressivement davantage pour notre sécurité au cours des prochaines années, car sans sécurité, il n’y a pas de liberté », a déclaré le Premier ministre Luc Frieden le 25 juin lors du sommet de l’OTAN à La Haye.

Comme tous les États membres de l’OTAN, le Luxembourg a reçu un catalogue de devoirs, appelés des « targets ».

Pour l’armée luxembourgeoise, cela signifie 650 femmes et hommes supplémentaires au cours des 10 à 15 prochaines années.

Outre le satellite d’observation de la Terre LUXEOSys, un deuxième GovSat sera commandé. Un tout nouveau volet concerne la défense aérienne. L’analyse est encore en cours : quel système, et avec quels partenaires. Le Luxembourg devra également mettre à disposition un hôpital militaire mobile et une station de ravitaillement mobile pour avions, ainsi que des drones d’observation et de combat. Il est également à l’étude de savoir si l’aéroport du Findel pourrait devenir une base arrière de l’OTAN.

S’y ajoute le bataillon belgo-luxembourgeois, avec les véhicules nécessaires, qui doit encore être mis en œuvre depuis le cycle précédent.

Le financement se fera en partie par un nouveau moyen : des « Defence Bonds », pour un montant de 150 millions d’euros, que le gouvernement prévoit d’émettre à la mi-janvier.

Ces investissements ne pèseront pas uniquement sur le budget, à hauteur de plusieurs milliards. En matière de personnel, la défense luxembourgeoise devra recruter 650 personnes au cours des 10 à 15 prochaines années. Outre le Härebierg, le Bleesdall et le Waldhaf, des investissements sont prévus à Suessem, Arlon et sur d’autres sites.

« Dépenser de l’argent n’est pas le problème, disons-le ainsi. La question est plutôt : comment l’utiliser ? Qu’en fait-on ? Cela doit avoir du sens », a souligné Yuriko Backes.

L’économie luxembourgeoise devrait elle aussi en bénéficier.

C’est l’une des raisons pour lesquelles l’association « LuxDefence » a été officiellement présentée en novembre. Une plateforme qui regroupe plus de 80 entreprises.

« Nous avons identifié 110 entreprises qui pourraient potentiellement être concernées. Le fait que nous ayons déjà réussi à en rassembler presque toutes montre qu’il y a un réel intérêt. Beaucoup disposent déjà d’une expertise, mais ne savent pas encore comment accéder à ces capacités de l’OTAN. C’est extrêmement complexe. D’autres proposent déjà des produits à usage dual », expliquait Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de commerce, le 25 novembre.

L’Europe se réarme. Des milliards sont mobilisés, à un moment où la Russie est considérée comme une menace directe. Et pas seulement pour les pays de l’Est.

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