Au soir du premier tour, dimanche 30 juin, le Rassemblement national est arrivé premier dans les neuf circonscriptions électorales de Moselle. Pour faire barrage au RN, les candidats du Nouveau Front Populaire (NFP) qualifiés pour le second tour, mais en mauvaise position, ont retiré leurs candidatures au cours de la semaine. Après sept années de présidence d’Emmanuel Macron, la France basculera-t-elle ou non vers l’extrême droite ce dimanche 7 juillet?
Durant l’entre-deux-tours des élections législatives, RTL Infos a tendu son micro aux habitants de Fameck et d’Audun-le-Tiche, dans la 8e circonscription de Moselle, pour comprendre le pourquoi du large vote en faveur du RN, mais aussi ce qui motive les électeurs à se rendre plus nombreux aux urnes ou de s’y refuser. À Audun-le-Tiche, tout près de la frontière luxembourgeoise, le député RN sortant, Laurent Jacobelli (36,97%) a devancé la candidate du NFP, Céline Léger (33,56%) au premier tour. Tandis qu’à Fameck, Cécile Léger (44,82%) a largement devancé Laurent Jacobelli (34,1%).
“Le pouvoir d’achat n’est pas très bon. Tous les prix augmentent, mais pas les salaires! Il faudrait indexer les salaires sur l’inflation ce serait déjà une bonne chose”, selon Laurent, trentenaire, croisé à Fameck. Le pouvoir d’achat, le chômage, l’avenir des jeunes, mais les questions liées à la retraite et avant tout, l’insécurité ambiante, sont les sujets qui préoccupent le plus les électeurs croisés dans les rues.
Le sentiment d’une insécurité grandissante s’explique. A Audun-le-Tiche, la fusillade qui avait fait cinq victimes dans la commune voisine de Villerupt en mai 2023 et encore dans toutes les têtes. A Fameck, la mairie a fait peau neuve, mais le saccage de l’hôtel de ville et du bureau de Poste, est loin d’être oublié.
Croisé à Audun-le-Tiche, Carlos “n’est pas surpris” par le vote majoritaire en faveur du RN parce que “vu tout ce qui se passe en France, ça ne m’étonne pas que le RN monte en puissance. Parce que les gens en ont marre. On vit dans un pays d’insécurité”, estime-t-il, sans perdre le sourire pour autant.
Jean-Pierre, en revanche, perd le sien quand il parle de l’”insécurité que tout le monde ressent à travers le pays”. Il estime que “toute l’Europe” est “touchée par le phénomène d’envahissement” et regrette la France d’il y a “30 ou 40" empreinte de cet “art de vivre” et d’une “amabilité” qui lui manquent quand il se balade dans les lieux publics aujourd’hui.
Hocine, croisé à Fameck, parle du “ras-le-bol” venant de la “tendance à stigmatiser assez souvent” les musulmans, dont il fait partie. Alors même qu’à Fameck, “les musulmans sont très bien intégrés et participent très bien à la politique”. Hocine ne votera pas ce dimanche, car il fait partie de ceux “qui n’y croient plus”, sous entendu à la politique. Il note que “ce sont toujours les mêmes problèmes qui ressortent”. ll cite le pouvoir d’achat et l’immigration.
Plus loin, sur la place du marché, Saber “ne comprend pas pourquoi il y a une percée du RN”. D’autant qu’il estime vivre dans une “région qui est pourtant dynamique” où “on a du travail”. Il s’interroge à haute voix: “Est-ce dû à l’ensauvagement du pays? Je ne sais pas”. Ou “c’est peut-être un ras-le-bol des gens?”
C’est précisément ce que pense Abdel: “Les gens ne votent pas forcément RN parce qu’ils sont racistes, mais parce que Macron a tellement fait mal”. Il estime que c’est une accumulation de choses et cite la récente hausse de la facture moyenne du gaz de 11,4%, le coût des assurances et “les plus de 1.000 milliards rajoutés par Macron à la dette”.
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