Fusillade à VilleruptTrois victimes dans un état très préoccupant, une voiture retrouvée brûlée

RTL Infos
Une fusillade a éclaté samedi soir à Villerupt. Cinq personnes ont été blessées par balles, dont trois gravement, dans la petite ville proche de la frontière luxembourgeoise hantée par le trafic de drogue. Le tireur a été identifié, a-t-on appris auprès des autorités.
Fusillade à Villerupt, plusieurs blessées
Une fusillade a éclaté samedi soir à Villerupt puis à Audun-le-tiche, à la frontière luxembourgeoise.

Stupeur à Villerupt, à quelques kilomètres de la frontière luxembourgeoise. Une fusillade a éclaté en plein centre-ville en début de soirée, samedi. Un homme encagoulé a ouvert le feu avant de prendre la fuite à bord d’un véhicule.

Il y a cinq victimes, quatre hommes et une femme. Trois personnes sont grièvement atteintes, avec deux pronostics vitaux engagés. Parmi les blessés, il y a une personne mineure, et le plus âgé est un trentenaire”, a déclaré la procureure de la République de Val-de-Briey, Catherine Galen.

Ce dimanche, Le Républicain Lorrain indique qu’un mineur de 17 ans, touché à la tête et héliporté à Nancy, se trouve dans une situation très préoccupante. Son pronostic vital est engagé comme celui d’un jeune homme de 20 ans, touché au niveau du cœur, pris en charge par l’hôpital de Mercy. Grièvement blessé au torse, un homme, qui a réussi à fuir à Audun-le-Tiche avant d’être transporté à l’hôpital d’Esch-sur-Alzette, suscite toujours l’inquiétude.

Il y a un tireur identifié, qui a procédé à de nombreux tirs sur place, de nombreuses douilles ont été retrouvées”, a-t-elle ajouté, sans préciser la nature de l’arme à feu utilisée, “en cours d’identification”.

Le quotidien régional évoque encore, ce dimanche après-midi, l’incendie d’un véhicule à Fameck qui s’est déclaré samedi soir, une heure et demie après la fusillade survenue à Villerupt. Un individu armé d’un couteau a menacé un, voire deux automobilistes dans une des rues principales de cette ville située à près de 30 kilomètres de Villerupt.

“J’ai fait de la m... à Villerupt” aurait-il lancé à sa ou ses victimes, avance le journal lorrain, qui précise que “le lien n’est pas formellement établi avec la fusillade de Villerupt”, mais que “les présomptions sont fortes.” L’homme aurait été récupéré par un véhicule, place du Marché, et est toujours en fuite.

Une vingtaine de douilles au sol

Selon nos observations sur place, des victimes se trouvaient dans la cours de la Central Résidence, place Jeanne d’Arc, au moment des tirs. Une vingtaine de douilles se trouvaient au sol et, aux alentours de 21h20, plus d’une trentaine de policiers étaient encore sur place sous le regard de plusieurs résidents.

Un périmètre de sécurité a été dressé au pied d’un immeuble de six étages. Au sol, quelques traces de sang sont visibles, tandis que la police scientifique prélevait encore en fin de soirée des éléments de preuve, placés dans des enveloppes en kraft. Des canettes ou encore une chaise de camping ont ainsi été récupérés, a constaté un journaliste de l’AFP.

Selon le maire de Villerupt, Pierre Spizak, il s’agirait d’un règlement de compte lié au trafic de drogue, ce qui n’étonnerait pas grand monde dans le quartier.

La réaction du maire de Villerupt, Pierrick Spizak
“Les agents de police n’ont pas les moyens de travailler correctement” affirme le maire de Villerupt.

Une enquête de flagrance a été ouverte, confiée à la DTPJ de Metz (Direction territoriale de la police judiciaire, anciennement DRPJ). Le parquet de Val-de-Briey, non compétent pour ce type de faits, devrait se dessaisir de l’enquête au profit du parquet de Nancy.

Il n’y a rien à Audun-le-Tiche

Selon Le Républicain Lorrain, samedi soir, les événements se seraient déroulés en deux temps avec, une fusillade au centre-ville de Villerupt et le même suspect qui aurait fait une cinquième victime Audun-le-Tiche, en Moselle.

Mais “ll n’y a eu qu’une seule scène de tirs, il n’y a rien à Audun-le-Tiche”, a attesté Catherine Galen, alors que certaines autorités locales avaient précédemment annoncé que des tirs avaient également eu lieu sur cette commune voisine, de l’autre côté de la limite du département.

© Sébastien Bozon / AFP

Sollicités, les élus de Villerupt ont exprimé leur émotion, tout en assurant avoir réclamé de longue date des moyens policiers supplémentaires pour faire face aux trafics en tout genre qui rongent cette commune de 10.000 habitants située à moins de dix kilomètres de la frontière luxembourgeoise, et à une vingtaine de kilomètres de la Belgique.

Je suis choqué, ce n’est pas ce que nous voulons voir sur notre commune. Je pense aux familles, j’espère que demain elles ne vont pas devoir enterrer leurs enfants”, a déclaré le maire de Villerupt.

“L’Etat nous abandonne”

Selon Pierre Spizak, la fusillade a eu lieu “à l’endroit d’un point de deal”, et laisse penser à “un règlement de comptes”. “Je ne dis pas que les blessés sont des trafiquants, c’était peut-être simplement des amis qui discutaient. Mais ça fait un certain temps que nous alertons sur la situation, nous sommes démunis, et aujourd’hui on se retrouve avec trois blessés graves”, a-t-il regretté.

Il y a des petits trafics, des plus gros trafics, des marchands de sommeil, de la prostitution... Ce sont des problématiques liées notamment aux frontières, c’est facile de passer d’un côté à l’autre, et nous avons peu d’agents de police. Ils font ce qu’ils peuvent avec les moyens qu’ils ont, mais l’Etat nous abandonne”, a-t-il déploré.

L’élu a spontanément évoqué la visite sur la commune en mars 2021 du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. “Depuis, la situation a empiré concernant l’hôtel de police”, juge Pierre Spizak.

L’alerte avait été donnée “Il y a deux ou trois semaines”

Nous avons 79 agents hors personnel administratif, alors qu’il y a deux ans, le ministère de l’Intérieur devait monter les effectifs à 104, ce qui fait un différentiel de 25 agents”, a-t-il compté, craignant que les prochains grands événements sportifs organisés en France (Coupe du monde de rugby, Jeux olympiques) diminuent les effectifs locaux de police nationale.

© Sébastien Bozon / AFP

Selon Pierre Spizak, la visite ministérielle a permis de maintenir ouvert le commissariat de la commune. “Mais parfois, il n’y a qu’une seule personne à l’intérieur”, a-t-il souligné. “Nous avons actuellement entre 11.000 et 12.000 plaintes qui ne sont pas traitées, par manque de moyens. Qu’est ce qu’on peut faire ? Une nouvelle visite ministérielle ?”.

Le maire a néanmoins salué le travail réalisé localement par les fonctionnaires de police, ainsi que par les médiateurs de rue.

Mais ce qui s’est passé aujourd’hui, malheureusement, c’est quelque chose sur lequel nous avions alerté il y a deux ou trois semaines”, a-t-il conclu. “On avait dit “attention, ça monte, on pourrait avoir des morts”. C’est dramatique”.

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