© Domingos Oliveira/ RTL Luxembourg
Trop souvent ignorée, l'expérience des locataires sur le marché privé luxembourgeois a été mise en exergue ce mardi dans un rapport édifiant signé par une équipe de chercheurs de l'Université du Luxembourg.
C'est en présence du ministre du Logement, Claude Meisch, et du Mieterschutz que les chercheurs de l'Université du Luxembourg ont présenté mardi leur rapport intitulé "L'expérience des locataires sur le marché locatif privé au Luxembourg". Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les résultats de cette étude étaient très attendus. Le constat, pour sa part, est accablant.
Une des chercheuses de l'Université du Luxembourg photographiée lors de la présentation du rapport / © Gaël Arellano/ RTL Luxembourg
Si les problèmes liés à l'abordabilité et aux résiliations de bail étaient bien connus du public, ce rapport met en lumière d'autres problématiques tout aussi gênantes. Une des plus choquantes est celle qui concerne les conditions d'habitation. En effet, d'après le rapport, un locataire sur cinq a connu des problèmes de cet ordre. Parmi les personnes concernées, 34,3% ont rapporté des problèmes de moisissures ou d'humidité dans leur logement locatif. 22,4% ont connu des problèmes de chauffage et 22,4% se sont confrontés à des problèmes d'ordre structurel.
-> À lire aussi: Témoignages de locataires: "Je ne trouve pas de logement à un prix raisonnable à Luxembourg"
Pour tirer leurs conclusions, les chercheurs de l'Université du Luxembourg se sont basés sur 262 correspondances entre locataires et le Mieterschutz. Ils ont également organisé cinq groupes de discussion incluant 32 participants qui ont partagé leur sentiment sur leur situation en tant que locataires au Grand-Duché. Certaines interventions marquantes ont d'ailleurs été mises en avant dans la présentation faite à la presse ce mardi. "Le système de location au Luxembourg nous fait envisager un retour à la maison", pouvait-on lire. Une réflexion que l'on entend de plus en plus au détour d'une conversation au sujet du logement au Grand-Duché.
Et ce sont bien évidemment les groupes vulnérables tels que les ménages avec enfant qui rencontrent le plus de difficultés. Nous sommes tombés sur un témoignage particulièrement révélateur dans ce rapport long d'une cinquantaine de pages. "J'ai quitté la maison avec mes trois enfants puis j'ai parlé à ma propriétaires qui détient plusieurs maisons et elle m'a donné un studio. J'y vis avec mes enfants, c'est très petit. On est tous dans la même chambre, seule la toilette est séparée. On a un lit superposé, les deux petits dorment en bas, le plus âgé au dessus. Je dors à côté."
Jean-Michel Campanella président du Mieterschutz photographié lors de la conférence organisée à l'Université du Luxembourg / © Gaël Arellano/ RTL Luxembourg
Autre constat tout aussi consternant, la restitution de la garantie bancaire fait partie des problèmes les plus fréquemment rencontrés par les locataires. C'est ce qui ressort des correspondances passées en revue par les chercheurs de l'Université du Luxembourg. "On ne sait pas si on va récupérer le dépôt de l'ancien appartement ou non", a déclaré un participant au groupe de discussion organisé par l'université. Et c'est d'autant plus compliqué lorsqu'on ne connaît pas bien la réglementation en vigueur.
-> À lire aussi: Expulsions au Luxembourg: quand peut-on demander à un locataire de partir?
"La loi est tellement complexe qu'il est souvent difficile de s'y retrouver", a souligné un autre participant. Une affirmation soutenue par le Mieterschutz qui a régulièrement recours à des avocats pour régler les contentieux. Résoudre ce problème fait partie des recommandations faites par les chercheurs de l'Université. Ils recommandent notamment la production de "brochures axées sur les droits" des locataires ainsi que des "campagnes bien ciblées" à ce sujet. Ils suggèrent également des "modèles de communication" pour les correspondances locataire-propriétaire ainsi des aides ciblées pour les "groupes économiquement vulnérables et les ménages avec enfants".
-> À lire aussi: La galère des locataires: Préavis de 3 mois : "Des gens sont en panique et craignent l'expulsion"