C’est un dossier industriel qui traîne depuis plus six ans. Depuis la déclaration de faillite de Liberty Steel, fin novembre 2024 - et après une longue période d’incertitude déjà - 150 salariés de l’entreprise sidérurgique implantée dans la zone industrielle Wolser à Dudelange, continuent d’assurer la maintenance et la sécurité du site, “tout en étant contraints de chercher un emploi ailleurs ou de s’inscrire au chômage, bien qu’un poste leur soit théoriquement promis”, expliquent l’OGBL et le LCGB pour dénoncer une situation ubuesque et sans fin.
Elle a été longuement discutée ce mardi matin en comité de conjoncture à Luxembourg et “nous avons des propositions sur la table que nous ne pouvons pas encore communiquer. Mais nous sommes convaincus de pouvoir apporter une solution”, a lancé Georges Mischo, ministre du Travail, venu à la rencontre des salariés de Liberty Steel qui participaient ce mardi matin à un rassemblement organisé par les deux syndicats devant l’immeuble du ministère de l’Économie, boulevard Royal. Il reste à discuter de la faisabilité des propositions.
“C’est une situation très très critique, très fatigante, qui dure maintenant depuis six ans”, a résumé le ministre en reconnaissant que ce sont les salariés qui en pâtissent le plus. “On va vous soutenir parce que vous êtes dans une sale situation. Et on ne va pas vous oublier!” , a-t-il promis au micro, face à des mines préoccupées.
Les employés ont perçu leur dernier salaire il y a six mois. Des aides leur avaient été rapidement versées après la faillite de Liberty Steel, mais elles ne suffisent pas pour continuer à subsister sans salaire assurent les syndicats. Pourtant “il faut se donner les moyens de garder les salariés. Car le site a la possibilité de continuer à fonctionner, et c’est ce que nous souhaitons tous. Mais le site ne peut pas fonctionner sans ses employés”, lance Stefano Araujo, secrétaire central du syndicat Sidérurgies et Mines de l’OGBL.
“Il faut maintenant un acte concret pour faire une transition vers ce repreneur ou un autre”, clame Robert Fornieri, secrétaire général adjoint du LCGB. Un repreneur a bien été identifié. Il s’agit du groupe turc Tosyali Holding, leader mondial dans la production d’acier vert. Mais aux yeux des salariés qui vivent dans l’incertitude depuis des mois, et des syndicats: “Le processus de vente prend trop de temps”.
L’État “a fait tout ce qu’il a pu” et a jusqu’à présent “investi 12 millions d’euros dans le site”, rappelle le ministre du Travail. Georges Mischo dit espérer avoir la signature du repreneur d’ici la mi-mai.
Dans le dossier Liberty Steel, le Luxembourg se retrouve face à une situation pour laquelle “ni le cadre légal ni les outils de gestion de crise ne sont véritablement adaptés. Cette transition entre faillite et reprise révèle un vide auquel il est urgent de répondre”, soulignent les syndicats.
“Si le législateur n’arrive pas à tirer les conclusions d’un situation aussi dramatique, inédite et exceptionnelle que celle-ci, ce serait une honte, un échec total, une occasion ratée!”, lance Robert Fornieri du LCGB. Il relève surtout que pour les frontaliers, “on n’a pas de cohérence dans nos mesures sociales. Entre la France, le Luxembourg, la Belgique, l’Allemagne tout est différent. Il est l’heure de penser Grande région et de réformer le cadre pour les travailleurs qui viennent au Luxembourg et qu’ils soient traités de manière équitable entre tous”.
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