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Aux abois depuis près de deux ans, le marché de la VEFA "voit le bout du tunnel" en ce début d'année 2025. Cela grâce à de généreuses aides étatiques mais aussi à la baisse des prix sur le neuf, affirment nos trois invités dans "La Bulle Immo".
Plongé dans une "crise profonde" depuis près de deux ans, le marché du logement a récemment connu un nouveau renversement. Les aides fiscales annoncées par le gouvernement au mois de février dernier ont fini par porter leurs fruits lors du deuxième semestre 2024. Les ventes ont repris de plus belle sur le marché de l'existant, atteignant des niveaux proches de ce que le Luxembourg avait connu avant 2022. La situation restait cependant inquiétante sur le marché de la VEFA, comme le confirmait encore au mois de décembre le CEO de l'ABBL, Jerry Grbic.
Invité dans l'émission "La Bulle Immo" en cette fin du mois de janvier, le vice-président de la Chambre Immobilière, Jean-Paul Scheuren assure que l'on "voit le bout du tunnel" sur le marché du neuf. "Nous avons constaté un regain d'intérêt pour la construction neuve", a confirmé Paulo Madureira, CEO de l'agence New Immo qui travaille exclusivement sur le segment des ventes en état de futur achèvement (VEFA). Pour sa part, le directeur des ventes chez Thomas & Piron, François-Xavier Gilen, précise que les clients "privilégient les biens préconstruits". "Les ventes sur plan sont beaucoup plus rares", admet-il.
Toujours est-il que l'annonce par le gouvernement de la prolongation des aides fiscales jusqu'au 1er juillet 2025 semble avoir titillé l'intérêt des investisseurs. Et si la baisse des taux d'intérêt y est forcément pour quelque chose, nos trois invités insistent sur l'importance de la chute des prix sur le neuf."Les promoteurs ont ajusté leurs prix", assure Paulo Madureira qui rappelle les statistiques publiées par l'Observatoire de l'habitat (-11% sur un an) l'été dernier. Des chiffres qu'il faut remettre en perspective puisqu'ils se reposent sur un nombre de transactions très limité, comme l'explique l'OH dans son dernier rapport d'analyse.
Jean-Paul Scheuren n'en démord pourtant pas. Pour lui, "les prix sont arrivés au creux" et ne devraient donc plus baisser dans les mois à venir. Il estime qu'il faut désormais accompagner au maximum les acheteurs potentiels et c'est d'ailleurs une des priorités de la Chambre Immobilière qui est à l'origine du site "Aides.lu". "On s'est rendu compte que les gens ne comprenaient pas les mesures de l'Etat", a-t-il commenté. Il prend l'exemple de l'amortissement accéléré qui représente, d'après ses calculs, une déduction fiscale qui peut aller jusqu'à 30.000 euros par an, pendant six ans. C'est d'ailleurs un des arguments qui leur fait dire que "c'est le moment d'acheter" du neuf.
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François Xavier Gilen, directeur des ventes chez Thomas & Piron, affirme qu'il y a "de très bonnes affaires" à saisir dans la VEFA en ce moment au Luxembourg. Il soutient que les prix de l'existant ont augmenté et se sont rapprochés du neuf ces quatre derniers mois. D'autant plus de raisons qui rendent l'achat d'un logement neuf plus intéressant, d'après lui. À cela s'ajoute le compte à rebours des aides fiscales. "Celui qui ne profite pas des aides ne peut pas s'attendre à ce que ce soit prolongé, le message a été clair", ajoute Jean-Paul Scheuren, en faisant référence au discours de Luc Frieden au mois de décembre dernier.
En ce qui concerne d'éventuelles hausses de prix sur le neuf liées au manque de construction au Grand-Duché, M. Gilen s'est voulu rassurant. "Une hausse de prix n'est aujourd'hui pas à craindre", a-t-il déclaré. Il s'est néanmoins montré moins confiant quant à la capacité des entreprises à construire assez dans les années à venir. "Les sociétés ont perdu de la main d'oeuvre" a-t-il rappelé tout en confirmant que "c'est une vraie crainte chez Thomas & Piron". "Demain il faudra que cette main d'oeuvre se renouvelle", a-t-il souligné avant d'ajouter que le gouvernement devra veiller à rendre cette transition possible dans les années à venir.
Il a également souligné le besoin urgent d'une simplification administrative dans le domaine de la construction: "Il faut que les procédures s'accélèrent. Aujourd'hui, quand on investit dans un terrain, il faut entre quatre et douze ans pour poser la première pierre ou vendre le premier logement, ce délai est astronomique. Le Grand-Duché pêche aujourd'hui par sa lenteur administrative (...) Il faut des mesures fortes pour que des projets puissent sortir de terre beaucoup plus vite que ce qu'on a connu les dernières années."
Plusieurs autres sujets tels que le rôle des banques dans la reprise de la construction, la réforme annoncée dans la construction de logements sur le territoire luxembourgeois ou encore la charte mise en place par la Chambre immobilière afin d'aiguiller les acheteurs dans leurs démarches. Les détails de nos échanges sont à écouter en cliquant sur l'audio en haut de cet article. Vous pouvez également retrouver l'émission sur RTL Play en cliquant ci-dessous ou sur Apple Podcast et Spotify.