Après plusieurs mois de débat, de rebondissements et d’incertitudes, le Luxembourg a finalisé sa réforme des retraites. Après un examen à vitesse grand V entre septembre et décembre, les députés ont voté la réforme ce jeudi 18 décembre 2025... pour une entrée en vigueur le 1er janvier 2026.
Deux textes de loi composent la réforme des retraites. Le premier, incluant les principales mesures, a été longuement débattu ce jeudi avant d’être voté avec 34 voix favorables. Il apporte plusieurs changements majeurs pour les travailleurs du Luxembourg, qu’ils soient résidents ou frontaliers. Le deuxième (incluant l’abattement de maintien dans la vie professionnelle et l’amélioration de l’abattement fiscal pour la prévoyance-vieillesse) a été plus largement voté ce jeudi soir (41 voix favorables).
Le principal étant l’allongement de huit mois de la durée de cotisation pour valider une carrière complète au Luxembourg. Il faudra donc travailler 40 ans et huit mois pour partir en retraite après 60 ans (les personnes éligibles à un départ à 57 ans ne sont pas concernées). Cet allongement de la durée de cotisation est appliqué progressivement :
En 2026, le mois de cotisation supplémentaire sera obligatoire à partir du 1er juillet 2026. Un délai choisi pour permettre aux travailleurs ayant soumis leur dossier de retraite jusqu’à fin 2025 de ne pas avoir à réaliser ce mois de cotisation supplémentaire alors que leur demande a été déposée avant l’entrée en vigueur de la loi.
L’autre mesure importante de la réforme, c’est l’augmentation du taux de cotisation, qui est relevé à 25,5%, contre 24% auparavant. Les cotisations prélevées sur le salaire brut d’un travailleur, mais aussi chez l’employeur et auprès de l’État, sont relevées de 0,5 point de pourcentage et participeront au financement du système luxembourgeois. Ce qui se traduira par une légère baisse de salaire dès janvier.
L’âge légal de départ en retraite n’a lui pas bougé et reste fixé à 65 ans au Luxembourg. Le montant de la pension minimum reste également inchangé. Le gouvernement a toutefois promis d’introduire plus tard une aide financière pour les personnes âgées.
En parallèle de ces mesures fortes, la réforme a également permis au gouvernement d’apporter certains aménagements. Certains sont favorables aux travailleurs, comme la flexibilisation des années d’études en tant que périodes complémentaires : neuf années pourront être incluses à condition d’avoir fait partie du cursus de formation après les 18 ans du futur retraité. Le maintien de l’allocation de fin d’année, d’environ 1.000€ brut pour une carrière complète, alors qu’elle aurait dû être perdue avec le relèvement du taux de cotisation au-delà de 24%.
Le gouvernement a également donné un coup de pouce aux travailleurs capables de cotiser à une prévoyance-vieillesse : le 3e pilier de la retraite luxembourgeoise leur permettra de réduire leur revenu imposable de 4.500€, contre 3.200€ auparavant. Un avantage important pour ceux dont le revenu est confortable.
En revanche, le gouvernement a maintenu un élément de la réforme de 2012 : le modérateur de réajustement. C’est un mécanisme qui a pour but de limiter la hausse des pensions par rapport aux salaires réels, uniquement dans le cas où les cotisations prélevées ne suffiraient plus à couvrir les dépenses courantes du système de retraite luxembourgeois.
Enfin, le gouvernement a créé deux dispositifs élaborés pour inciter les travailleurs à poursuivre leur carrière jusqu’à l’âge de 65 ans. Ceux qui pourront partir avant cet âge bénéficieront d’ un avantage fiscal large : baptisé abattement de maintien dans la vie professionnelle, il pourra donner lieu à une baisse de 9.000€ par an sur le revenu imposable (750€ par mois) s’ils choisissent volontairement de ne pas partir en pension alors que leur carrière le leur permet.
L’autre dispositif est un mécanisme de retraite progressive : en accord avec son employeur, un salarié qui a le droit à une retraite anticipée pourra réduire son temps de travail (d’au moins 25%) et toucher une indemnisation partielle de retraite en compensation du salaire perdu.