
L’Association des médecins et médecins-dentistes est certes la seule association habilitée à négocier de nouvelles conventions avec la Caisse nationale de santé, mais elle emmène un représentant des médecins hospitaliers, en tant qu’observateur, aux discussions avec la CNS, a annoncé le président de l’AMMD mercredi soir lors d’une conférence de presse après l’assemblée générale, à laquelle assistait également la présidente des MSH, les Médecins du secteur hospitalier. Il semble qu’un “front commun des médecins” se dessine.
Les médecins ont plaisanté en disant que c’était tendance actuellement. La présidente des Médecins du secteur hospitalier s’est dit reconnaissante qu’un de ses représentants puisse assister aux discussions, et le secrétaire général de l’AMMD, Sébastien Diederich, a déclaré que la collaboration va au-delà de ces échanges:
“Nous travaillons avec leur comité pour rester en discussion tout au long du processus. Exactement comme avec tous les autres cercles que nous contactons, afin qu’ils puissent apporter leurs propositions et que nous ayons une vision globale pour pouvoir dire : ‘Voici les revendications des médecins au Luxembourg’. Voilà ce que tout le monde souhaite, et c’est ce que nous voudrions mettre en œuvre.”
Les médecins ont également souligné qu’il ne suffit pas de négocier une nouvelle convention avec la Caisse nationale de santé, mais qu’il faut aussi engager des discussions avec le Premier ministre Luc Frieden et la ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, Martine Deprez.
Lors de l’assemblée générale, plusieurs motions ont été adoptées, dont une dans laquelle les médecins s’opposent à toute révision à la baisse de leurs tarifs, comme cela avait été le cas il y a 15 ans. Le président de l’AMMD, Chris Roller :
“En 2010, nos tarifs avaient été réduits de 4,35 % pendant la crise financière, et ensuite il n’y a eu aucune revalorisation pendant six ans. Cela signifie que cela s’accumule et qu’il arrive un moment où il n’est plus possible de compenser. C’est comme pour les salariés : si on vous dit que votre salaire est réduit de 10 %, vous devez vivre avec. C’est pourquoi nous voulons instaurer un garde-fou.”
En ce qui concerne l’aspect financier, Monique Reiff, la présidente des Médecins du secteur hospitalier, a déclaré qu’il faut réfléchir à la manière de gérer l’argent plus efficacement, lorsqu’on dispose d’un gâteau qui ne grossit pas beaucoup, tout en devant offrir une médecine moderne.
“Il faudrait collaborer plus efficacement. La digitalisation est toujours un sujet majeur et maintenant s’ajoute la question de l’éducation, car nous voulons aussi former des médecins. Comment allons-nous nous organiser ? Faut-il vraiment que tout soit fait dans chaque hôpital ou devons-nous nous regrouper à un niveau où nous n’aurions jamais imaginé pouvoir fonctionner ensemble ? De nouvelles idées vont-elles émerger ? Je vois là une opportunité de discuter avec tous les acteurs et peut-être de faire tomber des barrières que nous avons toujours connues, et de voir comment faire autrement.”
Pour le premier vice-président de l’AMMD, Carlo Ahlborn, la prévention doit également jouer un rôle nettement plus important. De manière globale, il plaide pour motiver les jeunes au Luxembourg à vouloir devenir médecin :
“La médecine, nous savons ce que nous avons, et si nous laissons cela disparaître à chaque génération, c’est une erreur. Autrefois, nous avions toujours des familles traditionnelles qui comptaient des médecins, où le savoir-faire et les connaissances étaient transmis. C’est une valeur inestimable, et nous sommes en train de la perdre ici. Ce n’est pas normal.”
L’attractivité de la profession doit donc être renforcée. Dans ce contexte, Carlo Ahlborn indique que 40 % des jeunes qui étudient la médecine ne souhaitent plus revenir au Luxembourg après leurs études.
Jeudi après-midi, l’AMMD a un nouveau rendez-vous avec les représentants de la Caisse nationale de santé. L’objectif est notamment de fixer un calendrier. Si les deux parties ne parviennent pas à s’entendre, la loi prévoit que la ministre compétente intervienne pour imposer des conventions. Les médecins avertissent déjà que, selon eux, ce serait difficile.