Pas besoin d'élargir les périmètres constructibles des communes. Le Luxembourg dispose déjà d'un potentiel foncier énorme. De quoi construire un toit à plus de 370.000 résidents!

L'accès à un logement reste la première préoccupation des résidents luxembourgeois et même si les prix continuent de chuter en cette mi-2023 -et permettent aujourd'hui aux acheteurs de négocier un bien- accéder à un toit en terre luxembourgeoise reste une chimère pour nombre de résidents.

Tant la pression immobilière reste tendue dans un pays en pleine croissance démographique (+25% d'habitants en dix ans). Les Luxembourgeois sont toujours plus nombreux à quitter leur pays, et pourtant ce n'est pas la place qui manque! Au total, le Luxembourg dispose de 5.720 hectares de réserve foncière. C'est plus que la surface de la capitale puisque Luxembourg-Ville s'étale sur 5.173 hectares.

C'est ce que révèlent clairement ce mercredi les nouvelles données du potentiel foncier compilées par le Département de l'aménagement du territoire (DATer) et le ministère du Logement via Raum+. L'outil qui permet aux communes de voir d'un coup d'œil les surfaces constructibles encore disponibles.
Fait est que "les réserves foncières existantes offrent un énorme potentiel de développement aux communes. Il en découle, d’une part, qu’il n’est pas nécessaire d’élargir les périmètres des PAG actuels et, d’autre part, que beaucoup de surfaces existent pour les activités économiques et artisanales", souligne Claude Turmes, ministre de l'Aménagement du territoire.

Un toit pour plus de 370.000 personnes 

Sur les 5.720 hectares de réserves disponibles, les trois quarts sont destinés à la construction de logements. Les zones d’habitation représentent 3.603 hectares, soit la plus grande superficie des réserves foncières, à laquelle il faut rajouter 743 hectares de zones mixtes qui permettent d'accueillir des habitations, mais aussi des commerces, des activités artisanales ou de loisirs, des équipements publics, etc.

Cette grosse réserve de terrains constructibles a permis aux ministère du Logement et de l'Aménagement du territoire de calculer le nombre potentiel de logements qu'on pourrait y construire à l'avenir. ceci en tenant compte des densités de logement autorisées aujourd'hui par les plans d'aménagement généraux (PAG).

La capacité de logements "varie entre 142.500 et 161.500 unités, ce qui correspond, avec une taille moyenne de ménage de 2,3 personnes, à un parc de logement pouvant accueillir jusqu'à 371.500 personnes", ont calculé les experts de Raum+.

912 hectares, soit 21% des réserves foncières destinées à un usage résidentiel, "pourraient être mobilisées dans les cinq prochaines années". Et 1.000 hectares supplémentaires "seraient disponibles dans un délai de cinq à dix ans". En revanche, 434 hectares (soit 10%) ne pourraient être développés qu'après plus de dix ans.

20% constructibles dès aujourd'hui

La bonne nouvelle est que plus de 85% de toutes les réserves foncières peuvent être mobilisées sans obstacles juridiques ou physiques. Et que près de 20% sont constructibles de suite.

Autre bonne nouvelle, environ un tiers des surfaces, près de 1.900 hectares, "sont déjà artificialisés". De sorte que le développement de ces surfaces "n'entraîne pas de consommation supplémentaire de sol".

C'est par exemple le cas pour la construction prévue de plus de 1.500 logements dans le futur quartier "NeiSchmelz" sur l'ancienne friche industrielle de l'Arbed à Dudelange ou du nouveau quartier "Faïencerie" sur le site de l'ancienne usine Villeroy & Boch à Luxembourg-Rollingergrund.

L'étude montre que l'Agglo Centre, c'est-à-dire la Ville de Luxembourg et les communes avoisinantes comme Strassen, Mamer, Bertrange, Hesperange, Niederanven, Walferdange, Sandweiler, Steinsel, etc. possède la plus grande part de la capacité de logements.

Les trois agglomérations de l’Agglo-Centre, de la Région Sud et de la Nordstad détiennent ensemble 42% de la surfaces des réserves et 58% de la capacité de logement.

Priorité aux "dents creuses"

Les réserves de logements varient beaucoup d'une commune à l'autre et nécessitent des mesures pour les mobiliser. Comme la mobilisation des "dents creuses" (les fameuses "Baulücken"), "qui représentent la plus haute valeur en termes de nombre de réserves".

Les autres mesures à prendre sont le renouvellement des bâtiments existants, la lutte contre les logements vacants, la diversification de l'offre de logements, la coopération intercommunale, la revitalisation des centres-villes, etc.

Les propriétaires publics que sont l'État et les communes possèdent "une part relativement faible des réserves foncières", la grande partie étant entre les mains de privés. Mais l'"intérêt des propriétaires pour le développement ou la vente varie: environ 39% des propriétaires sont intéressés pour vendre ou développer, tandis que 43% ne le sont pas", précise l'étude.

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