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Les détails de la réforme des retraites ont été présentés en commission. Des ajustements vont être apportés au système de retraite luxembourgeois, notamment l'allongement des carrières. Par exemple, pour profiter d'une retraite anticipée, il faudra travailler un mois de plus à compter de juillet prochain. Et ce n'est que le début!
Le Premier ministre Luc Frieden l'avait déjà annoncé dans son discours sur l'état de la nation en mai. Entretemps, on a appris que l'allongement ne sera pas aussi important qu'initialement prévu. Mercredi matin, la ministre Martine Deprez a fourni des précisions à ce sujet devant la Commission parlementaire de la Santé et de la Sécurité sociale.
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Allongement de la durée réelle de travail
Encore une fois, l'âge légal de départ à la retraite ne sera modifié, il reste fixé à 65 ans. Mais il s'agit de rapprocher l'âge effectif de départ à la retraite de cet âge légal, car une grande majorité des travailleurs prennent leur pension bien avant cet âge. Il y a plusieurs options. Par exemple, la retraite anticipée, que ce soit à 57 ou 60 ans. Dès 60 ans, vous pouvez la percevoir après avoir travaillé au moins 480 mois, l'alternative étant d'avoir recours à d'autres mesures, comme les baby-years, les années d'études ou le rachat d'années. À partir de l'année prochaine, les personnes devront effectivement travailler plus longtemps qu'actuellement. La ministre de la Santé, Martine Deprez, l'a une nouvelle fois démontré par calcul mercredi matin:
"Ce sont seulement ceux qui ont recours à d'autres périodes, qui, à partir de 60 ans devront travailler un mois de plus pour 2026, pour 2027, deux mois, pour 2028, quatre mois et ainsi de suite jusqu'en 2030. Quelqu'un qui prendra sa pension en 2030 à 60 ans et avec 480 mois de cotisation, dans lesquels il y a d'autres périodes que les périodes travaillées, devra continuer à travailler jusqu'à 8 mois de plus."
Il a également été précisé que la période de travail supplémentaired'un mois ne s'appliquera qu'à partir du 1er juillet de l'année prochaine, car la pension peut-être demandée jusqu'à six mois à l'avance et de cette façon, personne n'aura de mauvaise surprise.
Pour le reste, tous les changements annoncés s'appliqueront à partir du 1er janvier 2026, ce qui signifie que la Chambre des députés a à peine deux mois pour adopter les modifications légales et que le Conseil d'État devra également un peu se hâter pour rendre son avis.
Plus de flexibilité pour la pension progressive
Les autres options de départ anticipé à la retraite, comme la retraite progressive, seront gérées avec plus de flexibilité qu'auparavant, en s'orientant vers la préretraite progressive. La ministre s'est également montrée plutôt concrète à ce sujet. Si l'employeur signe un avenant avec son employé, celui-ci pourra décider de la manière dont il travaillera. Ainsi, il est possible de prévoir qu'une personne travaille pour moitié et prenne sa retraite pour moitié. Mais l'employé a également d'autres options. Par exemple, il peut dire : "Je souhaite prendre ma retraite pour un quart et continuer à travailler pour trois quarts, ou l'inverse."
Bien sûr, dans ce modèle, l'accord de l'employeur est essentiel. De plus, vous devrez avoir travaillé au moins à 75% au cours des trois années précédant l'ouverture des droits à la retraite progressive. Dans la fonction publique, vous devrez désormais avoir travaillé à 100% au cours des trois dernières années. Ce n'est peut-être qu'un détail mais il n'est pas négligeable: contrairement à avant, vous ne prendrez pas votre retraite tout en continuant à travailler, mais vous resterez dans le cadre de votre contrat de travail. Cela signifie que la pension versée n'est pas une pension à proprement parler, mais une indemnité pour la période d'inactivité. Cela signifie également que les dispositions anti-cumuls qui régissent le montant des revenus que vous pouvez percevoir en plus de votre retraite ne s'appliquent pas dans ce cas.
Les années d'études sont toujours prises en compte
Des changements ont également été apportés au niveau des années d'études, et le mot clé ici est "flexibilité". Jusqu'à présent, seules les années d'études effectuées entre 18 et 27 ans étaient prises en compte. À l’avenir, les années d’études correspondront au temps passé à étudier à partir de l’âge de 18 ans jusqu’à un maximum de neuf années. Cela signifie que si, par exemple, vous obtenez un bachelor immédiatement après le lycée, mais que vous faites un master seulement à 28 ans, ces années seront également reconnues ultérieurement.
Avec ces mesures, le système de retraite serait sécurisé jusqu'en 2042
Il a été intéressant de constater que la marge de manoeuvre que les mesures prévues apporteront au système de retraite ne semble pas clairement définie. La ministre a déclaré que le système serait sécurisé jusqu'en 2042, soit quatre ans. Le haut fonctionnaire du ministère présent a pour sa part parlé de deux ans grâce aux cotisations et d'un an grâce aux autres mesures. Et même si l'on n'est pas un fétichiste des chiffres, on sait que deux plus un ne font pas quatre, mais trois. Dans l'ensemble, les modifications apportées au système des retraites ont été discutées dans le calme, l'opposition se contentant presque uniquement de questions de compréhension.
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