Durée de cotisation, allocation de fin d'année...Les patrons dévoilent leurs idées pour la réforme des retraites

Pierre Jans
"Les négociations entre partenaires sociaux ne se sont pas déroulées comme nous l'avions imaginé", a déclaré vendredi sur RTL Michel Reckinger, le président de l'Union des entreprises luxembourgeoises.
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Le président de l’UEL est revenu sur les négociations entre partenaires sociaux de ces deux dernières semaines et n’a pas caché sa déception. “Il y avait beaucoup de blocage d’un côté”. Michel Reckinger entend par là, côté des syndicats, allant jusqu’à parler de “prise d’otage”.

Relancer le moteur de la croissance

Selon le représentant des employeurs, ce n’est pas le moment de bloquer la modernisation du droit du travail. Elle est essentielle pour relancer l’économie: “Le pays est en récession depuis des années et de moins en moins d’emplois sont créés”, selon Michel Reckinger.

En 2024, l’emploi n’a progressé que de 1%, et seulement de 0,3% dans le secteur privé. Au Luxembourg, une progression de 3% de l’emploi était auparavant normale. Ces emplois nouveaux sont aussi “nécessaires pour financer les retraites”, par exemple.

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Le moteur de la croissance cale”, déplore Michel Reckinger, c’est pourquoi nous avons besoin de plus d’heures productives” que ces dernières années: “si l’on exclut le secteur financier, le Luxembourg se situe au dernier rang européen en termes d’heures productives. Les entreprises ne gagnent plus d’argent”, prévient le président de l’UEL.

Une “plus grande flexibilité” dans le droit du travail est nécessaire, selon Michel Reckinger qui rappelle que l’UEL demandait l’introduction d’un “accord en entreprise”, qui aurait permis, par exemple, de parvenir à une combinaison de télétravail et de travail au bureau dans une entreprise, par un accord entre direction et salariés. “C’est une aberration, qu’aujourd’hui, on ne puisse pas s’entendre avec ses salariés”, s’indigne le président de l’UEL.

Dans le dossier “retraites”, l’UEL ose s’attaquer aux dépenses

Une réforme ambitieuse, à laquelle chacun contribue, est nécessaire

Concernant la réforme des retraites, l’UEL a également des idées différentes des syndicats. “Une réforme ambitieuse, à laquelle chacun contribue, est nécessaire”. Entendez par là le patronat, les syndicats et l’État, mais aussi les fonctionnaires et les retraités actuels, selon Michel Reckinger, qui souhaite une solution large, équilibrée”, qui ne porte pas seulement sur une hausse des recettes, c’est-à-dire des cotisations.

Et pour pérenniser le système des retraites, l’UEL ne pense pas seulement aux recettes, mais aussi aux dépenses. L’association patronale ne veut pas baisser les pensions. Mais Michel Reckinger considère le réajustement et l’allocation de fin d’année comme des suppléments, dont les bénéficiaires d’une pension élevée pourraient se passer. Ils pourraient être échelonnés socialement, propose l’UEL.

Cotisations : “fixons la durée à 43 ans”

Une autre suggestion concerne l’allongement de la durée de cotisation. L’UEL propose également que les salariés travaillent volontairement plus longtemps, mais ce volontariat est construit différemment, explique Michel Reckinger: Fixons la durée à 43 ans. Si vous souhaitez prendre votre retraite à 40 ans, vous pouvez le faire volontairement. Mais vous aurez alors une décote, ce qui signifie une réduction de votre pension. À 43 ans, vous percevrez une pension complète, à 40 ans, une pension moindre. La mesure peut aussi être échelonnée socialement. La décote est la plus faible pour les petites retraites.”

Il était important pour Michel Reckinger de souligner à la fin de l’interview qu’avec ces propositions, il avait désormais vraiment ouvert les discussions. Premièrement, il n’est pas satisfait des résultats des deux réunions de négociations. Deuxièmement, il affirme que les informations recueillies et publiées par RTL sur les négociations entre les partenaires sociaux concernent les propositions des syndicats. C’est pourquoi il a également révélé celles des représentants du patronat à la radio. Dans six semaines, le 3 septembre, les négociations reprendront.

Des discussions “insignifiantes” sur le travail dominical

Le président de l’UEL est également déçu que le gouvernement ait fait marche arrière sur les horaires d’ouverture et le travail dominical. Les deux projets de loi initiaux étaient beaucoup plus ambitieux et répondaient davantage aux attentes du patronat que ce qui est désormais débattu, regrette Michel Reckinger, sans fournir plus de détails. En tout cas, cela n’a que peu à voir avec les conventions collectives. “Des horaires d’ouverture plus longs font partie du quotidien aujourd’hui, réglementés par des dérogations”, indique le président de l’UEL, qui espérait une simplification administrative.

En ce qui concerne le travail dominical, selon les sources de RTL, les discussions portent maintenant sur la possibilité de travailler plus de quatre heures le dimanche si c’est réglementé par un accord interprofessionnel.

La proposition prévoit toutefois que les petites entreprises ne doivent pas passer par un accord interprofessionnel. Mais gouvernement et partenaires sociaux ne sont pas encore d’accord sur ce qu’il faut entendre par “petite entreprise”. Selon les informations de RTL, le gouvernement a évoqué moins de 15 salariés, parce que pour des entreprises de cette taille, une délégation du personnel n’est pas nécessaire non plus, ce que les syndicats auraient accepté. Mais les représentants du patronat ne seraient pas d’accord. Ils préfèreraient porter la limite à 49 salariés. La question de savoir sur quel chiffre les parties vont se retrouver serait “insignifiante”, selon le président de l’UEL.

Travailler 8 heures le dimanche serait bénéfique pour l’employé, explique Michel Reckinger, car il n’aurait à se déplacer qu’un seul dimanche pour 8 heures, au lieu de deux dimanches pour seulement 4 heures.

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