Les dangers des écrans pour les tout-petits"Le mieux est de ne donner aucun écran à un enfant jusqu’à l'âge de 6 ans"

Céline Eischen
traduit pour RTL Infos
Le docteur Anne-Lise Ducanda, pédiatre spécialisée dans le développement des enfants, était présente ce mercredi à Luxembourg pour lancer un message d'alerte : les écrans rendent addict et retardent le développement des enfants!
© Céline Eischen

En Australie, une nouvelle loi est entrée en vigueur interdisant l’utilisation des réseaux sociaux par les enfants et les jeunes de moins de 16 ans. C’est une loi qui provoque beaucoup de débats. D’un côté, les réseaux sociaux permettent aux jeunes de rester plus facilement en contact et de communiquer entre eux. De l’autre, Instagram et consorts ont des effets négatifs sur le développement des enfants. C’est également l’avis du docteur Anne-Lise Ducanda, pédiatre spécialisée dans le développement des enfants. Elle était présente mercredi à Luxembourg pour donner une conférence, à l’invitation du Centre national de prévention des addictions.

Quand je lâche un objet, il tombe par terre. Quand je pousse une balle, elle roule : pour la plupart des gens, cela ne semble pas surprenant. Mais les enfants doivent d’abord apprendre ces liens de cause à effet. Or, un écran entrave fortement ce développement, selon le docteur Anne-Lise Ducanda:

Les écrans privent les tout-petits de besoins essentiels : interagir de manière qualitative et régulière avec d’autres personnes, notamment avec leurs parents, afin de développer ainsi le langage et la communication. Ensuite, découvrir le monde réel en trois dimensions, avec tout leur corps et tous leurs sens. Ce n’est que sous ces deux conditions qu’un enfant peut se développer correctement. Mais les écrans font obstacle à tout cela”.

Même si le monde d’aujourd’hui est de plus en plus numérisé, les enfants ne doivent pas être confrontés immédiatement à ces technologies : les compétences humaines doivent rester prioritaires, car les compétences numériques peuvent s’apprendre plus tard. La pédiatre conseille également aux familles de tenir les enfants éloignés des écrans aussi longtemps que possible :

“Le mieux est de ne donner aucun écran à un enfant jusqu’à l’âge de six ans, car sinon il s’habitue à un plaisir qui crée une dépendance et le détourne du reste. Si un enfant a le choix entre une tablette, un téléphone et un jouet, il choisira l’écran. Mais l’enfant a besoin de jouer, de courir, de parler et de jouer avec sa famille.”

En moyenne, un foyer possède 10 écrans à la maison. Le docteur Ducanda reconnaît donc qu’il ne s’agit pas d’une tâche facile de tenir les enfants éloignés de ces appareils chaque jour. Elle peut aussi comprendre la crainte que les enfants soient isolés de leurs amis. Mais les écrans apportent plus d’inconvénients que d’avantages ; c’est pourquoi leur usage devrait être limité de manière générale, afin qu’aucun enfant ne soit exclu.

© Shutterstock

Les parents dont les enfants ont été exposés très tôt aux téléphones, tablettes et télévisions ne doivent cependant pas paniquer : il n’est jamais trop tard pour limiter le temps d’écran.

“Il est beaucoup plus difficile de limiter les écrans chez un adolescent que d’empêcher qu’il en ait trop tôt. Mais il n’est jamais trop tard : il faut leur expliquer que, lorsqu’on aime son enfant, on ne fait pas forcément ce qu’il veut, mais ce qui est bon pour lui. Il est important que l’enfant dorme, sorte, fasse du sport, lise et reste connecté à la réalité. C’est pourquoi il faut limiter les écrans.

Dans les écoles aussi, il faudrait abandonner les classes dédiées aux tablettes et ordinateurs portables pour revenir aux livres et aux stylos. Il n’existe en effet aucune étude prouvant que les enfants apprennent mieux par la voie numérique que par la méthode classique.

Le docteur Ducanda a écrit un livre sur ce sujet : dans “Les tout-petits face aux écrans. Comment les protéger”, elle partage ses expériences avec des enfants qui rencontrent de plus en plus de difficultés à cause des écrans et donne des conseils pour mieux les protéger.

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