
“L’accessibilité aux espèces reste (...) à un très haut niveau”, se félicite mercredi la directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF) Maya Atig à la lecture du rapport annuel sur l’accès du public aux espèces, publié le même jour.
La Banque de France, garante de l’accessibilité des espèces et auteure de ces travaux avec le ministère de l’Économie, en tire les mêmes conclusions.
Mais des dizaines de communes ont été désertées l’an dernier par les banques.
Le nombre de distributeurs est passé de 46.249 fin 2022 à 44.123 en fin d’année dernière, une baisse de 4,3%. En cinq ans, plus de 8.500 DAB ont été supprimés en France, soit un sur six.
Parmi les dernières victimes en date, la commune d’Equihen-Plage, dans le Pas-de-Calais, a vu son DAB La Banque postale fermer en juin.
Cette localité touristique s’est tournée vers le convoyeur de fonds Loomis, qui propose aux mairies d’installer et d’opérer des distributeurs. Le retrait d’espèces “est un service à la population dont on ne pouvait pas se passer”, explique à l’AFP le secrétaire de mairie.
“Je trouve ça bien dommage que les banques ne cherchent pas à poursuivre ces activités”, déplore-il. Un tel service a un coût pour la collectivité qui se chiffre en dizaines de milliers d’euros, à l’installation puis chaque année.
Le porte-parole de l’association de consommateurs et de locataires de la CGT Indecosa, Loïc Daguzan, se désole de l’implacable décrue du nombre de distributeurs en France.
“Ce n’est pas sérieux ni responsable à l’égard des populations et des territoires fragiles qui sont les plus gros utilisateurs d’espèces”, souligne-t-il auprès de l’AFP, citant les personnes âgées et celles aux revenus modestes.
La Banque de France argue que 98,8% des Français habitent à moins de quinze minutes en voiture d’un DAB. Encore faut-il en avoir une.
A Luri, en Haute-Corse, le DAB le plus proche était à 25 minutes en voiture avant que la maire, Anne-Laure Santucci, se résigne elle aussi à installer un DAB “non bancaire”.
“Il y un vrai besoin d’espèces” dans son village de 850 habitants au carrefour de plusieurs lieux touristiques très fréquentés l’été, raconte-t-elle à l’AFP.
La baisse du nombre total de points d’accès aux espèces (71.541 en fin d’année dernière, soit -2,3% sur un an) est un peu limitée par l’essor de services complémentaires de distribution d’espèces chez les commerçants.
Mais le service est loin d’être le même. Dans les relais CA du Crédit Agricole par exemple, le retrait ne peut dépasser 100 euros.
Les opérations ne sont accessibles qu’aux clients du réseau auquel ils appartiennent et ne peuvent se faire qu’aux horaires d’ouverture du commerçant en question, et non 24 heures sur 24 comme un DAB classique.
La diminution des points d’accès aux espèces “se cumule avec de façon générale une diminution de l’accès aux services publics dans les milieux ruraux”, souligne Stéphanie Truquin, économiste au sein de l’association de consommateurs Familles rurales.
La baisse du nombre de DAB devrait encore s’accentuer à la faveur du déploiement de Cash Services, le programme de mise en commun de leurs automates par Société Générale, BNP Paribas et Crédit Mutuel Alliance fédérale (qui possède également le CIC).
Ce projet vise notamment à réduire les coûts de fonctionnement pour les banques: frais d’approvisionnement, d’entretien, d’allées et venues des transporteurs de fonds...
L’utilisation des billets et des pièces de monnaie diminue mais restait en 2022 le premier moyen de paiement en France pour les achats en supermarché, au restaurant ou dans les petits commerces, selon des données de la Banque centrale européenne.
La BCE est par ailleurs l’un des meilleurs avocat du cash: il garantit selon elle le respect de la vie privée, assure l’inclusion sociale, aide à suivre les dépenses - un argument de poids en période d’inflation - et constitue un moyen de paiement rapide et sûr.