Les chiffres de la police montrent que les cas de fraude sont en augmentation au Luxembourg. Les criminels trouvent surtout leurs victimes en ligne.

L'initiative Bee Secure agit pour une plus grande sécurité sur Internet. Le service explique non seulement comment éviter de tomber dans le piège des arnaqueurs en ligne, mais soutient également les victimes avec ses conseils, si la fraude s'est déjà produite. RTL a évoqué les fameuses "love scams" ou arnaques sentimentales, avec Igor Loran de Bee Secure.

Avoir le cœur brisé est douloureux. C'est encore plus douloureux lorsque la personne en qui vous aviez placé tous vos espoirs vous fait également chanter ou vous exploite financièrement. Cela peut ruiner la victime non seulement financièrement, mais aussi émotionnellement.

Pas seulement une escroquerie, mais aussi du chantage

Bee Secure distingue trois catégories en matière d'arnaques dans le domaine affectif, comme l'explique Igor Loran: le "grooming", le "NCSII" et la "sextorsion".

Le "grooming" désigne une pratique par laquelle un adulte tente de prendre contact, par exemple via un faux profil, avec une victime souvent mineure et d'instaurer une relation de confiance avec elle sur une période prolongée. L'objectif à long terme de l'auteur est de la persuader de pratiquer des actes de nature sexuelle. Dans des cas extrêmes, cela peut conduire à des agressions sexuelles voire à un viol. Mais l'envoi de photos intimes peut déjà mettre la victime dans une situation dangereuse.

L'acronyme "NCSII" signifie "Non-consenual sharing of intimate images", c'est-à-dire le partage de contenu intime sans le consentement de la personne concernée. Dans certains cas, il s'agit également d'une forme de cyberharcèlement, par exemple lorsque les photos sont diffusées à l'école.

Lorsque des images, des films ou d'autres contenus intimes sont utilisés pour faire chanter la victime, on parle de "sextorsion". Il peut s'agir d'un acte de vengeance de la part d'un ex-partenaire. "Il y a eu des cas, par exemple, où des ex-partenaires tentaient ainsi d'imposer une reprise de relation", explique Igor Loran. Si la victime ne consent pas, l'agresseur menace alors d'envoyer les contenus à son employeur, à ses amis ou à sa famille.

Cependant, cela ne vient pas nécessairement de personnes que l'on connaît, explique l'expert de Bee Secure. Sur les plateformes de rencontres, des victimes, en particulier de jeunes hommes, peuvent également être incitées à partager des images intimes avec des inconnus, ce qui peut conduire à de la "sextorsion".

Les escrocs ne se font pas seulement beaucoup d'argent avec le sexe, avec l'amour aussi

Pour les personnes âgées, c'est avant tout la perspective d'une relation qui les rend vulnérables aux arnaques de type "love scams" ou "romance scams", qui impactent les deux genres dans la même mesure. "Il peut y avoir une peur de la solitude ou le rêve de trouver l'âme sœur. Dans ce cas, on peut déjà faire miroiter des choses à une personne", explique Igor Loran. Cela peut aussi mener à de la sextorsion. Alors que la "sextorsion" se passe souvent relativement rapidement, les "love scams" peuvent durer des mois, voire des années, surtout si la victime est aisée.

Dans les "love scams", les escrocs simulent une relation romantique avec leurs victimes afin de leur soutirer de l'argent. Il peut falloir un peu plus de temps aux victimes pour comprendre ce qui leur arrive. "Cela peut être très insistant", révèle l'expert de Bee Secure. "Celui qui est amoureux, a tendance à vivre un peu dans l'illusion." À travers des lunettes roses, on ne voit que la relation potentielle, mais pas forcément les avertissements des amis et de la famille.

Les excuses avancées pour justifier qu'une rencontre dans la vraie vie n'est pas (encore) possible sont acceptées, tandis que d'importantes sommes d'argent sont souvent déjà virées pour payer, par exemple, un prétendu vol ou une urgence médicale. "Les victimes tentent de s'accrocher à l'espoir. Elles pensent être si proches de l'amour, mais la réalité est que ce n'est pas réel", selon l'expert de Bee Secure. Il y a eu des cas où la police et les banques étaient déjà intervenues, mais la victime ne voulait pas croire que la personne qu'elle avait choisie, pouvait la tromper.

"Il se peut que la victime se rende compte après 15 secondes que quelque chose ne va pas, mais il se peut aussi que cela dure six mois et que la victime en ressorte le compte vide et le cœur brisé", assure l'expert. À ce moment-là, il est important que la victime ait un entourage qui la soutienne, notamment émotionnellement, dans cette situation de détresse.

Selon Igor Loran, il arrive malheureusement souvent que ceux qui tirent les ficelles de telles escroqueries ne soient pas arrêtés. Néanmoins, grâce à la coopération internationale des autorités, il arrive que des auteurs soient arrêtés et des centres d’appels fermés, par exemple en Europe de l’Est, sur le continent africain ou même dans la région Pacifique.

"Les virements IBAN sont en fait liés à un nom, ce qui signifie qu'il est possible d'arriver à comprendre où l'argent a disparu. L'argent peut être retracé. La question est de savoir s'il le sera", conclut Igor Loran de Bee Secure.

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