Après concertation ce lundi matin, les syndicats OGBL et LCGB ont décidé d'accepter l'invitation du Premier ministre Luc Frieden à une table ronde sociale le 9 juillet.

Le front syndical est donc prêt à s'asseoir à une table avec le gouvernement et le patronat, comme l'avaient déjà indiqué les présidents des deux syndicats lundi matin sur RTL. Ils l'ont confirmé dans un courrier adressé au Premier ministre, Luc Frieden.

Leur présence est toutefois liée à des conditions, notamment une adaptation de l'ordre du jour. Quatre sujets devront être abordés, selon l'OGBL et le LCGB: les conventions collectives, le travail dominical, le salaire minimum et la réforme des pensions.

Le front syndical veut aussi plusieurs engagements écrits, notamment sur le fait qu'il appartiendra toujours aux syndicats de négocier et signer des conventions collectives. Concernant les horaires d'ouverture des commerces, le projet de loi prévu devra être modifié pour maintenir les horaires actuels et une extension sera uniquement possible via des accords interprofessionnels ou des conventions collectives. Enfin, sur la question des retraites, les syndicats demandent "une négociation à trois".

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Les trois partenaires sociaux devraient aussi se remettre d'accord sur un modèle tripartite. Si la réunion du 9 juillet est un échec, les syndicats sont prêts à aller jusqu'au bout, ont prévenu les dirigeants syndicaux lundi matin sur RTL. Ce que cela signifie précisément, ils le feront savoir en temps voulu.

Quant aux représentants des employeurs interrogés par RTL, ils indiquent espérer des discussions constructives avec les syndicats.

Avant la décision, il y a eu concertation 

Luc Frieden avait déclaré samedi sur RTL télé avoir appelé les présidents des syndicats après la manifestation. "Je leur ai dit que le message était bien passé et que nous étions prêts à écouter leurs alternatives, dans le cadre d'un dialogue social apaisé et constructif". D'après le Premier ministre, "le gouvernement est prêt à discuter de tous les modèles proposés afin de garantir plus tard une pension pour tous les citoyens." Le Premier ministre n'a pas voulu admettre avoir commis des erreurs.

Interrogée par RTL, la présidente de l'OGBL, Nora Back, souligne que les syndicats souhaite le dialogue social, mais pour cela, il faut mettre sur la table les sujets que constituent les conventions collectives, les retraites et le travail dominical. 
 
Il ne s'agit pas de s'en tenir au statu quo, mais de parvenir à "des améliorations pour tous", ce qui favoriserait la prospérité du pays. Une "ultra-flexibilité" des horaires d'ouverture des commerces serait une mauvaise solution.

Pour la présidente de l'OGBL, le Premier ministre a minimisé la manifestation en la comparant aux manifestations à l'époque du Covid-19. Samedi, 25.000 personnes sont descendues dans la rue. La police estime toutefois qu'elles étaient entre 12.000 et 14.000. Nora Back s'interroge sur la comparaison avec les manifestations liées au Covid: "Samedi, nous avons eu la plus grande manifestation au Luxembourg depuis 20 ans, et quelques heures plus tard, le Premier ministre a déclaré: "Il y a toujours eu des manifestations" et il l'a comparée à la période du Covid. Lorsqu'il affirme en même temps vouloir discuter avec nous sur un pied d'égalité et que nous n'étions que 25.000 personnes présentes, lorsqu'il répète à plusieurs reprises, en réponse à des demandes, que le gouvernement n'a commis aucune erreur, tout cela est pour nous le signe qu'il n'a pas encore bien compris le message".

Patrick Dury, président du LCGB, souligne que si le front syndical se rend à cette réunion le 9 juillet, il ne devra pas y avoir à nouveau des déclarations précipitées dans la communication du gouvernement. "Le Premier ministre doit savoir que c'est sa dernière chance de mettre fin an conflit social. Le bilan que nous faisons de ce gouvernement est que, d'un côté, la paix sociale, la cohésion sociale au Luxembourg a été quasiment détruite. La relation avec le patronat est exécrable, ce n'est plus une relation, il reste donc beaucoup à faire pour véritablement la rétablir."
 
Selon le président du LCGB, il faudra discuter des propositions des syndicats dans le dossier des retraites, ainsi que des conventions collectives, du travail dominical et de la mise en œuvre de la directive européenne sur le salaire minimum. Sur ce point, le ministre du Travail Georges Mischo a envisagé de retirer les salaires des fonctionnaires du calcul du salaire moyen, pour que le salaire minimum soit supérieur à 50% du salaire moyen au Luxembourg et il ne serait dès lors pas nécessaire de l'augmenter pour se conformer à la directive.

Le front syndical revendique aussi un engagement écrit du Premier ministre que les conventions collectives ne seront pas vidées de leur substance. 

Le système de retraite ne peut pas être financé uniquement par des augmentations de cotisations, selon l'UEL

Marc Wagener, directeur de l'UEL, l'Union des entreprises luxembourgeoises, affirme qu'il y a une très bonne collaboration avec les syndicats dans de nombreux dossiers:

Il se montre cependant critique sur les revendications de hausses de cotisations dans le débat sur les retraites: "Penser que nous pourrions sauver le système simplement en augmentant les cotisations et dire ensuite aux jeunes qu’ils ont une perspective sur leur retraite nous semble être un peu court. Nous irons à cette réunion, nous présenterons nos propositions, nous donnerons notre avis sur les propositions qui sont sur la table. Mais nous attendons aussi des syndicats qu'ils proposent des solutions plus durables et constructives que de simplement dire: nous allons augmenter les recettes."
 
Le directeur de l'UEL est sceptique sur le fait que les débats porteront aussi sur les conventions collectives et le travail dominical le 9 juillet, car cela n'a rien à voir avec le dossier des retraites. Il est toutefois clair qu'il s'agit aussi de sujets à discuter.