Le télétravail, la transparence des rémunérations, l’imposition des frontaliers et en particulier des heures supplémentaires des frontaliers allemands, l’indemnisation obligatoire des stagiaires qui restent quatre semaines et bien d’autres sujets ont préoccupé les employeurs de l’industrie luxembourgeoise l’an passé.
L’une des vocations premières de la FEDIL est de conseiller ses 755 membres. Comme le révèle le rapport annuel 2024 présenté ce jeudi par le président de la FEDIL, Georges Rassel, et son directeur, René Winkin, leurs experts ont donné plus de 1.900 conseils personnalisés dont la très grande majorité portaient sur les relations de travail et la recherche de talents. Un sujet perturbe les employeurs luxembourgeois: l’augmentation des absences au travail.
Les chiffres de l’absentéisme “sont d’un quart de points plus haut qu’en 2019”, pose René Winkin, avant de préciser que “le taux d’absentéisme était de 3,9% en 2019 et il est de 4,8% en 2024” au Luxembourg. Pour réduire ce taux, “il faudrait davantage examiner les cas suspects chez les médecins qui délivrent les certificats de maladie” et renforcer les contrôles dans les pays voisins, pense Georges Rassel. Car “nous soupçonnons des abus dans l’absentéisme”.

Des éléments le font en tous cas penser à la FEDIL, comme les lundis, journée de la semaine qui compte le plus grand nombre d’absences ou “un tiers des salariés qui retournent directement au travail quand on leur parle de contrôle médical”, glisse Georges Rassel en se référant à une récente réponse de la ministre de la Santé et de la Sécurité sociale à une question parlementaire. Elle fait directement état des “cas suspects”.
“Notre intérêt, idéalement ensemble avec les partenaires sociaux et la ministre de la Sécurité sociale, est de trouver un “policy mix””, estime René Winkin (traduisez “une combinaison de politiques”). La FEDIL réclame l’instauration d’un jour de carence, c’est-à-dire que le salarié paie de sa poche, une journée d’absence. Mesure que la ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez avait déjà clairement écartée en janvier.
Si l’absentéisme préoccupe particulièrement les employeurs, l’industrie luxembourgeois “ne se porte pas encore trop mal”, reconnaît d’emblée Georges Rassel, président de la FEDIL, mais elle doit faire face a “beaucoup de défis” et ils “deviennent de plus en plus grands”. Celui qui est à la base de toute activité industrielle, c’est le défi énergétique. La FEDIL s’efforce de trouver des pistes, mais “on n’a pas encore vraiment de solution” pour le prix de l’électricité qui “n’est pas encore compétitif pour le Luxembourg”.
lntelligence articielle (IA) est “le” sujet immédiat qui préoccupe le plus les entrepreneurs luxembourgeois. La FEDIL veut commencer par “aider à mieux comprendre le sujet”, via des forums d’échanges qui mettent en relation ceux qui ont de l’avance et ceux qui cherchent toujours des solutions. “On veut que le Luxembourg soit un terrain propice aux développements de l’intelligence artificielle”, résume Georges Rassel. Il souligne toutefois que pour cela “il faut des Data centers, des terrains -nous travaillons sur ce sujet avec les ministères et les communes- et il faut beaucoup d’énergie”. La FEDIL et luxinnovation ont déployé de l’énergie pour remettre les tous premiers “Luxembourg AI Excellence Awards” à l’occasion de Nexus Luxembourg au mois de juin.
Pour des industriels qui vivent surtout de l’exportation de leurs productions et services, les relations économiques internationales sont cruciales. Les taxes douanières imposées par le président américain Donald Trump, renchérissent les produits luxembourgeois vendus à l’étranger, et si leur niveau reste à la hauteur annoncée avec la Chine (145%) “on risque d’avoir un flux de produits chinois, originellement destinés aux États-Unis, déviés vers l’Europe et ça crée beaucoup d’autres problèmes”, analyse Georges Rassel.
“Le retour à la compétitivité est une priorité absolue, voire une question de survie, pour les entreprises luxembourgeoises et européennes”, a martelé le président de la FEDIL ce jeudi. Pour ce faire il faut avancer sur le prix de l’énergie, renforcer la résilience des chaînes d’approvisionnement, mais aussi l’expertise dans le domaine du commerce international, etc. Des dossiers que la FEDIL suit de près sur le plan politique.
Pour que les intentions du gouvernement Frieden se traduisent en faits pour les entrepreneurs et pour la croissance économique, la FEDIL reste au contact des ministères et des administrations, impliquée dans les dossiers liés à la transition énergétique et la décarbonation de l’industrie et fait valoir ses positions. “Nous devons voir comment en Europe, comment nous pouvons lever les obstacles internes pour devenir plus compétitifs pour vendre nos produits aux États-Unis”, explique Georges Rassel, qui compte bien “rendre le gouvernement attentif sur les incidences des décisions à venir pour nos membres”.
Quatre nouveaux administrateurs ont fait leur entrée au sein du conseil d’administration de la FEDIL ce jeudi: Paul Arend, directeur de DuPont de Nemours Luxembourg, François Mousel, associé-gérant de PwC, Frank Thomé, membre du conseil d’administration de Ceratizit et Marc Wengler, directeur général des CFL.