Les députés luxembourgeois ont entamé ce mercredi leur débat sur la réforme des retraites. Les deux partis de gouvernement ont d'ores et déjà fait un pas en direction du patronat : ne pas augmenter les cotisations et retarder les départs à la retraite.

Travailler un peu plus tard. C'est une des pistes évoquées par les deux partis de gouvernement ce mercredi lors du débat de consultation organisé à la Chambre des députés. Un sujet hautement "sensible" comme l'a résumé Sven Clement, du parti Pirates.

Invités à s'exprimer en premiers, lors d'une longue journée de discussions, le CSV et le DP ont fait savoir qu'ils ne souhaitaient pas toucher à l'âge légal de la pension, fixé à 65 ans au Luxembourg.

En revanche, ils ont évoqué la possibilité de retarder les départs réels à la retraite, qui arrivent bien plus tôt : vers 60 ans en moyenne. En cotisant plus que les 40 années actuellement en vigueur, par exemple. Ou en encourageant à prolonger sa carrière. Aujourd'hui, plusieurs options sont sur la table.

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Autre certitude, à ce stade du débat, les deux partis de la coalition gouvernementale se sont prononcés contre la hausse des cotisations. Ils rejoignent ainsi l'avis du patronat, qui craint une perte de compétitivité et d'attractivité pour les entreprises du Luxembourg. L'opposition est elle aussi contre un recul des 65 ans. "Une hausse des cotisations n'aidera pas dans notre situation. C'est la dernière option" a fait savoir le député Alex Donnersbach, du CSV, soucieux de la pression que cela représenterait sur les employeurs. "Le budget de l'État doit rester à l'équilibre, les dépenses doivent être contrôlées" a poursuivi le député Gérard Schockmel (DP). Sans toutefois se risquer à un chiffrage précis des mesures à prendre.

Garantir le financement du système des retraites, annoncé déficitaire à partir de l'année prochaine, ne devrait pas non plus s'étendre à une réforme englobant la Fonction publique : le CSV, première force politique du pays et du gouvernement, y est clairement opposé : "Il n'y a pas besoin de modifier le système de pension des emplois publics" antérieurs à 1999 (le régime spécial transitoire, ndlr). Bien que demandée lors de la consultation des citoyens, c'est donc principalement une réforme du secteur privé qui semble se dessiner.

Enfin, les périodes complémentaires, aujourd'hui symbolisées par les années d'études et les "baby years" devraient être "maintenues" estiment les libéraux du DP et les chrétiens-sociaux.

Reste la question des trois piliers luxembourgeois, répartis entre la retraite obligatoire (le pilier 1) et les retraites privées complémentaires (les piliers 2 et 3). Le gouvernement a promis de conserver le pilier 1 comme socle des pensions au Luxembourg. Et d'étudier comment accorder une plus grande place aux deux autres. En accordant plus d'abattements fiscaux par exemple. Avec une limite : ces derniers sont plus facilement accessibles aux travailleurs les plus aisés. Un souci à surmonter alors que les deux partis majoritaires plaident pour conserver et bâtir un système "juste" et "durable". Le problème de la pension minimale, jugée trop faible, est bien dans toutes les têtes mais ni le CSV ni le DP ne semblent vouloir agir sur ce point, et suggèrent plutôt des aides sociales plus sélectives.

Quoiqu'il en soit, le CSV semble déterminé à agir : "Choisir la politique du "Après nous le déluge" n'est pas une option" a tonné le député des chrétiens-sociaux.

Que dit l'opposition ?

Le débat s'est poursuivi durant toute la journée de mercredi, avec notamment les prises de parole de l'opposition. Le LSAP a prévenu qu'il ne tolérerait pas d'attaque contre le système de pension, dont il refuse la "privatisation". Les socialistes espèrent maintenant une hausse des recettes pour équilibrer le système.

L'ADR, plus direct, a explicitement demandé à repousser d'une année les départs anticipés et à mettre en place une hausse progressive des cotisations.

Chez les Verts, la députée Djuna Bernard a évoqué sa satisfaction de voir les deux systèmes discutés, tout en proposant de créer un fonds de pension pour le secteur public, à l'image de celui existant pour le secteur privé.

Chez les Pirates, Sven Clement s'est chargé de rappeler que la réforme des retraites n'était "pas facile à mener". Son parti entend protéger les revenus des retraités et propose de trouver de nouveaux financements via des taxes sur certains produits.

Enfin, au sein du parti Déi Lénk, le rapprochement avec la position des syndicats est clairement revendiqué: "Nous sommes sur la ligne des syndicats, avec l'accent mis sur les recettes du système via la suppression du plafond de cotisations et la hausse des cotisations à 9%" a scandé le député Marc Baum.

Deprez : L'âge légal de la retraite reste à 65 ans

"Nous pouvons confirmer qu’en tant que gouvernement, nous ne souhaitons pas relever l’âge de la retraite à 65 ans. L’âge légal restera à 65 ans." C'est ce qu'a déclaré la ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez, à l'issue du débat de consultation sur les retraites à la Chambre.

Elle a également déclaré que rien ne changerait en ce qui concerne les pensions qui sont déjà versées. Pour le reste, la ministre a fait profil bas, ce qui ne permet pas de savoir clairement dans quelle direction irait une éventuelle réforme des retraites. Dans les semaines à venir, leur processus de consultation se poursuivra avec des consultations d’experts.