Le débat sur la réforme des retraites suit son cours au Luxembourg. En parallèle, la Fondation Idea a analysé plusieurs mesures évoquées. Certaines pourraient avoir des conséquences majeures sur le montant des pensions.

L'année 2025 sera certainement décisive pour les retraites. Le gouvernement luxembourgeois consulte depuis plusieurs mois pour mener son débat sur la réforme des retraites.

Vont-elles baisser ? Faudra-t-il travailler plus longtemps ? Les petites retraites seront-elles préservées ? Rien n'est encore tranché, mais les conclusions du gouvernement sont attendues au printemps.

Ce mois de janvier, la Fondation Idea a analysé les effets que 28 des mesures proposées pourraient avoir. Sur leur faisabilité, sur les économies que l'État ferait... Et sur le montant des retraites. C'est ce point qui nous intéresse.

1/ Modifier le caractère "proportionnel" des retraites

Résumé brièvement, les retraites au Luxembourg sont composées d'une part "forfaitaire", commune à tous les travailleurs, et d'une part "proportionnelle", fortement influencée par les salaires perçus au cours d'une carrière.

Si cette part proportionnelle est modifiée pour la rendre moins avantageuse, la Fondation Idea estime que ce changement serait "efficace". La mesure réduirait notamment les pensions les plus élevées, tandis que les retraites les plus faibles seraient moins touchées grâce à un relèvement de la part forfaitaire.

2/ Travailler plus longtemps

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Au-delà de réformes techniques, un épouvantail fait peur aux travailleurs : rallonger leur carrière. Soit en modifiant l'âge légal de la retraite (aujourd'hui 57 ans, 60 ans et 65 ans) ou allonger la durée de cotisation (40 ans actuellement).

Selon la Fondation Idea, inciter un travailleur à poursuivre sa carrière via une "surcote" plus simple que le système actuel rapporterait 1,5% de plus à une pension pour une année de travail en plus. La surcote pouvant dépendre du nombre d'années effectuées en plus ou, même si la mesure semble plus abstraite pour un travailleur, selon l'espérance de vie à 60 ans.

En revanche, ajouter des critères de "pénibilité" semble difficile à mettre en place pour Idea. En effet, à quels métiers les appliquer ? Et que faire en cas de changement de carrière ?

Par contre, créer une "retraite partielle" à cumuler avec un emploi à temps partiel à partir de 57 ans permettrait de limiter le chômage des travailleurs en fin de carrière et de leur offrir une transition "douce" vers la pension.

3/ Cotiser plus qu'actuellement

À ce stade, un salarié cotise chaque mois à hauteur de 8% de son revenu brut. Son employeur verse également 8%. Et l'État verse 8%. Soit 24% en tout.

Augmenter ces cotisations réduirait mécaniquement les salaires et, selon la loi de 2012, mettrait fin à l'allocation de fin d'année (voir point 5). Selon Idea, la mesure serait "impopulaire"car elle ferait peser l'effort sur les travailleurs en épargnant les retraités. Les entreprises n'apprécieraient pas non plus puisque le coût salarial augmenterait.

Augmenter les cotisations de l'État sans toucher celles des travailleurs et de leur employeur est également possible mais, selon Idea, le surcoût pour le Luxembourg serait éventuellement financé par une hausse des impôts.

Dans le rayon des mesures pour cotiser plus, créer une nouvelle cotisation de 1% permettrait de l'appliquer aux travailleurs et aux retraités, ce qui serait considéré comme "plus juste". Et pourrait épargner les bas salaires avec un abattement.

Les 2e et 3e piliers pourraient enfin être renforcés par de nouveaux avantages fiscaux. Ce qui compenserait une éventuelle baisse de la retraite classique, le pilier 1. Logiquement, les travailleurs avec davantage de revenu disponible y auraient recours plus facilement que les "petits salaires".

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4/ Modifier le maximum cotisable pour la retraite

En 2025, un travailleur cotise pour sa retraite jusqu'à cinq fois le salaire social minimum (soit environ 13.000€ par mois). Au-delà, son salaire ne lui sert plus à cotiser et aucun retour n'est donc prévu à la retraite.

Retirer ce plafond assurerait une hausse immédiate des recettes pour l'État et une baisse des gros salaires. Mais, selon Idea, ce retrait se conclurait à long terme par une hausse des retraites les plus élevées (puisque le travailleur a cotisé davantage). Les syndicats proposent de limiter la hausse sur les retraites, ce qui revient à faire cotiser les hauts salaires sans leur donner une meilleure retraite en échange. Idea évoque aussi une cotisation forfaitaire au-delà du maximum

À l'inverse, le patronat propose d'abaisser le plafond de cotisation à 4x le salaire minimum (soit 10.500€ par mois). En échange, les retraites seraient rabotées pour les gros salaires.

5/ Suppression de l'allocation de fin d'année

À l'instar du 13e mois, ou d'une prime de fin d'année, les retraités bénéficient aujourd'hui d'une allocation de fin d'année. Au 1er janvier 2025, elle pouvait atteindre, au maximum, 979€.

Alors que la loi prévoit déjà sa suppression en cas de hausse des cotisations, le patronat a par exemple proposé de la supprimer définitivement. Une économie facile à mettre en place mais qui toucherait tous les retraités, sans distinction de revenus, en leur infligeant une perte sèche de plus de 80€ par mois. Rendre l'allocation de fin d'année dégressive selon le revenu semble être une mesure plus socialement acceptable, selon Idea.

À défaut, Idea mentionne une autre option : fusionner l'allocation de fin d'année à la pension minimum. Ce qui la garantirait dans ce minima social, et la supprimerait (graduellement ou non) au-delà.

6/ Modifier l'adaptation régulière des pensions

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Les retraites bénéficient aujourd'hui de l'index, leur offrant une hausse de 2,5%, en lien avec l'inflation. Elles sont également revues en fonction de l'évolution des salaires réels.

Selon la Fondation Idea, c'est ce deuxième point que le gouvernement pourrait modifier. Tout en maintenant l'effet de l'index, il pourrait limiter l'adaptation aux salaires réels (en fonction du revenu, ou de la même manière pour toutes les pensions). Une mesure qui "permettrait d'associer les pensionnés existants à l'effort" pour garantir le système des retraites. Le montant des retraites serait donc toujours indexé, mais augmenterait moins vite qu'actuellement, et moins vite que les salaires.

Une possibilité de maintenir une adaptation totale pour la pension minimum est également possible, afin de ne pas appauvrir les retraités au seuil minimal.

7/ Supprimer plusieurs périodes complémentaires

Pour protéger le budget de l'État et le système, plusieurs propositions impopulaires ont été émises. Notamment supprimer la prise en compte des années d'études pour la retraite, ce qui serait "très dommageable pour les pensionnés" selon Idea.

Dans le même registre, supprimer les périodes d'éducation des enfants ou les périodes d'invalidité aurait le même effet et serait mal perçue par les travailleurs.

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